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« Les Aiglons m’ont marqué au fer rouge et noir »

Par Maxime Nadjarian et Gad Messika
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Belle gueule, charismatique, José Cobos, le capitaine emblématique des Aiglons des années 2000, a aussi gagné la Coupe des coupes avec le PSG. Il est aujourd’hui adjoint au maire de Nice. On prend de ses nouvelles.

Après six saisons au RC Strasbourg, tu signes avec le PSG. Ça fait quoi d’être dans cette « dream team » à l’époque ?

J’ai grandi humainement aux côtés de Weah, Valdo, Leonardo, Djorkaeff… C’est ce qui m’a permis de jouer jusqu’à trente-neuf ans. À l’époque, il y avait le Real Madrid qui s’était intéressé à moi, mais le PSG a fait la différence avec un projet qui m’a convenu avec des dirigeants qui ont facilité mon choix. Sans oublier les joueurs. C’était une nouvelle page du club qu’il fallait écrire. Il y avait un avenir national, mais aussi un avenir européen.

Tu arrives la même année que Raí… Comment étaient vos relations ?

Humainement, on avait des discussions qui allaient bien plus loin que le football. C’était un plaisir d’être ensemble. À chaque anniversaire ou événement, on se buvait quelques coups. Après l’entraînement, on se retrouvait pour discuter, on était en peignoir juste après les massages et on prenait notre temps pour rentrer chez nous. Il y avait un professionnalisme, une atmosphère qui nous faisait nous sentir bien. Les meilleurs potes d’hier ne sont pas forcément les meilleurs d’aujourd’hui, mais à Paris, on était tous potes. J’ai toujours gardé un bon contact avec les joueurs de cette génération, sauf qu’il n’y aura certainement plus l’occasion de se retrouver. Mais quand je croise de nouveau un de ces types-là, c’est comme si on s’était quittés la veille. J’ai fait de superbes rencontres à Paris.

Et l’ambiance au Parc à l’époque, c’était comment ?

C’était impressionnant. On ne pouvait même pas se parler à cinq mètres. Quand je discutais avec Ricardo ou Alain Roche sur le terrain, il fallait qu’on se rapproche, presque se parler dans l’oreille pour se comprendre. Dans les grands matchs, c’était une pure folie. Aujourd’hui, oui, c’est certain, l’ambiance n’est plus la même.

Et le 8 mai 1996…

Juste avant, on joue en Ligue des champions. C’est dans ces moments-là qu’on ressent le haut niveau. Paris n’a pas rejoué de demies depuis cette époque. À l’époque, c’étaient les premiers de chaque nation qui jouaient la LDC. On avait gagné tous nos matchs en poules, on perd contre Arsenal. Le parfum de Coupe d’Europe qu’il y avait à Paris avec les supporters, avec l’ambiance et avec les joueurs autour de moi, c’était impressionnant. Cette Coupe des coupes était logique par rapport au parcours qu’on avait eu en Europe.

Et la fête, c’était cool ?

On a fêté le titre pendant une semaine ! (Rires) Imaginez-vous, on a fait toutes les cérémonies officielles… On a pu rencontrer le président de la République. Je ne sais pas si nous nous sommes entraînés… La semaine est passée très vite. Entre joueurs, nous n’avions même pas eu le temps de profiter. Puis, on se retrouve face à Bastia avec un demi-entraînement derrière et on gagne 5-1. On était dans cette euphorie de la Coupe d’Europe. Ce qui est important, c’est que contre Bastia, on se retrouve avec nos enfants sur le terrain… Mon fils était avec moi sur le terrain et ça, c’était extraordinaire.
À Nice, on ne gagnait pas beaucoup d’argent par rapport aux autres clubs. Le salaire maximum ne dépassait pas les 10 000 euros

Après des passages mitigés en Espagne et à Toulouse, tu arrives à l’OGC Nice en Ligue 2. Ça n’a pas été trop dur de jouer en Ligue 2 après toutes ces années passées dans l’élite ?

Après Toulouse, je décide de me remettre en forme à Merano, parce que j’avais des problèmes avec mes tendons. J’avais le choix entre mettre un terme à ma carrière et la continuer. Mais quand on aime le foot, et qu’on en fait depuis l’âge de six ans, on se dit que ce n’est rien. J’y suis resté quinze jours et je ne voulais pas partir sans avoir trouvé de club. J’avais alors la possibilité de rejoindre Bastia, Nantes et Nice où Daniel Bravo m’a dit que les dirigeants voulaient construire un grand club. C’était l’idéal pour moi sur le plan sportif de me relancer dans un club qui a une histoire, où il y a de l’engouement et de la passion. Mais je n’avais pas peur de jouer en Ligue 2 ! J’avais toujours l’envie de continuer à relever des challenges, et une montée en Ligue 1, c’est aussi très fort émotionnellement.

