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Les frères Babunski : « Être ensemble au Mondial avec la Macédoine, ça serait magnifique »

Propos recueillis par Anna Carreau
Les frères Babunski : « Être ensemble au Mondial avec la Macédoine, ça serait magnifique »

David Babunski (27 ans) et Dorian Babunski (25 ans) sont deux frères macédoniens. Le premier a été formé au Barça, le deuxième au Real Madrid, et les deux ont toujours dessiné leur carrière dans le sillage de l'autre. Plusieurs années après leur première ensemble en sélection jeune, sous la direction de Boban Babunski, leur père et légende du football macédonien, les deux frangins se sont de nouveau retrouvés sous une même tunique cet hiver, celle de Debrecen en Hongrie.

Samedi dernier, vous étiez tous les deux titulaires ensemble pour la première fois contre MOL Fehérvár avec Debrecen (victoire 2-1), comment l’avez-vous vécu ?David : C’était une expérience super sympa. Ce n’était pas seulement le premier match que l’on commençait ensemble, mais c’était aussi notre premier déplacement commun. On a fait le même trajet en bus, on a partagé la même chambre d’hôtel, il était mon room mate pour la première fois… C’était cool ! Mais ça nous rappelait aussi une situation très familière, parce qu’on a partagé notre chambre depuis que l’on est nés. Dorian : C’était vraiment sympa, et un plaisir durant le match aussi.

Depuis combien de temps attendiez-vous ça ?David : C’est quelque chose dont on a toujours rêvé. Mais ce n’est pas quelque chose que l’on attendait désespérément. Le football nous a offert cette formidable opportunité de nous réunir à nouveau pour défendre le même maillot. On est surpris aussi d’une certaine façon, mais par le fait que l’on soit tous les deux joueurs professionnels.

Vous avez été formés ensemble à Gramenet, dans la banlieue barcelonaise, et plus de quinze ans après, vous jouez ensemble. La boucle est bouclée ?Dorian : On a toujours des ambitions, on veut réussir ensemble, pas seulement en club, mais aussi en équipe nationale. Être ensemble aujourd’hui à Debrecen est un premier pas vers d’autres objectifs.David : On a joué l’un contre l’autre au Japon, on a joué ensemble une fois dans un match amical avec la Macédoine U21, et maintenant c’est la première fois que l’on joue ensemble en club. Et j’espère que l’on jouera ensemble avec la sélection.

C’était sympa pour notre famille : ils avaient chacun la possibilité de choisir Real ou Barça et de quand même faire plaisir à l’un de nous.

Dorian, tu as joué au Real et toi David au Barça. Ce n’était pas trop compliqué à la maison ? Dorian : C’est une des plus grandes rivalités dans l’histoire du foot, mais nous, nous ne sommes pas des rivaux. On essaie toujours de s’aider, peu importe le club que l’on représente. Mais c’était sympa pour notre famille : ils avaient chacun la possibilité de choisir Real ou Barça, et de quand même faire plaisir à l’un de nous.David : Même si je suis un supporter du Barça, et il est supporter du Real !

C’était comment les jours de Clásico ?David : C’était marrant ! Je me rappelle que lors d’un Clásico, Dorian venait d’emménager à Madrid, donc pour une fois on le vivait séparément. On regardait le match en même temps et on s’envoyait des messages. Et le Barça avait écrasé le Real, parce que vous savez à ce moment-là, le Barça dominait tout. (Il rit.) Dorian : (Il interrompt son frère.) C’était les années dorées du Barça, mais maintenant ça a changé ! David : Mais on continue de se chambrer…

Pourquoi avez-vous grandi en Espagne ?David : Notre père, Boban, était un joueur de foot professionnel, et il a signé dans un club en Espagne, à Lleida. Donc on a déménagé là-bas avec ma mère. Elle a adoré Barcelone et elle a décidé qu’on allait y rester, peu importe ce qui allait se passer, même si mon père continuait à bouger pour sa carrière. On n’a jamais vraiment vécu en Macédoine.

