- Ligue 1
- 34e journée
- Lille/PSG (2-1)
Lille enterre le PSG
Alors que le PSG menait tranquillement en terre lilloise, un penalty bêtement concédé par Mamadou Sakho a relancé le LOSC et tout le championnat. Victorieux des Franciliens, les Lillois peuvent voir plus grand. Très grand, même. Paris, lui, peut flipper.
Lille – PSG : 2-1
Buts: Hazard et Roux pour Lille. Pastore pour Paris.
Jimmy Algerino a 41 ans. Ce soir, il a regardé le match sur son canapé. Un verre de vin blanc à la main et les yeux humides. Il y a près de quinze piges (le 30 avril exactement), l’ancien latéral droit claquait son seul but de la saison contre Lille. Un caramel de la tête qui donnait au PSG une précieuse victoire dans le Nord. C’est la dernière victoire des Franciliens contre les Dogues. Une éternité. A cette époque, Leonardo jouait au PSG. Ce soir, le Brésilien était une nouvelle fois dans le Nord. Mais en tribunes; avec les stars du soir (Rafel Benitez, Patrick Vieira, Martin Ferguson etc.). Pour croire encore à l’Hexagoal, le PSG d’Ancelotti devait s’inspirer des exploits de la bande à Jimmy. Sauf que les Dogues du soir, outre leur statut de bête noire du PSG, avaient surtout envie de consolider leur troisième place et, pourquoi pas, se rapprocher des ouailles de Momo Sissoko en cas de victoire. D’ailleurs, les deux coaches envoyaient du lourd avec le 4-3-3 habituel chez les champions de France et le 4-3-2-1 d’Ancelotti (Gameiro jouant en pointe suite au forfait de Menez).
On ne va pas se mentir, le PSG n’aime pas jouer à Lille. Il n’y arrive pas. Et ça se voit. Les Parisiens se sont fait trimballer dès l’entame de la rencontre par d’entreprenants nordistes. Et sans un grand Sirigu, le PSG aurait entamé le premier quart d’heure avec un ou deux buts de retard. Les champions de France chopent les Franciliens à la gorge, très haut. Tactiquement, c’est parfait. Kevin Gameiro ère comme une âme perdue sur le front de l’attaque. Il tente des appels fantômes. Visiblement, ça marche puisqu’il ne reçoit aucun ballon. Javier Pastore, positionné en neuf et demi, ne sert à rien. L’Argentin ralentit le jeu et perd énormément de balles. Ce n’est même plus triste tant c’est prévisible. Jusqu’à sa reprise sur la barre transversale venue de nulle part. Même inutile, l’Argentin est capable d’éclairs de génie. Un génie qui en appelle un autre, celui d’Eden Hazard, qui profite d’une relance plein axe de la défense parisienne pour fracasser le montant de Sirigu d’une quiche du droit. Boum. Le combat des deux meneurs de jeu fait passer au second plan la guerre de titans dans la raquette parisienne entre Tulio « Dennis Rodman » De Melo et Milan « Gheorghe Muresan » Bisevac. Des deux, on sait qui est le meilleur rebondeur. Les situations chaudes sont nombreuses, mais le dernier geste laisse à désirer. Des deux côtés.
Javier Pastore en mode footing
Comme souvent avec les génies, ils s’éparpillent. Entre deux footings, Pastore balance un coup de casque pour claquer son onzième but en Ligue 1. Un but venu du côté droit après une belle montée de Christophe Jallet sur une contre-attaque avant de combiner avec Kevin Gameiro. Ce dernier centre très fort devant le but et oblige Landreau à sortir dans ses six mètres. La balle revient sur Pastore qui tente une tête lobée du point de penalty. Une tête chercheuse qui lobe Debuchy, calé sur sa ligne, et termine sa course dans les ficelles. Décidément, ce joueur est unique. Nonchalant pendant 99% du match, l’Argentin sait se transformer en clutch player quand il faut (pour étayer la chose, Pastore est le seul joueur de Ligue a avoir claqué un pion à Lille ET à Montpellier). Même Kevin Gameiro fait un bon match. L’ancien Lorientais est à deux doigts – ceux de Landreau en l’occurrence – de doubler le score. Paris doit faire le break pour ne pas revivre le scénario d’Auxerre. Les occasions de claquer le but du KO sont trop nombreuses. C’est criant. Ce manque d’efficacité est flagrant d’une équipe qui ne contrôle pas entièrement son match. Et comme souvent, l’égalisation est ridicule. Pris à défaut sur une longue ouverture plutôt banale, Mamadou Sakho accroche Nolan Roux dans la surface, prend un rouge et s’enfonce un peu plus dans sa depression.
Sans forcer son talent, Hazard trouve le petit filet de Sirigu et remet le LOSC dans le bon chemin. Un chemin que Nolan Roux, hors-jeu au début de l’action, valide en crucifiant Sirigu à bout portant de la tête après un amour de centre d’Eden Hazard en coup du foulard remisé par De Melo. Paris est KO. Debout. Hazard a fait de la défense parisienne son esclave. Sans forcer. Ce PSG-là ne mérite pas grand-chose. C’est un fait. Même une seconde place serait presque miraculeuse compte tenu de la fin de saison francilienne. Encore une fois, le PSG a perdu un match qu’il semblait contrôler. Encore une fois, le coaching de Carlo Ancelotti, surtout à 1-0, est incompréhensible. Au delà de la perte, probable, de l’objectif titre, le PSG a perdu beaucoup plus. Mamadou Sakho va devoir revenir. Mentalement. Ce soir, il n’a pas réussi son entrée. Ensuite, Carlo Ancelotti devrait accepter l’inévitable : il n’a pas réussi à faire du PSG, leader et champion d’automne, une équipe capable de gagner quelque chose. Et ça, c’est dramatique. A l’inverse, Lille a peut-être tout relancé. Notamment pour son cas personnel. Les Lillois, qui doivent encore jouer Montpellier, peuvent encore croire au back-to-back. Ils peuvent également coiffer le PSG pour la seconde place. Comme quoi, rien n’est fait. Sauf peut-être au PSG où le moral est en berne…
Par Mathieu Faure