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Les leçons tactiques de France-Ukraine

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques de France-Ukraine

« Il vient une heure où protester ne suffit plus ; après la philosophie il faut l'action », écrivait Victor Hugo dans Les Misérables, Tome IV. Certains journalistes ont beaucoup parlé des Bleus. Les joueurs français eux-mêmes ont pris la parole. Une fois de plus, les mots provenant de l'action du terrain ont eu bien plus de poids que tout ce que l'on a pu entendre ce weekend. Et de l'action, il y en a eu. Alors que le 4-2-3-1 avait déjà fait ses preuves, le 4-3-3 s'invite à la fête brésilienne. Avec Sakho. Avec Cabaye. Avec Benzema. Deschamps part finalement à Rio avec deux systèmes et le droit de rêver. C'est grand.

Sakho réveille Paris et la France
Il fallait commencer par là. Par lui. Par Mamad’. Si l’équipe de France n’avait pas d’ « âme » aux yeux d’un certain monde, difficile hier de résister à la force Sakho. Le regard affamé, le corps guerrier, la lucidité de celui qui sait. Pour son centenaire, Albert Camus aurait certainement été très fier de voir un défenseur si engagé, conquérant, droit et jeune porter la France. Le « couteau entre les dents » , le Parisien n’a pas perdu un duel, n’a quasiment pas perdu un ballon. Une copie parfaite aux côtés du grand Varane que l’on connait. Résultat : une défense centrale jouant haut sur le terrain, aimant le risque, bien aidée par Cabaye dans ses manœuvres et par Matuidi dans son repli.

Tactiquement, l’attitude de la charnière centrale, incarnée par son placement haut et ses fautes autoritaires, donne des ailes : les Bleus gagnent leurs duels aériens, Pogba et Benzema placent même deux têtes dans la surface de Khacheridi. Les premières minutes sont encourageantes, mais à la première relance profonde des Bleus, le pressing ukrainien oblige Varane à dégager loin. Là, on s’inquiète. Et si les Ukrainiens parviennent à chasser le porteur de balle comme à l’aller ? Hier, ce type de ballons tombait à la hauteur de Pogba : avec encore quatre ou cinq joueurs devant le ballon, les Bleus étaient à découvert mais gagnaient tous les seconds ballons. Encore une question d’attitude, et de placement. De rebonds offensifs. Cabaye couvrait en avançant, Sakho prenait le dessus, Debuchy et un très bon Evra s’imposaient avec autorité.
Immense Cabaye, Benzema idéal
Mais tout est parti du milieu. En terres ukrainiennes, Cabaye est chez lui. Trois interceptions cruciales en cinq minutes, et une menace constante sur la transition ukrainienne, pourtant si appliquée. Offensivement, l’homme a relevé deux défis : donner un sens au jeu des Bleus – même si cela revient souvent à donner simplement le ballon à Pogba – mais aussi garder Ribéry loin à gauche, là où il est le plus dangereux. Ses longues transversales sont princières. Les situations dangereuses partent de ses renversements : on organise une « isolation » sur Ribéry, on vient chercher Benzema dans le cœur du jeu pour ensuite exploser sur les côtés, on renverse tout sur Debuchy pour bouger le bloc jaune… Les courbes s’enchaînent, le rêve grandit.
Les Ukrainiens, eux, auront peut-être trop fait ce qu’ils avaient à faire. Trop appliqués à ralentir le jeu, à casser le rythme, par des fautes malignes, des provocations honnêtes, des très, très longs ballons, les hommes de Fomenko ont peut-être oublié qu’un but en première mi-temps aurait bouleversé le match. Trop tactiques, trop conscients de l’enjeu, pas assez joueurs, pas assez rêveurs. Ironiquement, c’est en décrochant que Benzema aura brillé. Quand Giroud s’obstinait à rester collé à son vis-à-vis, Karim est venu aider, gagner un ou deux mètres sur son défenseur pour trouver le temps de contrôler, remiser. Toujours vers le jeu. Dans le tempo. Sa capacité à jouer à une touche de balle avec Valbuena et Pogba a dessiné les attaques bleues.
La liberté de Valbuena, les « poumons » de Matuidi, les pieds de Pogba
L’une des conséquences de ce milieu à trois est la position, ou plutôt la disposition, de P’tit Vélo. On pensait le 4-3-3 capable de surprendre les Ukrainiens, mais pas autant. Montant sur Pogba et Matuidi comme à l’aller, les hommes de Fomenko ont oublié le petit Girondin dans le creux du milieu. Entre les mailles du filet. On aurait cru un petit enfant pouvant passer sous les barbelés d’un camp de réfugiés, à qui les Bleus pouvaient confier leurs messages les plus importants. Il se sera baladé durant tout le match à travers les lignes ennemies, lui et l’intensité de son pressing. Profil bas, tête haute.

Et malgré tout, cela aurait pu virer au cauchemar. Proche de la fin, quand le précipice était encore à quelques mètres, la France s’est demandée qui allait être son Ginola de 2013. Des ballons ont été perdus, des situations défavorables ont été subies. Mais si les Ukrainiens ont peu mis en difficulté l’arrière-garde bleue, c’est bien parce que Blaise veillait. Matuidi est un super-héros, un surhomme dans le sens de celui « capable de plus » , sans limite humaine. A ses côtés, Pogba gagnait ses duels, récupérait des ballons, calmait le jeu ou le créait. A sa guise. La Pioche est destinée à devenir un Empereur. S’il n’en a pas encore le titre, il en a déjà l’Empire : le milieu bleu lui appartient.
Franck Ribéry de A à Z
Et au milieu de tout cela, de toutes ces bonnes copies, Ribéry. On ne s’en souviendra peut-être pas : il n’apparaît même pas sur la feuille de match. Et pourtant Franck était omniprésent. C’est son tir qui amène le premier but. Il offre la passe décisive sur le but refusé de Benzema et celle sur le tir de Valbuena repoussé par Piatov. En seconde mi-temps, ses accélérations portent les offensives bleues jusqu’au coup de sifflet final. Après avoir expulsé Khacheridi, il offre une série de passes dans l’intervalle à Matuidi, Benzema et Valbuena. Enfin, c’est son « tir » qui vient rebondir sur le genou de Sakho et qui qualifie les Bleus. Jamais le plus célébré, ni le plus aimé, mais toujours le plus fort. Justement, parlons amour. Concernant ce que l’équipe de France a subi ces derniers jours, concernant ces jugements exagérés d’incompétents, tâchons de ne pas oublier. Mais espérons que les joueurs, les plus touchés, auront la grandeur de pardonner. Et écouteront Victor Hugo à travers les paroles de Gauvain : « Si l’on ne peut pas pardonner, cela ne vaut pas la peine de vaincre » .

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Par Markus Kaufmann

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