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Les Bleus se forgent

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Les Bleus se forgent

Malgré le nul (1-1) face au Chili, l'équipe de France a montré une vraie envie et parfois même une réelle idée de jeu. Après plusieurs mois de stagnation, les Bleus se seraient-ils remis en ordre de marche ?

Voilà qui devrait rabattre le caquet de quelques uns, dont certains protagonistes, sur le bien-fondé des matches amicaux, même quand ils se situent au cœur de l’été. Oui, cette opposition face au Chili a été un bon match à jouer. Et non, l’équipe de France ne peut pas se permettre le luxe de faire la moindre impasse. On ne peut pas passer son temps à se plaindre de ne pas avoir assez de temps avec les joueurs pour ensuite faire la fine bouche sur une possibilité de rassemblement, même succinct. N’est-ce pas, Laurent Blanc… Car l’air de rien, l’équipe de France ne perd plus (dernière défaite le 3 septembre 2010 face à la Biélorussie 0-1). C’est anecdotique quand cela concerne des rencontres dites amicales ? Pas tant que ça. Selon le vieil adage « comme on fait son lit, on se couche » , ce genre de bonnes habitudes n’est jamais superflu, même quand cela compte pour du beurre. Une théorie germée dans le cerveau d’Aimé Jacquet : ne jamais accepter la défaite car elle n’est jamais anodine.

Un exemple ? L’équipe de France de 1992. Invaincue depuis plus de trois ans (un record à l’époque), elle s’était pointée à Wembley un soir frisquet de février pour y défier l’Angleterre et elle avait alors laissé filer une victoire ou au moins un nul très largement à sa portée pour finalement s’incliner (0-2). Le début de la fin puisque l’escouade dirigée par Michel Platini n’allait plus gagner le moindre match, phase finale de l’Euro compris. Après coup, plusieurs joueurs majeurs avaient reconnu que Wembley avait marqué un coup d’arrêt pour ne pas dire un terminus alors que l’on imaginait ce revers anglais comme simplement… anecdotique. Bref, les Bleus de Laurent Blanc sont en train de renouer avec une bonne habitude qui ne peut, chaque fois, qu’augmenter un peu plus le sentiment d’invincibilité nécessaire pour voyager loin. Reste désormais à se forger un sentiment de conquête. Car il faut le rappeler, face au Chili, la France a concédé son troisième nul en cinq matches. Et sans Marvin Martin en Ukraine, les Bleus auraient largement pu en lâcher un quatrième.

Nasri souffre de la comparaison

Pourtant, il y a des scores de parité encourageants. Et celui de la Mosson en fait partie. Franchement, on était loin de l’équipe atrophiée du mois de juin dernier à Minsk. Et on parierait volontiers que les changements opérés à Donetsk puis à Varsovie ne sont pas pour rien dans l’espèce d’urgence qui a animé les Tricolores. Là encore, beaucoup avaient glosé sur cette tournée slave dont les charmes semblaient se trouver hors-caméra. Il n’empêche, le coup de boost manifeste apporté par certains coiffeurs a, semble-t-il, remis un peu de piment aux fesses de certains sénateurs. Parmi ces nouveaux postulants, on ne va pas être original, il y a bien évidemment Marvin Martin. Clairement, le petit Sochalien est épatant. Et, pour ceux qui connaissent le foot, il faut être clair : sa prestation montpelliéraine est plus significative de ce qu’il peut apporter que son entrée en jeu surnaturelle en Ukraine où le gamin avait ressuscité Zidane.

