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Les leçons tactiques d’Ukraine-France

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques d’Ukraine-France

« Un combat ». C'est le premier mot qu'a trouvé Didier Deschamps à la fin de ce qui restera gravé dans la mémoire du football français comme « la bataille de Kiev ». « Perdu » aurait pu être le second. Une bataille perdue face à l'engagement et le physique des Ukrainiens, des éléments que le 4-2-3-1 des Bleus n'aura que trop rarement réussi à surpasser. Mormeck contre Klitschko ?

2-0. C’est sec, c’est glacial. Au moins autant que le froid de cette dure soirée à l’autre bout de l’Europe. Une soirée que le jeu des Bleus n’aura finalement jamais réussi à réchauffer. Le premier quart d’heure dessine déjà le possible danger qui planait au-dessus des hommes de Deschamps. Les Ukrainiens pressent la possession française, Koscielny se voit obligé de dégager par deux fois en moins de dix minutes, Nasri vient chercher le ballon très bas, là où seuls les défenseurs centraux devraient avoir le droit de jouer, Giroud et Rémy se font bousculer. On le savait, cela allait être une guerre. Mais la France pensait au moins pouvoir en dicter les règles…

Les Ukrainiens dictent les règles du jeu

Une bonne tête de Giroud, une déviation intéressante, et puis plus rien. Dans ce système où le Gunner est censé être le phare des mouvements offensifs bleus, les Français n’ont pas vu la lumière. Humilié physiquement par les centraux ukrainiens, Giroud a coulé en même temps que les espoirs de domination du 4-2-3-1 français. À ce niveau, sans le physique, il n’y a pas de finesse. Y aurait-il fallu faire jouer Sissoko à droite d’entrée ? Préférer un Sakho conquérant à Abidal ? Et Cabaye à Nasri ? Oui, le 4-3-3 aurait offert plus de densité aux Bleus. Les fautes s’enchaînent, les Ukrainiens profitent de la philosophie de l’arbitre, qui décide de laisser jouer plus qu’il n’en faut. À partir de là, Deschamps n’a pas de réponse. Au bout du compte, ce mauvais résultat ne repose pas sur les habituelles carences des hommes de Deschamps.

Loïc Rémy prend la profondeur et vient peser dans la surface adverse, toujours bien remplie de bleu, mais les conditions posées par les Ukrainiens sont trop contraignantes pour que la France soit à l’aise. Samir Nasri, censé justement mettre tout le monde dans un fauteuil, va un peu à gauche, un peu à droite, jamais entre les lignes, jamais dans l’axe. Il existe trop peu, et les Bleus ont bien l’impression d’être assis sur une planche de bois. Valbuena, dans un autre contexte, certes, ne fait pas mieux. En face, le plan de jeu est clair. Et simple. Les Ukrainiens passent plus souvent à droite, plutôt grâce à Yarmolenko qu’à cause d’Évra. Une tête plongeante à la 30e minute est un premier avertissement. Rémy et Pogba forment un double rideau efficace à droite : il faut le dire, sur attaque placée, les Bleus ne laissent rien passer.

Trop peu d’aventure pour les milieux Bleus

Le piège est magnifique. Après avoir enfermé les attaquants bleus dans une cage faite de fautes bien senties et de prises à deux immédiates, les hommes de Fomenko parviennent à empêcher l’arrivée des renforts, c’est-à-dire les milieux français. Pogba a beau crier aussi fort qu’il le peut, ni lui, ni Matuidi, ni Nasri ne parviennent à sauver les otages. D’une part, les pertes de balle (ou interceptions ukrainiennes) sont trop nombreuses pour imposer une circulation de balle créatrice de jeu, et d’autre part, le manque de liberté des milieux bleus a des conséquences sur leur degré de folie, d’aventure. Les Bleus jouent si bas que Pogba est à la réception des ballons aériens, quand Abidal et Koscielny reculent, par peur, sans doute.

Pogba, lui, répond présent avec autorité et charisme. Comme Koscielny, au début. À la demi-heure de jeu, les Bleus ont 63% de possession de balle, mais les Jaunes ont les occasions, et Edmar. « Ce diable d’Edmar » . Des fautes malignes, des coups de salaud, l’homme est dans son match. Les Ukrainiens montent à huit sur corner, jouent tous leurs coups à fond, n’abandonnent aucun ballon. Ribéry, à lui tout seul, a déjà subi quatre fautes. Psychologiquement, les Bleus finissent la première mi-temps sur les nerfs. Giroud prend un jaune, Ribéry se fâche. Il y a de la rage, ce qui est plutôt bon signe, après tout.

Une France vexée et appliquée ne suffit pas

Au retour des vestiaires, la France est vexée, et revient plus appliquée. Comme en Biélorussie. Jusqu’à la 60e minute, on croit revivre le match de Minsk. Ribéry vient enfin se coller à son couloir, et il suffit que Giroud remporte un duel pour qu’une combinaison tricolore fasse suer l’Olimpiyskiy. Nasri et Rémy obtiennent des fautes intelligentes, et les ballons arrivent enfin dans la surface des Jaunes. Dans cette période, les Ukrainiens semblent plus isolés, plus fatigués, moins vifs, croit-on. En somme, la maîtrise technique française fait son travail, tout autant que le pressing de Giroud et Ribéry. Et c’est alors que les Bleus étaient en train de prendre l’ascendant qu’ils trébuchent. But jaune, mélange d’opportunisme, de physique et de boxe. Le coup est dur. Les filets ne tremblent même pas, le ballon ne fait que dépasser dramatiquement la ligne. Seul le tableau d’affichage bouge, et le stade explose. C’est cruel. Après deux minutes de panique, Giroud gagne un second duel et sert Nasri. Mais c’est mou. Les Bleus ne s’en relèveront pas.

Victoire Klitschko

S’il est impossible de grimper la montagne qu’est la défense ukrainienne, autant tenter de la contourner. À la 70e, Deschamps répond enfin : l’entrée de Benzema offre judicieusement profondeur et espaces. Puis Abidal et Koscielny perdent leur propre combat, l’un trop juste physiquement, l’autre trop faible mentalement. Lors des dernières minutes, celles de l’espoir, le jeu fourni n’a aucun sens. Pogba, seul, est obligé de couvrir pour tout le monde derrière. Raiola a raison lorsqu’il dit que « Paul est un Monet, et les grands tableaux ne se vendent pas » . Mais où étaient les Cézanne et les Renoir hier ? Drôle d’impression : si le stade olympique de Kiev a des allures de Stade de France, la deuxième manche à Paris devra être plus chaude. Les Français devront réussir à recentrer le débat sur le jeu tout en remportant le combat physique. Ce n’est pas trop tard.

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Par Markus Kaufmann

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