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«Les mises au vert en Roumanie, on était cinq par chambre»

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«Les mises au vert en Roumanie, on était cinq par chambre»

Steeve Joseph-Reinette, comme la grenouille et la pomme. Formé à l'En Avant Le Graët, ce défenseur, aujourd'hui au Slavia Sofia, serait plutôt bonne poire : au gré des agents qui l'ont (mal) conseillé, il s'est retrouvé dans des bleds improbables. En même temps, ce petit gars tutoie le Duce Di Canio. Et ça, ça brille.

Serie C italienne, Roumanie, Bulgarie… Tu piges au Guide du Routard ?

Tu connais le foot, les agents, on n’est pas toujours maître de son destin. Des types m’ont fait miroiter pas mal de choses. J’attendais des propositions chez moi. Un jour, Didier Ollé-Nicole m’a appelé pour que je le rejoigne à Clermont. Mais des agents m’ont dit : « Qu’est-ce que tu vas foutre en National, attends un peu » … J’ai manqué d’humilité et je me suis retrouvé dans la merde. J’ai eu pas mal de pépins physiques, mon contrat à Guingamp s’est terminé et voilà… J’ai tenté ma chance à Leeds mais le deuxième jour, je me suis blessé au genou. Il a fallu m’opérer. Il m’a manqué de tout, maturité, humilité et je me suis retrouvé sur le carreau.

Au Cisco Roma plutôt…

J’avais entendu parler du club puis Ricardo Faty m’a mis en contact avec ses dirigeants. Là-bas, c’est très professionnel, j’ai connu Paolo Di Canio entraîneur-joueur, je me sentais bien. Je suis bien revenu physiquement grâce à la préparation italienne, c’était l’idéal pour me remettre sur le bon chemin. A mi-saison, Ascoli et Bari, clubs de Serie B, me voulaient. Le club a refusé mais j’avais pas l’intention de m’installer en Troisième Division ! On m’a proposé de prolonger, j’ai refusé. Le directeur sportif me disait : « T’inquiète, quand les clubs viendront, tu t’en iras » . Ben j’ai rien vu venir. Di Canio a été viré, le nouvel entraîneur voulait construire l’équipe autour de moi. Y a encore eu des promesses, des agents qui lâchaient des fausses promesses. Je suis parti dans un club hongrois.

Tiens, Wikipedia ne le mentionne pas…

Tu m’étonnes, j’ai dit non au bout de deux jours. Ça manquait de sérieux. Je suis arrivé là-bas sans parler un mot de hongrois, tu penses bien, et le coach me dit : « Tu prends le métro pour venir à l’entraînement » . Quoi ?! J’ai demandé qu’un joueur vienne me chercher et m’accompagne. Pff j’ai appelé l’agent qui m’avait trouvé ça et je lui ai sorti : « T’appelles le président et tu lui dis que je prends le premier avion ! » .

Et ça ne t’a pas dissuadé de partir en Roumanie ?

J’y suis allé parce qu’il le fallait. Passer un an sans jouer, c’aurait été catastrophique, il fallait bien remplir mon CV. Je suis parti à Ploiesti avec mon ami Lionel Bah. On a vécu galère sur galère. En six mois, on n’a touché aucun salaire ! Nous sommes en procès avec le club devant la Fifa. Les dirigeants avaient promis un appart, ben on restés à l’hôtel pendant six mois, un truc incroyable. C’est pas les tarifs anglais, encore heureux, sinon je serais ruiné. Bon, on s’est accrochés mais le club, franchement… Quand on a décidé de partir, ils ont envoyé une lettre recommandée à la Fédération pour se plaindre d’une faute professionnelle de notre part. Un comble !