Quel rôle votre père a-t-il joué dans votre carrière ?David : Il nous a forcément influencés. J’ai développé ma passion pour le football à un très jeune âge, j’étais obsédé par le foot. J’allais voir mon père lors des matchs aussi…Dorian : On n’a jamais ressenti de pression, on est juste tombés amoureux du jeu comme beaucoup d’enfants et on a continué son chemin.David : C’est probablement un truc génétique.

Justement, vous avez fait vos débuts ensemble sous le maillot de la Macédoine avec les Espoirs, et votre père sur le banc en tant entraîneur. Qu’avez-vous ressenti ?Dorian : C’était une expérience incroyable ! Ma mère était très émue et se sentait très fière.David : Oui c’était vraiment spécial, mon père lui-même était international avec la Yougoslavie puis la Macédoine. Le fait que l’on ait été capables de faire de même et ensemble dans la même équipe, c’est fou.

Comment c’était d’avoir son père en entraîneur ?Dorian : Plutôt marrant ! Même si parfois c’était difficile de distinguer le père du coach, mais on s’en est plutôt bien sorti.David : D’un point de vue du football, ce n’était pas trop particulier, parce qu’on discute très souvent de football ensemble depuis qu’on est petits. C’est notre principal sujet de discussion, on écoute ses conseils, on échange nos idées… Parfois même, ça l’agace et on finit par se disputer parce qu’on ne partage pas la même vision.

Votre père était déjà très célèbre avant que vous ne fassiez vous aussi du foot, puis ça s’est répercuté sur vous ensuite. Ce n’est pas trop dur à gérer ?David : Mon père est très célèbre parce qu’il a joué avec l’équipe nationale. C’était l’un des meilleurs joueurs macédoniens de l’histoire. Quand on est devenus nous-mêmes des joueurs professionnels ensuite, on est aussi devenus très populaires, particulièrement en Macédoine. Mais ce n’était pas vraiment une pression, on était habitués avec notre formation à Madrid et Barcelone et on ne rentrait pas souvent au pays.Dorian : La carrière de notre père nous a plutôt inspirés. Moi en tant que petit frère, la réussite de mon grand frère m’a également beaucoup aidé. Et notre relation s’est plutôt endurcie au fil de nos expériences.

Quand je suis parti au Japon, six mois après il me rejoignait dans un club qui était à une heure de là où j’étais. On a toujours fait en sorte d’être assez proches géographiquement l’un de l’autre.

Après votre passage en Espagne, vous êtes tous les deux partis dans les Balkans. Toi, David, à l’Étoile rouge de Belgrade et toi, Dorian, à l’Olimpija Ljubljana. C’était un choix commun ?David : Quand on choisit un club, on essaie toujours de voir s’il on a des opportunités assez proches, si c’est possible. Heureusement, jusqu’ici, on a toujours eu ces choix-là. Je vivais à Belgrade et lui à Ljubljana, à quatre heures de route l’un de l’autre. Il venait souvent en Serbie et moi en Slovénie. Après, je suis parti au Japon, et six mois après, il me rejoignait dans un club qui était à une heure de là où j’étais. On a toujours fait en sorte d’être assez proches géographiquement l’un de l’autre.

Pourquoi avoir choisi le Japon ?David : Ce n’était pas quelque chose que je recherchais à ce moment-là de ma carrière. Mais mon père a joué il y a 25 ans au Japon, et j’ai vécu là-bas quand j’avais deux ans. Mes parents m’ont toujours dit du bien de ce pays. Je savais que la culture japonaise serait quelque chose qui me toucherait, dans plusieurs sens. Ces opportunités sont rares dans une carrière, donc j’ai décidé de tenter.

Qui guide qui ? Qui fait les choix ? On a l’impression que c’est toi, David, qui choisis le pays pour vous deux.David : Je ne sais pas, mais vu que je suis le plus âgé, c’est moi qui choisis ! Je suis un petit peu plus âgé que lui, on a deux ans et demi d’écart, donc j’ai commencé ma carrière plus tôt et j’ai commencé à voyager un petit peu partout.

