Actuellement en stage en Autriche, le PSG de QSI a emmené dans ses bagages une pléthore de jeunes issus du cru : Mike Maignan, Adrien Rabiot, Abdallah Yaisien, Jordan Ikoko, Alvin Arrondel et Younes El Baillal. Preuve que le PSG mise sur la formation. Et ça, c'est une nouveauté. L'arrivée de QSI n'a pas bouleversé cette donnée. Les Qataris ont d'ailleurs réaffirmé par le biais de Nasser Al-Khelaïfi, le président du club, que la formation faisait partie des priorités. « En venant à Paris, on savait que l’argent ne ferait pas tout, opinait-il dans L'Équipe. On n’est pas venus juste avec l’idée d’investir des millions et des millions. (…) Mais je suis convaincu qu’on peut trouver le nouveau Messi à Paris ou autour de Paris. Ce sera l’une des missions de notre centre de formation. »
Les rendez-vous manqués : Diaby et Évra
Car, avouons-le sans sourciller, pendant très longtemps, la formation parisienne s’approchait du néant. Le seul Nicolas Anelka ne pouvait occulter un gouffre sidéral en matière de formation et, surtout, de détection, notamment dans la liste des joueurs que le club francilien avait raté : Diaby ou Évra, pour ne citer qu'eux. Le déclic a eu lieu avec la génération Chantôme. Une promotion dans laquelle se trouvait également Youssouf Mulumbu, qui s'amuse aujourd'hui en Premier League, Larrys Mabiala (porté disparu en Turquie) ou encore Loris Arnaud (toujours au club). C'est le début de quelque chose. D'une prise de conscience sans doute. Depuis, Paname s'est efforcé de lancer chaque année ses meilleurs jeunes dans le grand bain (Sankharé, Ngoyi, Makonda, N'Gog, Sakho), tout en continuant à en rater certains, malgré une présence, en jeunes, au sein de la formation parisienne. C'est notamment le cas de Steven N'Zonzi (Blackburn), Johan Martial (Brest) ou Brice Dja Djédjé (Évian). Rien ni personne n'est parfait.
Areola, Rabiot et Ongenda, les crackinettes
Quoi qu'il en soit, le PSG s'efforce de ratisser l'Île-de-France autant que faire se peut. Un vivier de douze millions d'habitants où tous les autres clubs du pays, et même d'ailleurs, ont des bases avancées. Alors oui, il faut jouer des coudes. Et oui, le PSG a raté des jeunes et en ratera encore. Mais il y a un mieux. Notamment dans l'esprit. Il suffit de regarder les différentes sélections de France, des U15 aux U19, pour s’apercevoir de l'avancée francilienne en ce domaine. Paname fournit les sélections. Un postulat nouveau. Inédit. Révélateur. Dans les prochaines pépites, on peut d'ores et déjà citer Alphonse Areola, le grand gardien originaire des Philippines (comme Billy Crawford, aucun rapport), actuellement à l'Euro des U19 avec Jean-Christophe Bahebeck. En privé, le portier - une montagne - impressionne. Encore trop tendre pour être lancé dans le grand bain (19 piges), il fait partie des espoirs à surveiller au sein du club. Un mec que l'on couve.
Pierpoljak avec les pieds de Bodmer
Un peu comme la dernière trouvaille, Adrien Rabiot. Le grand échalas affole les scouts européens depuis sa puberté (à 13 ans, il a été recruté par l’académie de Manchester City avant de quitter l'Angleterre au bout de six mois, Ndlr). À seulement 17 ans, le PSG vient de lui faire signer son premier contrat pro et place de gros espoirs en lui. Un milieu élancé, chevelu et raffiné. Pierpoljak avec les pieds de Bodmer. Enfin, reste la petit merveille du millésime 1995 : Hervin Ongenda. Un buffle tout en muscles qui a mené (avec Rabiot, Arrondel et Yaisien) les U19 de David Bechkoura à une troisième finale en trois ans dans la catégorie (champions en 2010 et 2011, finalistes cette saison contre l'AJ Auxerre). Une manière d'attaquer l'avenir sereinement.
Rien ne dit que les jeunes cracks feront tous carrière. Mais la matière est plus sexy qu'il y a peu. On est bien loin des Gaël Hiroux, Fabrice Kelban ou Sébastien Vaugeois. Au PSG, le virage du pognon a été pris. Avec fracas. Celui de la formation a été négocié dans la discrétion et les premières récoltes sont plutôt bonnes. Que Sakho ou Chantôme restent au club, ce n'est pas le fond du problème - si problème il y a -, cela montre avant tout que le club francilien a rationalisé son vivier. Si même le PSG se met à former des joueurs, où va-t-on ?
Par Mathieu Faure
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.