Antonio Conte n'aime pas le neuf
Grâce à Willian, l'ancien Mister de la Juventus a donc failli réussir son coup. Cela aurait même pu être un triomphe si le Brésilien n'avait pas trouvé deux fois les poteaux en première période. Une première moitié de match au goût étrange : l'impression d'un Barça deux classes au-dessus, mais d'une équipe londonienne bien plus dangereuse et incisive. Parce que l'entraîneur italien avait décidé de faire dans le pragmatisme : tant pis pour les critiques sur ses choix tactiques frileux, l'absence de vrai avant-centre – coucou Olivier Giroud sur le banc, et Álvaro Morata en figurant – et l'idée qu'il ne servirait à rien de miser sur le Joga Bonito. Ce soir, Antonio Conte a placé ses billes sur l'esprit de 2012, quand le Chelsea de Roberto Di Matteo choisissait le sang et les larmes pour faire tomber la Dream Team de Guardiola. Plus qu'à un huitième de finale de Champions, Conte avait préparé ses ouailles à un combat. Parce qu'il s'agit de l'une des rares méthodes qui a fait ses preuves contre le FC Barcelone. Contre tous les FC Barcelone, même.
L'erreur humaine
Force est de constater qu'à quelques détails près – ici cette relance aussi folle qu'inappropriée de Christensen –, Conte aurait eu raison. Raison de ne pas affronter le Barça sur un terrain – la quête de la possession – où il était certain de perdre, raison de s'appuyer sur des guerriers plutôt que des esthètes. Raison de passer pour un lâche en laissant ses deux strikers sur le banc. Sauf que l'Italien n'avait pas anticipé un point : sa Juventus aurait sûrement gagné ce match. Parce que fort d'une culture tactique haut de gamme, les Bianconeri ne laissaient jamais rien traîner. Or, plier, subir et souffrir, ce n'est pas donné à tout le monde. Car c'est une stratégie qui ne laisse pas la place à l'erreur. Antonio Conte a ainsi eu raison pendant 75 minutes, parce qu'aucun de ses joueurs n'a fait de faux pas. À cause de celui de Christensen, il devra néanmoins changer d'approche et se montrer plus offensif s'il veut renforcer des statistiques qui parlent pourtant en faveur de son Chelsea : aussi bizarre que cela puisse paraître, les Blues se sont qualifiés trois fois sur quatre en Coupe d'Europe après avoir concédé le 1-1 à Stamford Bridge. Pas certains que les chiffres suffisent à renforcer son optimisme.
Par Nicolas Jucha
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