« Une honte », « une offense à la tradition néerlandaise », ou encore « un héritage jeté par la fenêtre ». Les suiveurs des Pays-Bas ont du mal à se faire à l’idée que Frank de Boer, obnubilé par le 3-5-2 depuis le match nul face à l’Écosse, le 2 juin dernier, continue de bouder le traditionnel 4-3-3. Les supporters néerlandais n’ont d’ailleurs pas hésité à le faire savoir en déployant le message suivant accroché à un avion survolant le centre d’entraînement des Oranje : « Frank, joue en 4-3-3. » Le respect des traditions, tout ça, tout ça. Sauf que le 3-5-2 en place depuis le début du tournoi peut emmener les Pays-Bas très loin. Voilà pourquoi.
Une réussite sous Van Gaal
Avis aux puristes du 4-3-3 : Frank de Boer n’est pas le seul sélectionneur néerlandais à déroger à la règle pour instaurer un système à trois (ou cinq) défenseurs, puisque Louis van Gaal l’avait déjà fait lors du Mondial 2014. Pour quel résultat ? Une troisième place, décrochée au nez et à la barbe du Brésil, avec seulement quatre buts encaissés. Comme Frank de Boer, l’ancien entraîneur de Manchester United avait été vivement critiqué pour avoir mis en place une défense De Vrij-Vlaar-Martins Indi.
« Moi aussi, je pensais que le 4-3-3 était la meilleure façon de former des triangles sur tout le terrain, mais je ne voyais pas les avantages de cet autre système. Aujourd’hui, je pense que le 5-3-2 est le meilleur système. Vous pouvez attaquer, défendre, mettre la pression partout et, si vous jouez bien, prendre moins de risques », s’est défendu Louis van Gaal dans un entretien à
L’Équipe. Si Van Gaal a réussi, pourquoi pas De Boer ?
Les ailiers se comptent sur les doigts d’une main
Jouer en 4-3-3 demande nécessairement un vivier important d’ailiers (au moins quatre). Or, si on scrute d’un peu plus près la liste des 25 (Donny van de Beek a déclaré forfait avant le début de la compétition), il n’y a qu’un seul ailier « de métier » , en la personne de Cody Gakpo. Mais le joueur du PSV (22 ans) dispute sa première compétition internationale, et est encore trop tendre pour prétendre à une place dans le 11. Capable d’évoluer sur un côté, Memphis Depay pourrait évidemment prendre place le long de la ligne. Mais l’ancien Lyonnais a clamé de nombreuses fois sa préférence de jouer dans l’axe, en pointe, ou en soutien d’un autre attaquant, ce qu’il fait parfaitement dans le 3-5-2 en compagnie de Wout Weghorst ou Donyell Malen.
Une défense stabilisée
Jouer à trois (ou cinq) défenseurs, c’est aussi l’occasion d’assurer une certaine stabilité défensive. Rappelons que les Pays-Bas sont privés de Virgil van Dijk, l’un des meilleurs défenseurs du monde. Sans son facteur X, habituellement associé à Matthijs de Ligt en charnière, Frank de Boer préfère mettre Stefan de Vrij et Daley Blind dans les meilleures conditions possibles. S’il n’a plus la caisse pour évoluer piston gauche comme en 2014, l’ancien joueur de MU reste un pilier de la défense des
Oranje, malgré une myocardite qui l’oblige à jouer avec un pacemaker. L’un des meilleurs matchs de l’ère De Boer a d’ailleurs été avec une défense à cinq éléments, face à l’Italie en Ligue des nations (1-1), le 14 octobre dernier. Cette solidité défensive, les Néerlandais vont en avoir besoin lorsque la pente commencera à grimper.
Des pistons open bar
Avec le 3-5-2, l’occasion est belle pour se projeter en nombre vers le but adverse. Il faut pour cela avoir des pistons avec un gros volume de jeu. Et de ce côté-là, les Pays-Bas sont servis avec Denzel Dumfries, Patrick van Aanholt ou Owen Winjdal. Le premier est d’ailleurs
l’une des révélations de la phase de groupes de l’Euro avec deux buts et un penalty provoqué en trois matchs. Le capitaine du PSV ne ménage pas ses efforts et se retrouve régulièrement aux avant-postes. Après les deux premières rencontres, il avait même touché plus de ballons dans la surface adverse que Cristiano Ronaldo (12), Robert Lewandowski (11), Karim Benzema (7) ou encore Harry Kane et Romelu Lukaku (6). Au point d’être le défenseur le plus performant dans la Fantasy League de l’Euro (22 points), juste devant… son compatriote Patrick van Aanholt.
Memphis et Wijnaldum mis dans les meilleures conditions
Le 3-5-2 de Frank de Boer lui permet également de placer ses deux meilleurs joueurs dans des conditions optimales. Positionné derrière les deux attaquants, Georginio Wijnaldum est dans la forme de sa vie, lui qui sort de deux saisons pleines avec Liverpool. S’il évolue un cran plus haut en sélection, le capitaine néerlandais ne perd ni son efficacité, ni son influence dans le jeu. Meilleur buteur des Pays-Bas lors des éliminatoires (huit buts), le néo-Parisien est l’arme offensive numéro un de son équipe lors de cet Euro (trois pions), et affiche une complicité maximale avec son pote Memphis Depay, meilleur passeur des éliminatoires (huit offrandes). Titulaire indiscutable dans une attaque à une ou deux têtes, l’ancien Lyonnais se montre plus à l’aise dans l’axe. En témoigne sa saison exceptionnelle dans le Rhône (20 buts et 12 passes décisives en Ligue 1). S’il entre au ralenti dans cet Euro (deux buts dont un penalty), le néo-Barcelonais est capable d’un coup d’éclat à n’importe quel moment, surtout quand il est dans sa position préférée.
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