- Les supporters les plus SO FOOT
Les retraités fans de Schalke
La passion a ses raisons que l'âge ne connaît pas. À Gelsenkirchen, des papys et des mamys ne vivent que pour Schalke. Âgés de 77 à 98 ans, peu importe le temps qui passe, ils soutiennent les Bleu et Blanc.
Ils sont peu à avoir vécu les derniers titres de champion d’Allemagne de Schalke – le tout dernier, c’était en 1958. Parmi eux, un groupe réuni à la maison de repos Johanniter ont choisi de fonder un fan-club, « Wolh auf – Blau und Weiß » , pour célébrer leur amour du club de Gelsenkirchen. C’est à la fois l’un des fan-club les plus récents pour les Knappen, mais surtout « le fan-club le plus vieux d’Allemagne » si on tient compte de la moyenne d’âge de ses membres. Les plus jeunes membres ont dépassé largement les 70 ans, les plus anciens s’approchent doucement du centenaire. À eux tous, à onze, s’égrainent plus de 1000 ans. Pas mal.
L’amour en déambulateur
Toutes ces années forment une belle mémoire vivante des aventures maudites de Null Vier et une réminiscence de l’histoire ouvrière de la région. La plupart évoquent avec nostalgie, mais sans regret ce passé minier et les difficultés d’alors pour accéder au plaisir du stade de Glückauf-Kampfbahn… et donc les entourloupes menées ingénieusement : acheter un billet, passer le contrôle et faire passer le sésame derrière soi pour que les copains entrent à leur tour. De Gelsenkirchen, c’est notamment la fierté locale qui s’exprime. Beate Wieschermann, employée à Johanniter, raconte que « tous sont d’accord sur ce point : en-dehors de Schalke, il n’y a rien. » La fierté est donc devenue amour fidèle. En 2013, les anciens chantaient l’hymne du club après les cours de gym. Désormais, avant chaque match, ce drôle de fan-club chante dans la salle de projection dédiée, avec écharpes sur les épaules ou casquettes éventuelles pour recouvrir les crânes chauves. Car la raison d’être et le motif purement matériel de la fondation du fan-club, en janvier 2014, était notamment de récupérer un abonnement pour la chaîne qui diffuse la Bundesliga.
« Mamie est sur Youtube »
Cette même chaîne de télévision privée a été le moteur de la renommée du groupe de seniors. En 2015, à quelques semaines du Revierderby, un spot promotionnel parfaitement maîtrisé reprend l’histoire de ce petit groupe d’amateurs à l’ancienne. La belle histoire a fait le reste. Le plus vieux des fan-club est devenu l’un des plus connus, choyées autant par la télé locale que par une chaîne brésilienne, passée les rencontrer avant un match de Ligue des champions. Une renommée accueillie avec « plaisir » par les retraités, comme Ursula Lorenz qui jubile. « Quel abattage médiatique autour de nous ! Maintenant, on peut voir mamie sur Youtube. » La Sky a aussi apporté des souvenirs nouveaux : ravalement de façade pour la salle télé, rencontre avec la légende Gerald Asamoah… et le meilleur pour la fin : une petite virée, déambulateur à la main, sur la pelouse de l’Arena Auf Schalke avant un match à domicile contre Hanovre, alors que certains n’avait encore jamais eux l’occasion de voir la nouvelle enceinte du club. Elfriede Duda en a conscience :« Sans eux, nous n’aurions pas vécu tout cela. » Même si le mérite revient surtout à leur fidélité totale et univoque, si touchante. Heinrich Honert, 96 ans au compteur, garde d’ailleurs son cœur bien cramponné : « quand le cœur du foot bat, c’est alors pour S04. »Et certainement pas pour les rivaux honnis d’à côté. D’ailleurs, que feraient-ils si des Dortmunder, supporter du rival du Borussia, reprenaient l’idée ? « Ce serait acceptable. On resterait le premier et le plus vieux des groupes de supporters d’Allemagne ! »
Par Côme Tessier