Qu’on le veuille ou non, un footballeur reste un homme avant tout. Et un homme a des besoins primaires : faire l’amour, dormir et manger. Et à Noël, on mange. Et plutôt bien. En France, on n’a plus beaucoup d’argent, mais on a des spécialités culinaires. Des plats qui engendrent forcément des gourmands. Comme Manu Imorou, le latéral clermontois que l’on peut facilement ranger dans la catégorie « épicurien » . « À Noël, je prends tout ce qui vient. J’aime tout et surtout le foie gras, détaille l’international béninois. Je pourrais en manger au petit déjeuner, à midi, au goûter et le soir sans problème. C’est mon péché mignon. Ensuite, je me régale des classiques de Noël : dinde, chapon, saumon. Je sais me faire plaisir et je ne me prive pas sur les quantités. » Tous n’ont pas les papilles gustatives aussi développées que Manu. Pour Pierre Bouby, solide milieu de Nîmes, on est plutôt dans le soft. « Je n’aime pas le chocolat ni le foie gras, alors durant les fêtes, je carbure plutôt aux poissons et aux fruits de mer. Pour la ligne, c’est idéal, même si avec le temps – Bouby affiche 30 piges – je commence à parfaitement connaître mon corps. J’ai pas mal de vécu et j’ai eu la chance de jouer à Annecy où tu pouvais facilement te faire avoir par une raclette. Mais très vite, tu te rends compte que tu n’avances plus avec des repas comme ça. » Parce que oui, qui dit fête, dit orgie culinaire. Et parfois, le corps morfle. Pas grave, les clubs sont parés. Certains – notamment dans les grandes institutions – ont même un diététicien attitré. Pour les autres, c’est à l’ancienne.
À Clermont, les « gros » passent à la caisse
Imorou encore : « On a tous un poids de forme déterminé en début de saison. Au retour des fêtes, on a le droit de le dépasser de deux kilos. Au-dessus, pour chaque 100 grammes en trop, c’est une amende. Je n’ai pas à me plaindre, car j’engloutis tout ce qui passe devant ma bouche et je ne prends pas un seul gramme. » Ce qui n’est visiblement pas le cas de tous. Imorou toujours : « On sait que certains ont plus de mal avec la nourriture que d’autres, après, c’est chacun sa merde, j’ai envie de dire. Le pire, ce sont les Brésiliens, je me souviens d’un retour de trêve où certains Sud-Américains étaient retournés au pays avec une folle envie de se faire plaisir. À leur retour, ils avaient explosés la balance. C’est de plus en plus rare, mais ça marque les esprits. »
Quoi qu’il en soit, ce moment des fêtes est avant tout bénéfique pour Escota et Mappy. Les footeux passent leurs vacances sur la route. Quittant une table pour une autre. « J’ai trois repas de prévu, entre ma famille et celle de ma femme, on va faire des kilomètres. C’est toujours comme ça à Noël, on fait le tour des régions en mangeant, mais attention, on a quand même un petit programme de remise en forme durant les fêtes, principalement des footings. Ça me va bien, car je n’aime pas rester inactif. »
C’est bien beau de rester à table tout en déboutonnant son pantalon petit à petit, mais derrière, il faut retourner au turbin, et en vitesse. « Honnêtement, la trève de Noël fait très mal. Tu passes une semaine en famille, tu oublies tout et hop, en moins de deux, tu te retrouves sur un terrain gelé fin décembre pour la reprise, alors que tu viens de passer une semaine à faire le vide en famille. Il fait -5 et t’es mal. Moralement, c’est dur. Je préfèrerais ne pas avoir de trêve et jouer durant les fêtes, histoire de terminer la saison plus tôt. » Bouby, de son côté, a plus de hauteur sur la reprise : « La reprise n’est pas trop dure en soi, car je ne suis pas trop sentimentaliste par rapport à la famille. Je passe vite à autre chose. L’important, c’est le jeu. On a quand même la chance de faire le plus beau métier du monde. » Certes, mais Pierre Bouby n’aime pas le foie gras. Un produit qui affiche 462 calories pour 100 grammes. Le paradis sur terre.
par Mathieu Faure
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