Ploiesti quand même…

J’ai pris un gros risque mais c’était encore plus risqué de rester chez moi à ne rien faire. Au final, j’ai réussi mon pari puisque j’ai trouvé un bon club en D1 bulgare, bien structuré. Un de mes amis faisait la préparation avec le Slavia, le coach lui a dit qu’il cherchait un défenseur polyvalent, il lui a parlé de moi. J’ai envoyé ma vidéo (sic), il l’a vue et m’a fait venir tout de suite pour un match amical. Je n’avais pas joué depuis longtemps mais ça s’est super bien passé, j’ai fait bonne impression et voilà. On peut avoir une mauvaise image de la Bulgarie mais dès que je suis arrivé au stade, j’ai vu la différence avec Ploiesti. Niveau infrastructures, c’est le jour et la nuit. Ici, nous avons un docteur en permanence, trois kinés, comme en France quoi. Aux mises au vert en Roumanie, on nous faisait dormir à cinq par chambre ! C’est vraiment une expérience unique. Depuis, je relativise mieux les petits pépins.

Pas de mauvaise surprise à Sofia ?

C’est nickel à tous points de vue. Trois ou quatre jours après la signature, j’avais les clés de l’appartement et de la voiture. Les salaires tombent sans retard, pas besoin d’aller réclamer quoi que ce soit. C’est eux qui t’appellent. Quand ça se passe aussi bien, tu donnes plus facilement sur le terrain. Ça m’aide à gérer l’éloignement, la barrière de la langue. Je suis épanoui, j’ai de vraies bonnes sensations.

Effet de mode ou pas, il y a plus de Français en Bulgarie qu’au Portugal désormais.

J’ai joué face à Cédric Bardon fin août, on a discuté. Son club, Levski, connaît de gros problèmes financiers mais sportivement, ça reste la référence. Le Slavia, je compare à Rennes, un très bon club, un poil en retrait des meilleurs. On a le meilleur gardien du championnat, Raïs Mbolhi, formé à l’OM. J’ai fait gaffe quand même : le président voulait que je signe trois ans mais on m’avait briffé, il est très gourmand. Son truc, c’est de faire signer des contrats longs pour demander de l’argent quand tu veux partir. J’ai négocié un an plus une année en option. Bon je pense qu’ils vont la lever parce que j’ai pas trop mon mot à dire. Le club veut récupérer un peu d’argent s’il y a un transfert. Le président veut me faire partir, il me trouve trop bon pour jouer en Bulgarie. Avec ses bonnes relations en Russie, il espère nous vendre là-bas, le gardien et moi.

Et Di Canio au fait ?

Franchement, rien à voir avec le fasciste dépeint partout. De tous les joueurs, c’est moi qu’il respectait le plus. D’ailleurs, il m’a présenté à son agent quand il a vu que d’autres types tournaient autour de moi. Le gars en question m’a confié : « C’est la première fois que Paolo me présente un de ses partenaires » . Sympa. Attends, Di Canio m’a invité à manger, il m’a dit de l’appeler même la nuit si j’avais un problème d’argent. Quelqu’un de bien vraiment, avec la main sur le cœur. On se parle encore de temps en temps, il est cool.

Passé de Guingamp à Rome, t’as dû profiter.

Je ne suis pas énormément sorti à Rome, allez, trois fois dans l’année. Ça s’appelle l’expérience. Quand je jouais à Guingamp, j’étais fougueux, tout le temps à faire la fête à Paris, dans les boîtes. Ce sont les à-côtés du foot mais depuis que je fais gaffe, je me blesse moins. A Sofia, je vais boire un coup de temps en temps mais jamais après 1 heure du mat’ à cause de la presse à scandales qui photographie les joueurs sans arrêt. D’ailleurs, l’entraîneur du CSKA a écarté neuf joueurs qui ont été gaulés en boîte avec des prostituées. Ici, faut pas faire un pas de travers. En plus, tu sens la présence de la mafia. Je préfère rester dans mon coin et bosser.

Tu vis dans une résidence surveillée par des hommes armés, comme Bardon ?

Non, j’ai mon petit coin tranquille pas loin du stade. Faut pas abuser non plus, les rues ne regorgent pas de criminels mais la mafia est là : quand tu sors boire un verre, les gars à côté de toi sont armés, ils ont des gardes du corps. Le président du Slavia par exemple, tu peux pas l’approcher, il a ses mecs près de lui.

Clauss : la poisse est prise

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