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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de Liverpool (2e) : Kenny Dalglish
Il a enquillé les buts, les titres, les records. Kenny Dalglish, un attaquant au pied de velours qui a enchanté Anfield. Surtout, un homme soudé à jamais au Liverpool FC. Kenny D : the Pride of Liverpool.
#2 - Kenny Dalglish
« Jamais, jamais je n’oublierai ce 15 avril 1989. Je ne peux même pas penser au nom Hillsborough, même pas prononcer le mot, sans être inondé de souvenirs bouleversants. » Kenny Dalglish a vu l’horreur de la tragédie d’Hillsborough, qui coûta la vie à 96 supporters scouse – morts dans un mouvement de foule à cause d’un afflux de personnes non maîtrisé dans la tribune ouest du stade de Sheffield, en marge d’une demi-finale de Cup entre Liverpool et Nottingham Forest. Il y a un avant et un après Hillsborough dans la vie de celui qui était alors entraîneur-joueur à succès des Reds. Dans les jours qui suivent le drame, l’homme s’attache personnellement à ce qu’un hommage soit rendu par le club en l’honneur de toutes les victimes – « Ils soutenaient Liverpool. Maintenant, c’est à notre tour de les soutenir » –, et avouera assister jusqu’à quatre funérailles par jour. Quelques mois plus tard, en février 1991, alors que Liverpool se dirige vers un deuxième titre de champion consécutif, Dalglish annonce à la surprise générale son départ du club. C’est sa fille, Kelly, qui raconte : « Il a seulement révélé la nouvelle à ma mère, la veille. Il ne pouvait plus continuer. Toutes les émotions et l’angoisse d’Hillsborough, toute la responsabilité qu’il ressentait, avaient pris le dessus. Hillsborough a été dévastateur pour mon père. »
Successeur de Keegan
Si Kenny Dalglish a été si bouleversé par la tragédie d’Hillsborough, c’est parce qu’il était, reste et restera viscéralement attaché aux supporters – le troisième pilier de la Sainte-Trinité chère à Bill Shankly –, qui l’ont érigé en légende. Pour entrer dans les cœurs des fidèles d’Anfield, l’Écossais commence par briser ceux des fans du Celtic. Dalglish était déjà venu faire un essai – fructueux – à Liverpool, à l’âge de quinze ans, mais préféra alors poursuivre son apprentissage dans sa ville natale (cela dit, étant jeune, les posters ornaient sa chambre à la gloire des Rangers). Après une décennie de gloire en vert et blanc, il débarque donc sur les bords de la Mersey en 1977, avec un objectif : aller chercher une Coupe d’Europe. Le petit gars à la mèche récoltera trois fois la Coupe des clubs champions dans sa besace, aussi bien fournie en titres collectifs (six titres de champion d’Angleterre, notamment) qu’en récompenses individuelles (deux fois élu meilleur joueur du championnat ; deuxième du Ballon d’or 1983 derrière Michel Platini).
Dès sa première saison chez les Reds, Dalglish fait oublier le départ de Keegan. « Keegan était plus rapide, mais Kenny courait les cinq premiers yards dans sa tête, disait Bob Paisley. Il avait cette qualité rare de savoir situer ses coéquipiers sans les regarder, et de délivrer la passe parfaite. » À Wembley, le numéro sept place un piqué délicieux devant le gardien du FC Bruges, qui offre la C1 1978 aux Liverpuldiens (1-0). Intrépide, courageux, rusé, l’attaquant a de l’or dans les pieds et va bientôt former un tandem de feu avec Ian Rush. Il devient le premier joueur à dépasser la barre des cent réalisations, à la fois dans le championnat d’Écosse et d’Angleterre (172 buts au total en Angleterre, en treize saisons). « Kenny n’était pas épais, mais il avait un cul énorme qui lui descendait jusque sous les genoux, narrait l’immense Brian Clough. C’est de là qu’il tirait sa force. »
La mémoire dans la peau
Pour sa première saison d’entraîneur-joueur, en 85-86, King Kenny va chercher le titre à lui tout seul dans le sprint final, avec pour apothéose le but décisif lors de la dernière journée à Stamford Bridge. Le crépuscule de la carrière de l’Écossais se rapproche et coïncide avec la fin de l’hégémonie des Reds. Et puis surgit cette terrible demi-finale de Cup à Sheffield, quatre ans après le traumatisme du Heysel. Ce jour-là, les traits tirés de la légende de LFC parlent d’eux-mêmes. Devant ses yeux, les panneaux publicitaires font office de brancards et le terrain d’hôpital de fortune. Un film d’horreur dénué de sang, mais avec des corps inertes, visages pâles et lèvres bleues. « Un matin, de très bonne heure, je me suis rendu sur la pelouse (d’Anfield, ndlr) et j’ai attaché les ours en peluche de mes enfants sur un poteau de la cage située devant le Kop, confie Dalglish. La cage, la pelouse et le Kop tout entier étaient couverts de fleurs, d’écharpes et divers hommages. Je me rappelle m’être dit que c’était l’image à la fois la plus triste et la plus belle que j’ai jamais vue. »
Par Florian Lefèvre
Propos de Kenny Dalglish issus de contrast.org/hillsborough/
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