Vraiment, c’est davantage dans sa simplicité, son activité, son intelligence et son jeu en un minimum de touches, toujours dans le bon sens et dans le bon tempo, que Martin se pose un titulaire indiscutable. Par moment même, un certain Samir Nasri, inspiré sur son lancement en profondeur pour Benzema, mais souvent agaçant par sa façon de multiplier les touches de balle, a souffert de la comparaison. En gros, Martin anime mieux le jeu tricolore et dire ça est un terrible désaveu pour le meneur qu’est censé être Nasri. D’autant que le jeu du Lionceau trouve un bel écho dans celui de M’Vila, lui aussi tout en simplicité, même si parfois la finesse et la ruse d’un Valdivia lui ont posé des soucis, comme un rappel pour le Rennais que le sommet est encore loin. A côté de Martin et de M’Vila, il reste une place à prendre, Cabaye semblant un peu juste à ce niveau. Une place qui irait comme un gant à Diaby si celui-ci n’avait pas fait des blessures un art de vivre. Toujours est-il que le puzzle prend sacrément forme dans ce secteur névralgique pour la qualité de jeu.

Kaboul, gagnant de la soirée

Evidemment, ce match était aussi une occasion de scruter la ligne arrière, à la lumière des absences de Rami (suspendu en septembre) et Mexès (convalescent). Mais une parenthèse avant : Hugo Lloris est-il toujours aussi indiscutable ? Fébrile au pied, un peu passif par ailleurs, le Lyonnais a rappelé qu’il n’a pas sorti d’énorme match depuis longtemps. Bien entendu, la question de la hiérarchie ne pose pas encore clairement (d’autant que Blanc aime la continuité et que la situation n’est pas encore critique) mais elle se suggère de plus en plus. Mais bon, revenons aux tribulations du back-four. On pourrait résumer la chose ainsi : un gagnant, une confirmation, une inquiétude et une énigme. Commençons par le winner de la soirée : Younès Kaboul. Ce type est mieux qu’une doublure, même s’il ne doit rester que ça. Mais c’est bon de savoir que sur le banc, à toute heure, sommeille un gaillard dur à l’impact, énergique dans les jaillissements et, à ses heures, utiles devant sur coups de pied arrêtés. A ses côtés, Abidal a confirmé que pour l’instant, s’il fallait dépanner, il valait mieux faire appel à ses services qu’à ceux de Mamadou Sako, même si son manque d’aura confirme qu’il manque un leader à cette équipe. La question n’est pas encore cruciale mais elle finira par se poser, notamment en phase finale.

Si la charnière s’est bien comportée, les flancs eux, se sont noyés. Sagna notamment, largement malmené par Beausejour et on finit par se demander ce que ça donnera quand en face ce sera Pedro, David Silva ou même Mario Götze, la dernière pépite allemande. La chance du Gunner ? L’absence de vraie alternative même si Réveillère mériterait d’être revu. Mais alors que dire de Clichy ? Comment City a pu mettre huit patates sur ce gars ? Comment Blanc peut encore le convoquer ? Sa seconde période a été meilleure que la première ? Disons surtout que l’inverse n’était pas possible. Oui, quand Abidal est recentré et qu’Evra se soigne à Manchester, on fait quoi ? Autant de mystères qui ont déserté l’attaque française ou au moins sa pointe. Benzema est hors du lot, même si le Madrilène doit faire attention, la facilité n’étant jamais bien loin de la nonchalance. En revanche, dans les couloirs, tout reste à faire. Rémy a marqué un beau but et mis une belle talonnade sur la barre ? Oui, mais ce n’est pas en pointe qu’il doit faire ses preuves mais sur son côté et là pardon, mais question justesse, le Marseillais était loin du compte. Un peu comme Malouda, chaque fois plus amorphe, sans réel changement de rythme, ce qui laisse la porte la ouverte à d’autres options (Menez, Ribéry voire… Ben Arfa qu’on aurait tort d’enterrer). Toujours est-il que si le chantier reste énorme, il est un peu moins grand qu’hier. Car quelque chose se dessine malgré tout. Comme l’esquisse d’une identité. C’est fragile, mais c’est aussi chargé de promesses. Reste à savoir si les Bleus sont en mesure de les tenir. Rendez-vous en septembre.

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