Tu deviens par la suite un pilier de l’OGC Nice. Peut-on parler d’une renaissance à ce moment de ta carrière ?

Ah oui, complètement ! D’ailleurs, à ce moment-là, j’ai su pour la première fois de ma carrière ce que voulait dire « s’épanouir dans son travail » . Tous les matins, j’étais heureux d’aller à l’entraînement. Je me suis rendu compte que c’était vraiment le plus beau métier du monde, et je le répète souvent ! Les jeunes d’aujourd’hui n’en ont pas assez conscience. Mais je suis quelqu’un d’entier, je ne me considérais pas comme un pilier, j’essayais simplement de bien faire mon devoir. Et en plus de cela, il y avait une très belle synergie dans le vestiaire. On ne gagnait pas beaucoup d’argent, le salaire maximum ne dépassait pas les 10 000 euros (Nice était alors le 18e budget de Ligue 1, ndlr), et malgré cela, nous sommes arrivés à réaliser des exploits, comme lors de notre victoire face à Auxerre. Avec Mexès-Boumsong, c’était la défense de l’équipe de France. Même si on était limité techniquement, il se dégageait quelque chose d’incroyable.

En 2000, Franco Sensi prend le contrôle du club et nomme Sandro Salvioni avec qui vous remontez en Ligue 1. Qu’est-ce qui a changé avec Salvioni lors de cette période ?

Le Nice de cette époque a connu pas mal de changements. Le club devait descendre en DH, mais les Italiens sont arrivés. Je tiens à rendre hommage à un homme qui nous a quittés, c’est Jean-Luc Bailet, l’ancien directeur administratif. Il a tout fait pour que le club reste en Ligue 1. Gernot Rohr a eu un rôle essentiel, il faut le remercier aussi. En ce qui concerne les joueurs, en tant que capitaine, je leur avais dit de laisser tomber la prime. Je me rappelle encore, il y avait le président de la Fédération et Michel Platini, on dégageait une image forte. C’est grâce à tous les joueurs du club, mais aussi tous les hommes de l’ombre que le club s’est maintenu. Salvioni avait décidé de partir dans un autre club italien puisqu’il avait une proposition. Jean-Luc Bailet et Gernot Rohr sont restés quant à eux. C’est vrai que les résultats sportifs étaient présents, Salvioni avait terminé son travail au sein du club. Il a apporté un véritable sens tactique au club, c’était vraiment intéressant pour nous, les joueurs. Certains ont découvert ce qu’était vraiment la tactique.

Mais le club a des difficultés financières, la DNCG vous refuse la montée et tu défends personnellement le dossier du club…

Oui. Tout au long de ma carrière, je me suis tenu à mes valeurs : ne jamais laisser tomber, toujours se battre. Et ce maintien est le fruit de nos efforts. C’est aussi grâce au peuple niçois et à sa présence forte. Les journalistes ont aussi répondu présent. Il y avait vraiment un engouement, ça sortait de ce qu’on pouvait voir habituellement dans le football.

Quelle était ta relation avec Gernot Rohr avec qui tu as terminé ta carrière de footballeur ?

On va dire que c’était une complicité. J’étais capitaine du club pendant 5-6 ans, mais je ne suis allé qu’une fois dans son bureau et à sa demande. Il pouvait se reposer sur moi et sur d’autres leaders du club. Il avait le sentiment d’un travail bien fait où il pouvait aussi passer le témoin à des joueurs expérimentés, dont moi et d’autres.

Tu as d’ailleurs été son adjoint au Gabon, puis au Burkina Faso, comment ça s’est passé ?

Avec le Gabon, on réussit un exploit, on grimpe en quarts de finale de la CAN 2012 sans perdre une seule rencontre. Malheureusement, on se fait éliminer aux penalties par le Mali. Après cette expérience, il m’a demandé de travailler avec lui au Burkina Faso et j’ai accepté. Je restais dans le milieu sportif.
Hatem Ben Arfa a tiré les joueurs de Nice vers le haut, mais aussi le travail de l’entraîneur.

Elle était comment, cette aventure africaine ?

