« J’ai encore la vision de ma jambe qui reste droite »
Paul-Edouard Lefebvre est un joueur au CV pas comme les autres : défenseur central, gardien de but et joueur de footgolf. Parce que ne rien faire comme les autres est un peu sa marque de fabrique, PE a représenté la France à la Coupe du monde de footgolf 2016 en Argentine... avec une rupture des ligaments croisés !
« C’était le joueur qui touchait le plus de ballons. » C’est parce qu’il s’est fait cette réflexion lors d’un de ses premiers entraînements à 7-8 ans que Paul-Edouard a commencé en tant que gardien de but. Il a joué à ce poste jusqu’en National 2 (CFA pour les anciens). Mais à 28 ans, il décide de devenir défenseur central : « je venais de quitter mon club de l’Olympique Saint-Quentin quand un ami, qui était coach à Villeneuve Saint-Germain, m’a proposé de le rejoindre. J’ai accepté, mais j’avais une condition : jouer en défense centrale ! Je voulais connaître autre chose et comme le niveau était un peu plus bas, je pensais pouvoir le faire. Après quatre matchs en D1, j’ai été appelé par l’équipe qui évoluait en R2, donc ça s’est pas trop mal passé... » En parallèle, il pratique le footgolf, sport qu’il a découvert en 2014 grâce à une affiche publicitaire. « On s’est inscrit à un tournoi avec mon cousin, je suis arrivé 4e, et le tournoi a été remporté par... Sylvain Wiltord ! » En 2015, il est sélectionné pour jouer la Coupe du monde en Argentine qui se déroulera un an plus tard, et ainsi représenter la France.
Très bonne nouvelle a priori, sauf qu’à deux mois du grand départ, lors d’un match avec Villeneuve Saint-Germain, sur un retour défensif à la suite d’un corner, il se fait les croisés. « Au départ, je pensais que c’était une entorse, commente Paul-Edouard. Sur un changement d’appuis, je sens que ma jambe droite ne tourne pas avec le reste de mon corps. Enfin, la partie du genou jusqu’au pied. Il y a eu un craquement assez fort, l’attaquant m’a confirmé que même de là où il était, il avait entendu un "crac", comme un élastique qui craque. J’ai encore la vision de ma jambe qui reste droite, alors que le reste de mon corps tourne. »

Après une première consultation « très rapide » aux urgences au cours de laquelle un médecin diagnostique une simple entorse, Paul-Edouard demande un second avis. Le médecin pratique le « test du tiroir » . « Ta jambe est un peu fléchie, et le médecin positionne ses mains de part et d’autre, sous le mollet, explique le principal intéressé. Il tire sur ta jambe, si elle revient à sa place, c’est que le ligament fait bien son travail. » Le couperet tombe : rupture du ligament antérieur droit du genou droit. Il croit alors que ses chances de participer à la Coupe du monde viennent de s’envoler, sauf que le médecin lui propose une alternative. Dans la mesure où la jambe blessée n'est pas celle sur laquelle il s'appuie au moment de frapper le ballon, le doc lui « propose d'attendre avant d’opérer et de jouer avec une attelle spéciale au genou droit » .
Après deux mois rythmés par les séances de kiné quotidiennes, pour notamment renforcer ses ischios, Paul-Edouard participe finalement à la Coupe du monde. Il finit 12e sur 300 au premier tour (le footgolf se joue en trois tours sur trois parcours différents). Mais lors du deuxième parcours « sur un plat du pied sur lequel je tente d’enrouler fort la balle, j’ouvre trop et ça claque à nouveau. J’ai dû arrêter la compétition » . De retour en France, il se fera opérer deux mois plus tard : « C’est fou, ils viennent prendre un morceau de tendon qui se trouve dans ton quadriceps, à l’arrière de ta cuisse, pour fabriquer un nouveau ligament croisé. » Il pourra finalement rejouer cinq mois après l’intervention. Et pour le moment, « ça tient » .
