Pour la venue de Manchester City mercredi soir, ils étaient donc 15 700 privilégiés, parmi lesquels une poignée d'opportunistes qui ne se déplacent que les jours où il y a des étoiles dans le ciel. Difficile d'attribuer à leurs petites cordes vocales le mérite d'avoir fait trembler les genoux des hommes de Pep Guardiola. Qu'importe, ces gens étaient là et ont rendu Louis-II moins silencieux qu'il ne l'est d'habitude. Loulou passe sa vie à ronfler pour mieux se réveiller lors des grandes soirées européennes – les venues du Real Madrid et de Chelsea lors de l'épopée de 2003/2004 s'en souviennent très bien. Le point commun entre chacune de ces nuits d'ivresse ? Le changement de décor, qui se résume à un tour de magie : la disparition de ces jolis sièges jaunes qui crèvent les yeux les jours de match contre Lorient ou Nancy, et qui sont soudainement et ponctuellement dissimulés par une marée humaine. Roberto Carlos et Luís Figo n'avaient pas pu les admirer en avril 2004. Kun Agüero et David Silva n'ont pas plus eu cet honneur treize ans après. Un stade plein, c'est beau, et Thomas Lemar et ses coéquipiers ont pu le vérifier en s'offrant un tour d'honneur et quelques câlins avec leurs supporters. Mais cette effervescence ne représente pas le quotidien de l'ASM.
Ces sièges jaunes, les Monégasques cohabitent avec depuis toujours. C'est dans ce silence que Danijel Subašić et ses potes ont pris l'habitude de sévir. C'est au cœur de ce paysage qu'ils tournent à 3,46 buts par match (52 en 15 sorties) en L1 cette saison. C'est en petit comité qu'ils prennent plaisir à répéter leurs gammes, sans jamais bégayer au moment de se produire devant une plus grande assistance. Lorsqu'il s'agit de jouer du triangle et chanter du Francis Cabrel le jour de la kermesse de fin d'année, les gosses de l'ASM ne déçoivent jamais les parents venus faire grossir le public par devoir. Les Monégasques savent d'où ils viennent : de là où le silence n'est pas un oubli, mais un carburant. De toute évidence, la teinture de Tiémoué Bakayoko, héroïne de cette qualification, était un hommage à cette couleur qui sait s'effacer les soirs de petite gloire.
Par Matthieu Pécot
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