Superbe ! C’est un continent que je connaissais plus ou moins et c’est vrai que de travailler là-bas, collaborer avec des Africains, c’est un véritable enrichissement. Il y a eu des points positifs et négatifs, mais j’en garde un excellent souvenir. Dans la partie positive, on peut inclure les résultats sportifs, mais aussi l’ambiance. Le football a une importance capitale à tous les niveaux. Qu’elle soit politique, sociale ou autre. C’est un continent de football. Mais il y a des extrêmes. Durant la CAN 2012, c’est la première fois de l’histoire que le Gabon gagne trois matchs de suite. On n’a pas perdu un seul match, il y avait un engouement extraordinaire, mais on se fait éliminer aux tirs au but. Derrière, on n’est pas reconduits. Le Gabon préfère prendre un entraîneur qui avait perdu tous ses matchs à la CAN. On avait lancé pas mal de jeunes, il n’y avait que trois joueurs qui jouaient en Europe. Le reste de notre effectif jouait au pays et ne gagnait même pas 300 euros. C’est ça, l’Afrique : passer d’un extrême à l’autre. Un moment on vous adore, on vous adule, et après un match, on vous tombe dessus.

Aubameyang, c’est un peu grâce à toi et à Gernot qu’il a commencé à se faire un nom ?

Ça me fait rire encore aujourd’hui parce que j’avais proposé ce joueur à des clubs. Tout le monde était réticent. Par l’intermédiaire d’un ami, j’ai réussi à le faire entrer dans un club français et je dis à cet ami : « Gardez-le, il est impressionnant. S’il fait la même chose en match qu’à l’entraînement, il deviendra un grand joueur. » Je l’avais même proposé à Nice, mais ils n’étaient pas intéressés. Je n’étais même pas son agent (rires), je voulais juste rendre service à mon club et à ma ville. Alors que son père m’avait demandé s’il y avait moyen de le prendre à Nice.

Depuis l’an dernier, tu es conseiller municipal de la ville de Nice. Pourquoi avoir choisi la politique après le football ?

Je suis adjoint au maire pour tout ce qui touche au sport. Je suis juste resté dans mon domaine. C’est de la politique sportive. Il y a l’Euro 2016, on a la chance d’avoir un beau stade et de faire partie des dix villes hôtes. Ce que j’aime dans la vie, c’est la proximité avec les gens. Dans ma vie, je n’ai pas eu l’impression d’exercer un métier, ce n’était que du plaisir, même quand j’étais joueur. C’est ce que je vis aujourd’hui en tant qu’adjoint. Et j’en suis fier. Je suis fils d’immigré et arriver à cette place, c’est une immense fierté. Cette proximité avec les gens, c’est ce qui m’a plu. J’ai la chance d’être dans une ville sportive et de connaître tous les sports et tous les événements. Ce qui est incroyable, c’est que, quand je me promène à Nice, les gens pensent que je suis toujours au club. La population niçoise, par rapport à ce que j’ai vécu à Nice, m’a identifié avec l’OGCN. J’ai été marqué par le fer rouge et noir des Aiglons.

Nice fait un début de saison flamboyant. Tu les vois finir sur le podium ?

Je ne sais pas, c’est trop tôt pour le dire, mais c’est tout le mal que je leur souhaite ! Par rapport au jeu, ce n’est que du plaisir. Pour les supporters qui vont aux matchs, c’est un régal à voir jouer. Regardez toutes les remarques et toutes les critiques au niveau de la presse, Nice fait partie des équipes qui font le plus plaisir à voir jouer. L’équipe est jeune, technique et audacieuse. Même quand j’étais adjoint, souvent les entraîneurs mettaient la lumière sur les joueurs qui faisaient 1m90 pour 90kg, alors qu’il y avait des joueurs d’un mètre soixante-dix qui étaient plus intéressants. Ça reste un jeu, un combat, et cette équipe représente tout ce qu’on aime dans le football. Le jeu avant tout.

Et Ben Arfa, tu penses quoi de sa « résurrection » ?

J’ai déjà eu l’occasion de le voir à plusieurs reprises, de discuter tranquillement avec lui. Il a tiré les joueurs de Nice vers le haut, mais aussi le travail de l’entraîneur. Hatem a pris du recul. Dans une carrière, il n’y a pas que des bons moments. Sa sélection est méritée, c’est un bon choix de la part de Didier Deschamps. Il faut oublier tout ce qu’il s’est passé, le joueur a changé et peut apporter un plus à l’équipe de France. Même si l’année dernière, Puel a été grandement critiqué, aujourd’hui, il apporte un jeu à Nice qui donne du plaisir ! À la différence de beaucoup de matchs où des équipes gagnent à l’arrache, toutes les victoires de l’OGCN sont amplement méritées à travers le jeu et les occasions. Quand on voit qu’elle a été l’une des meilleures attaques d’Europe avec la plus jeune équipe en matière de moyenne d’âge, c’est qu’il y a un truc.
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