Combien de langues parlez-vous aujourd’hui ?David : Six !Dorian : Six ou sept !David : L’espagnol est notre première langue, puis l’anglais est sans doute la seconde. Ou bien le macédonien. Je parle serbe, puisque ma femme est serbe. On a appris le catalan en grandissant à Barcelone. Dorian parle bien bulgare aussi et l’a appris cette année. Je le comprends aussi assez bien. Il y a très peu de différences entre le bulgare, le macédonien et le serbe. Il y en a quelques-unes, mais ça se ressemble. J’ai appris le roumain aussi quand j’y étais la saison passée. Dorian : Et on a appris un peu de japonais lorsqu’on était là-bas !

Après des années à jouer dans des clubs proches, mais jamais ensemble, c’était une évidence pour toi, Dorian, de choisir Debrecen cet hiver, là où ton frère évoluait déjà ?Dorian : Je n’ai pas seulement choisi d’aller ici parce que mon frère y était. J’avais d’autres options, mais Debrecen a fait beaucoup d’efforts pour me signer. Et je pense que c’était le meilleur choix, après la confiance que j’avais engrangée sur mes six derniers mois.Dorian : On a un sens très fort de la famille, et ce n’est pas seulement lié au football. Et si on pouvait vivre ensemble pour le reste de notre vie, pourquoi pas !David : C’est mon voisin maintenant ! Je vis à 20 mètres d’ici dans un immeuble de l’autre côté de la route, juste à côté de lui. Et même ça, c’était une coïncidence ! Notre relation a toujours été très forte, sans doute parce que l’on partage cette passion pour le football, ce métier… C’est quelque chose qui anime nos vies et sans doute ce que l’on a de plus précieux.

On s’intéresse à la philosophie et à la psychologie. On aime lire, parfois on lit le même livre au même moment et on en discute.

Pourquoi êtes-vous si proches ?Dorian : Déjà on est frères, c’est une bonne raison, ça ! (Ils rient tous les deux.) On a beaucoup d’intérêts communs, pas seulement dans le football. David : On s’intéresse à la philosophie et à la psychologie. On aime lire, parfois on lit le même livre au même moment et on en discute. En-dehors du football, on aime aussi cultiver nos esprits et notre intellect. On se passionne tous les deux pour la même chose, donc notre relation est vraiment naturelle.

Vous avez fait des études en dehors du football ?David : On a étudié au collège américain à Barcelone jusqu’au lycée, mais malheureusement on n’a pas pu continuer ensuite parce qu’on s’est entièrement consacrés au football professionnel. On a continué à apprendre par nous-mêmes dans toutes ces matières qui nous intéressent : la biologie, la psychologie, les neurosciences… On n’a jamais cessé d’apprendre parce que nous pensons que c’est l’une des choses les plus importantes de notre vie. Dorian : Toutes les choses que nous avons apprises, ça nous a aidés dans nos carrières. Dans une carrière de sportif, on est exposé à beaucoup d’émotions et de réactions impulsives, à la pression… Et je pense que c’est une très bonne chose d’avoir tous ces apprentissages et cette sagesse.

Qu’est-ce que le football vous a appris ?David : Ça nous a donné la chance de voyager autour du monde et de rencontrer des personnes de différentes cultures. On a pu découvrir d’autres façons de penser, d’autres manières de voir la vie ou de vivre. Cela renforce votre ouverture d’esprit et vous enrichit en tant que personne. Ça t’enseigne aussi la valeur du travail, de la passion, de persévérance, de self-control, de confiance en soi, de savoir contenir tes émotions…

Avez-vous d’autres rêves que celui de jouer ensemble ?David : L’un de nos buts pour cette année est de voir s’il on peut réussir à être sélectionné tous les deux avec l’équipe nationale de Macédoine. Et évidemment de continuer à s’améliorer pour se rapprocher un peu plus de la meilleure version de nous-mêmes, en tant que footballeur et comme être humain. Dorian : Ce serait magnifique de pouvoir être ensemble sous le maillot macédonien à la prochaine Coupe du monde, mais ça sera extrêmement compliqué parce que l’on doit éliminer l’Italie et après la Turquie ou le Portugal… La seule chose, c’est d’y croire !

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Propos recueillis par Anna Carreau

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