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« Les banderoles vulgaires cachent une forme de poésie »

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Domenico Mungo est le directeur éditorial de Supertifo, mythique magazine de culture ultras depuis 1985. À l'occasion de la sortie de deux de ses livres, il répond à nos questions.

Domenico, tu as récemment écrit un livre qui s’appelle « Noi odiamo tutti », « Nous détestons tout le monde »…

C’est une idée que j’ai eue il y a trois ans, et j’ai pu réalisé ce projet avec l’aide de Vincenzo Abbatantuono et Gabriel Viganò. L’idée était simple : recenser les banderoles dans les stades de football italien depuis la fin des années 60 jusqu’à aujourd’hui. En fait, il y avait eu des précédents. Sur Mediaset, une chaîne de télévision, une émission faisait état de certaines banderoles. Mais l’accent était mis sur des choses plutôt bénignes (par exemple, « Del Piero épouse moi » ), ce genre de choses. Les supporters passaient donc surtout pour des clowns ou des gens simplets, gentillets. Au contraire, nous avons voulu dresser un tableau exhaustif de toutes ces banderoles dans les virages, sans effacer l’aspect violent, politique, et politiquement incorrect de la chose.

Pourquoi les banderoles, en particulier ?

Les banderoles ont une symbolique forte. En Italie, de nombreux décrets concernent chaque année le monde des tribunes. Et les banderoles ont été le premier objet à être interdit dans les stades. Maintenant, il faut demander des autorisations, etc. Pourtant, elles ont toujours été la voix des ultras.

Pourquoi ce titre ?

Tout simplement parce qu’il s’agit d’une banderole mythique déployée en 1982 par un groupe ultras de Vérone, et qu’il s’agit d’un symbole. Avec chaque banderole, nous avons contextualisé (quel est l’auteur, le contexte politique et social, à qui est-elle destinée) afin d’aller au-delà des amalgames et des généralités. C’est un travail encyclopédique.

Qu’est-ce que toutes ces banderoles peuvent nous apprendre ?

Elles sont un excellent révélateur du climat qui règne dans un pays, en tant qu’elles expriment souvent une opinion politique et un parti pris, quel qu’il soit. Au total, nous en avons recensé 700. De plus, nous avons également tenté de théoriser la chose. Nous parlons ainsi du « syndrome de South Park » pour évoquer cette conscience de masse qui pousse les ultras à une certaine « méchanceté » dans leurs propos dès lors qu’ils se réunissent et que l’effet de bande agit.

Tu publies également « Avevate ragione voi », « Vous aviez raison », un livre de poésie. Y-a-t-il un lien entre football et poésie ?

Mon livre est un livre de poésie en prose qui ne parle pas spécialement de football. Ce sont plusieurs poèmes, il y a également une histoire sociale de Turin…Au-delà de ça, il y a évidemment un lien très fort entre poésie et football, et une fois de plus, si l’on fait abstraction du terrain, où la poésie peut s’exprimer, les banderoles en sont l’incarnation. Dans toutes celles que l’on recense, on remarque l’usage fréquent de la rime, du vers, de l’alexandrin, des citations aussi… Même les messages les plus vulgaires cachent une forme de poésie. Une poésie urbaine.

On parle beaucoup de la tessera (sorte de carte d’identité pour supporter, ndlr) du tifoso, et les choses s’annoncent compliquées…

Ce n’est pas vraiment une nouveauté, puisque cela fait longtemps que le gouvernement tente de ficher les supporters. Mais pour la première fois, la très grande majorité des associations de supporters n’ont pas renouvelé leur abonnement pour la saison prochaine. À Florence, ils sont pour l’instant 2000 au lieu de 15000, à la Lazio, seul deux cent personnes se sont réabonnées…Certaines tifoserie souhaitent souscrire la tessera, pour lutter contre le système de l’intérieur, mais c’est une minorité.

Concrètement, que va-t-il se passer ?

On est dans le flou le plus total. Sans la tessera du tifoso, il sera possible d’acheter des billets pour les matchs à domicile. C’est surtout pour les déplacements qu’il y aura des problèmes, puisque seuls les détenteurs de la carte seront autorisés à les effectuer. Pour les autres, le secteur visiteur sera fermé. Le problème, c’est qu’il sera possible d’acheter des billets dans d’autres secteurs du stade, donc des groupes ultras rivaux pourront se retrouver proche. On imagine aisément les graves problèmes qui pourraient survenir.

Le fait que la majorité des groupes ultras –même rivaux- s’associe n’est pas anodin ?

Absolument. La bataille contre la tessera du tifoso est en train de devenir une bataille culturelle et civile. Aujourd’hui, on veut ficher les ultras. Demain, le reste de la population ?

Après la trêve internationale, place au festin !

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