- C1
- Real Madrid/Tottenham
Les moulins à vent du Real
Le Real reçoit Tottenham dans une drôle d'ambiance. C'est la première fois que le Real joue un quart de finale depuis 2004. C'est aussi la première fois que les merengues doutent autant. Focus.
« This is football and tomorrow is Sunday » . Le Real vient de dire adieu à un premier titre. C’est l’occasion pour le Mou de s’essayer à l’aphorisme anglophone. Oui après samedi, vient dimanche. Mais après dimanche vient la Champions et là, les mots ne servent plus à grand chose d’autre qu’à faire parler les curieux. A trois jours d’un ¼ de finale décisif, le Real a tout bradé contre Gijon : les 22 victoires consécutives à Bernabeu, les 9 ans d’invincibilité du Spécial Un à domicile et la certitude que le titre part désormais pour la Catalogne. Samedi soir, il n’y avait que Valdano qui n’était pas triste : « cette défaite ne laissera pas de trace » . Car à Madrid, on sait bien qu’avec 8 points d’écart à 8 journées de la fin, la montagne Barça est impossible à remonter. Pire, les seconds couteaux censés faire patienter les socios avant le retour de Ronaldo, Benzema et Marcelo n’ont fait qu’inquiéter. Ce soir, le Real joue sa vie contre Tottenham et Mourinho la crédibilité de son projet. Bienvenue dans le Money Time.
Sauf que Mourinho au Real, c’est l’inspecteur Harry au pays de Don Quichotte. Pour lui un moulin à vent, ça sert à faire de la farine ou peut-être parfois à faire joli. Mais surtout pas à gagner des matchs. Le football est une affaire de réalisme. Rien à voir avec les romans de chevalerie… « Les mathématiques nous disent que c’est encore possible. Mais la sagesse et le pragmatisme nous dit que c’est presque impossible » . Le Real ne règnera pas sur l’Espagne et il va falloir l’accepter. Les rêves de grandeur nationale des madrilènes se sont évaporés contre le Sporting. Du coup le match de ce soir prend une couleur vive. Ok avec José on rigole bien : « il n’y a que Tottenham qui est obligé de gagner. Le Real Madrid a déjà gagné 9 Ligues des Champions, lui » . Mais ce soir c’est la C1, « et ça fait bien longtemps que le Real ne joue plus ce genre de match » . Ici, pas de place pour les tragiques chevaliers et les défaites magnifiques. La pression c’est l’histoire. Et à Madrid comme ailleurs, il n’y a que les vainqueurs qui l’écrivent.
Et si Mourinho s’était planté ?
Malgré 2 Ligues des Champions, 1 coupe de l’UEFA, 2 championnats portugais, 1 coupe du Portugal, 1 supercoupe du Portugal, 2 championnats anglais, 1 cup, 2 coupes de la ligue, 1 Community Shield, 2 championnats d’Italie, 2 coupes d’Italie et 1 une supercoupe d’Italie, le Special One n’est pas parfait. A force de réclamer de l’intensité à son groupe et à fuir le turn-over, le Real arrive exténué au début du Money Time. Jamais les merengues n’ont été aussi incertains avant un grand match. Jamais – même après le 5-0 – le Real n’avait paru aussi affaibli physiquement et moralement. Du coup, les couteaux sont de sortie et les fantômes rôdent autour du banc : Mourinho a-t-il cramé Ronaldo ? Le banc madrilène est-il assez profond ? La défaite de samedi n’est-elle vraiment qu’un accident ? Le match de ce soir donnera la tonalité de la fin de saison merengue. Et là le Sancho Panza portugais, il ne la ramène pas : « je continue à penser que le match nul serait un bon résultat. 1-1 ne serait pas mal non plus même si ça ne veut pas dire que je vais jouer le nul » . Mou-ais.
Pour le reste, les fantassins prennent position pour la première bataille décisive. Le général l’a confirmé lui-même en conf de presse : le Benz n’en sera pas. L’homme-débat ne pourra donc pas alimenter sa stratosphérique stat en Champions cette saison (12 frappes, 6 pions). Ronaldo, lui, forcera sur sa cuisse gauche et Marcelo aura encore un peu mal aux côtes sur son côté gauche, mais jouera bien. Le Real de ce soir devrait donc ressembler à ça : Casillas/Marcelo-Pepe-Carvalho-Ramos/Alonso-Khedira/Ronaldo-Ozil-Di Maria/Adebayor. Contre ce Tottenham-là il va falloir tenir le ballon au milieu, faire briller Ozil et frapper fort à mi-distance. Kaka – joueur de football brésilien du début du XXIème siècle – toujours sous contrat au Real est invisible depuis fin février. Ce soir, il sera assis sur le banc et ce n’est même plus une nouvelle. A Madrid, il n’y a plus de moulin à vent depuis longtemps.
Thibaud Leplat, à Madrid
Par