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Les Experts à Alkmaar

Par Matthieu Rostac
Les Experts à Alkmaar

Il y a des joueurs qui sont faits pour la dolce vita, le beau. D'autres, au contraire, s'offrent des destins de beautiful losers. Et puis, il y a Arjan de Zeeuw. Une carrière passée dans l'ombre à œuvrer pour le bien d'équipes besogneuses et limitées. Le défenseur néerlandais n'a pas trop changé : il est désormais détective. Rencontre.

Attablé à un café du centre-ville d’Alkmaar, Arjan de Zeeuw raconte volontiers l’anecdote. « Un jour, j’attendais à l’aéroport de Schipol et je croise un instituteur irlandais. Il me demande :« Vous êtes Arjan de Zeeuw ? Est-ce que je peux vous présenter à ma classe ? Vous êtes l’exemple que j’utilise devant mes élèves pour dire que répondre à la violence par la violence n’est pas la solution. » » Il faut dire que depuis ce soir du 27 novembre 2004, malgré un statut de défenseur rugueux acquis sur les terrains d’Eerste Divisie et de Championship, Arjan de Zeeuw est passé définitivement dans le camp des gentils. Pour ça, il peut dire merci à El-Hadji Diouf. En quelque sorte. « Quand il me crache dessus, je me dis que je vais lui en coller une. Sauf que si je fais ça, je prends un rouge. Il peut même y avoir penalty pour Bolton. Mais on doit gagner ce match. Au final, on est restés en Premier League avec Portsmouth, donc j’ai eu raison de garder mon sang-froid. »

Le sang-froid, Arjan de Zeeuw en a bien besoin depuis qu’il a raccroché les crampons à trente-neuf ans, après une dernière pige au pays à ADO’20. Celui qui fut élu Joueur du siècle par Wigan, puis loué par Tony Blair en personne fait désormais partie des forces de l’ordre de la ville d’Alkmaar. « J’avais décidé d’être médecin parce que j’avais commencé des études pour ça avant d’être footballeur professionnel. Mais devenir médecin impliquait de poursuivre mes études de longues années encore. J’étais trop vieux pour ça, lâche De Zeeuw, le nez dans sa boisson chaude. Du coup, on m’a proposé ce cursus rapide pour intégrer la police parce qu’ils cherchaient des personnes ayant fait des études. Je suis devenu détective. Toujours avec cette même idée en tête : rendre le monde meilleur, plus égal pour tout le monde. »

Même s’il n’a pas encore tout à fait terminé sa formation, le Néerlandais est déjà bien rompu aux risques du métier, plus proche de The Wire que de French Connection. « Officiellement, on doit porter nos plaques autour du cou. Mais par exemple, Starsky et Hutch, ça sonne faux. Tu n’utilises pas ton flingue, tu ne suis pas une trace dans la rue qui t’amène ensuite vers une voiture pour finir en course-poursuite. Je dois expliquer ça très souvent à mes amis » , raconte-t-il, amusé. Il devient grave : « J’ai lutté contre le trafic d’êtres humains pendant trois, quatre mois. J’y ai vu des choses horribles. Mais vous savez, il y a plein d’autres problèmes à traiter quand on est dans la police : les stupéfiants, le blanchiment d’argent, le racket, la cybercriminalité. Et puis, j’ai toujours cru que quand on résolvait une enquête, on attrapait le mec et on disait : « C’est bon, on l’a ! » Mais le temps qu’on envoie les mecs au tribunal, qu’il y ait un procès, puis un appel, on a déjà été mis sur une autre enquête. »

Pas d’interrogatoire good cop/bad cop non plus, même si un passé de footballeur aide toujours à amadouer les mauvais garçons. « Un jour, un suspect m’a dit : « Je te connais ! Qu’est-ce que t’as fait avant ? » Il n’y avait aucune raison de mentir, donc je lui ai dit que j’avais joué au foot en Angleterre. Du coup, pendant trente minutes, on a parlé foot et au lieu d’avoir un interrogatoire tendu, c’était plutôt cool. » Il se lève, va payer le Coca de sa fille qui attendait quelques tables plus loin, puis enfile son costume de Horatio Caine. « En raison de mes études de médecine, j’ai préféré me tourner vers la police criminelle. Retrouver les traces biologiques, l’ADN, ce genre de trucs. Ça implique aussi d’être le premier sur la scène de crime pour faire les prélèvements, prendre en compte les taches de sang et retrouver la trace des criminels de cette façon. C’est ce que je veux faire. » Bien ancré dans la réalité du quotidien, les trivialités du football moderne semblent désormais loin dans l’esprit d’Arjan de Zeeuw, même s’il reconnaît avoir parfois au téléphone son ancien compère de la défense de Wigan, Roberto Martínez ( « Il ne parle que de foot ! » ).

En revanche, toujours fringant à quarante-quatre ans, le défenseur batave continue de tacler debout dans le rôle de capitaine de l’équipe nationale néerlandaise… de police. Il s’envole d’ailleurs cet été pour l’Euro en République tchèque, en compagnie de Yuri Cornelisse, autre footballeur pro passé flic. « J’ai dit que je viendrais jouer dans cette équipe uniquement si l’on jouait en orange. Je n’ai jamais eu l’occasion de jouer sous les couleurs nationales – j’ai failli avoir ma chance – donc je veux le faire cette fois-ci. » Avant de partir, comme pour justifier les liens ténus entre son ancien métier et son nouveau, De Zeeuw souffle une dernière confidence : « Déjà, quand je jouais à Castricum en équipe de jeunes, j’étais toujours le plus tranquille sur le terrain, le premier à calmer les esprits. Tu sais comment on m’appelait à l’époque ? Le gardien de la paix. » Puis, Arjan de Zeeuw se lève et retourne au poste pour attraper les méchants.

Géorgie : le roman de Sagnol

Par Matthieu Rostac

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