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Les 50 joueurs qui ont écrit l’histoire de l’Atlético de Madrid (du 50e au 25e)

Par Antoine Donnarieix

Troisième club le plus grand d'Espagne en matière de palmarès, l'Atlético possède une histoire faite de sueur, de combat et de solidarité. Quitte à perdre en martyr et prendre un but dans les dernières minutes, être de l'Atlético, c'est être aussi un grand romantique. Agüero, Torres, Molina, Vieri, Adelardo, Aragonés : top 50 des joueurs ayant écrit l'histoire de l'Atlético de Madrid.

#50 - Jimmy Floyd Hasselbaink

Quelques mois avant sa nomination en tant que coach des Blues, Claudio Ranieri se trouve à la tête de l’Atlético de Madrid. Sa réputation en Espagne est excellente, mais malgré cela, son Atlético galère à trouver un rythme de croisière malgré une pléiade d’individualités de talent. Parmi elles, Jimmy Floyd Hasselbaink. Rapide et puissant, Jerrel ne met pas trois plombes à montrer ses capacités. Le 30 octobre 1999 au soir, le buteur assiège le Santiago-Bernabéu pour offrir aux Colchoneros une prestigieuse victoire dans le derby de Madrid (3-1). La suivante interviendra… quinze ans plus tard. Auteur de deux buts et une passe décisive, le phénomène Hasselbaink prend ses gros bras pour ramer dans la galère. Car malgré une saison individuelle hallucinante au cours de laquelle il plante 35 pions en 47 matchs, l’Atlético termine la saison de Liga sur les rotules, en dix-neuvième position. Un cataclysme synonyme de descente en D2. À ce moment précis, Ranieri n’est plus au club depuis belle lurette. Mais pour bâtir son Chelsea, Claudio pourra compter sur Jerrel, fantasme d’une saison madrilène si paradoxale.

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#49 - Jan Oblak

On peut être vieux et ne jamais avoir marqué l’histoire, comme on peut être jeune et déjà avoir son nom gravé dans le marbre. Quand Jan Oblak succède à Thibaut Courtois dans les cages de l’Atlético de Madrid, c’est surtout la pression qui pèse sur les épaules de ce géant slovène venu de Benfica. Trois saisons plus tard, Oblak s’est mis ce poids entre les gants et l’a brisé sans l’ombre d’une hésitation. Oui, Oblak n’a que 24 ans, mais c’est peut-être là toute sa force. Capable de parades de folie sur sa ligne comme ce triple arrêt monstrueux contre le Bayer Leverkusen en mars dernier, il co-détient avec Paco Liaño le plus petit nombre de buts encaissés pour un gardien récompensé du trophée Zamora, soit 18 en 38 journées.

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#48 - José Luis Capón

« Mon meilleur souvenir dans ma relation avec l’Atlético, c’est quand j’allais au stade Metropolitano avec mon oncle voir jouer l’équipe. J’ai eu cette grande chance de naître Atlético, de vivre Altetico et de jouer pour l’Atlético près du Manzanares, tout près de là où j’étais né, à Legazpi. » Le crâne dégarni, mais la moustache mythique toujours bien portée, José Luis Capón est un homme aux plaisirs simples. Le défenseur latéral aurait pu parler de ses deux Liga remportées en 1973 et 1977, de la Coupe intercontinentale glanée en 1975 contre Independiente. Mais non. Capón n’est pas un homme qui aime ressasser les conquêtes victorieuses. À l’image de son hyperactivité dans les couloirs de l’Atlético des années 1970, Capón considère les Colchoneros comme une famille où il aura passé dix saisons comme joueur, avant d’être intégré dans l’organigramme du club. « Mon vœu le plus cher ? Voir l’Atlético remporter la finale de la Coupe du Roi au Bernabéu, avouait-il en début avril 2013. Je voudrais faire partie du public et que vienne ce jour où nous allons remporter le derby. » Un souhait exaucé un mois plus tard, pour son plus grand plaisir.

#47 - Lyuboslav Penev

Dans l’ombre de l’enfant terrible Hristo Stoichkov, un autre buteur bulgare avait pour habitude de sévir en Liga. Au contraire du Ballon d’or 1994, il jouait au FC Valence, avait les cheveux courts et le sang aussi froid que son regard au moment de se retrouver face au but. Pour autant, la grande année de Lyuboslav Penev en Espagne se fait sous le maillot de l’Atlético de Madrid. Transféré à l’été 1995, ce renard des surfaces intègre une équipe ultra complète où il inscrit la bagatelle de 33 banderilles en 44 rencontres. De quoi jouer un rôle majeur dans la conquête historique du doublé coupe-championnat de 1996 récolté par les Matelassiers. Comme souvent avec l’Atlético, ce rôle de finisseur ne dure que le temps d’une saison, puisque Penev part vagabonder du côté de Saint-Jacques de Compostelle par la suite. Lubo Penev s’interdira sûrement de le dire depuis sa récente nomination comme entraîneur de la réserve du FC Valence, mais cette parenthèse de goleador colchonero reste pour beaucoup la plus bandante de sa carrière.

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#46 - Eugenio Leal

Formé dans les catégories de jeune du club, Eugenio Leal n’est pas natif de la capitale espagnole, mais c’est tout comme. Élevé sur les bords du Manzanares, Cheli intègre l’équipe première comme attaquant dans un premier temps, puis prend ensuite un rôle majeur dans l’équipe en tant que meneur de jeu, et ce pendant dix saisons sous le maillot madrilène. Fan absolu d’Adelardo Rodríguez, Eugenio Leal devient un modèle de sobriété, de vision du jeu, mais surtout de travail. Sa carrière prend un tournant radical lorsque, dans un derby madrilène en 1979, il se déchire les ligaments croisés après un attentat de Juan Cruz Sol. Une blessure que Cheli ne parviendra pas à effacer complètement, d’où sa régression sportive par la suite. Aujourd’hui, l’homme coule des jours heureux en compagnie de sa femme en Andalousie. Même si de temps en temps, une petite visite à Madrid ne fait jamais de mal.

#45 - Arda Turan

La folie guerrière de l’Atlético de Madrid en un seul homme. Arda Turan en rouge et blanc, ce sont quatre saisons pleines à Madrid, où le Turc deviendra champion d’Espagne avec Diego Simeone, et assistera blessé à la défaite des siens en finale de C1 2013-2014 face à l’ennemi merengue. « Il fallait se rendre à Lisbonne pour la finale de Ligue des champions. Là-bas, vous auriez pu voir quel club des deux avait le plus de fierté. Nous avons perdu 4-1, mais nos supporters ont été de loin les meilleurs  » avait-il alors affirmé. Capable de coups de sang démentiels comme ce jet de chaussure en direction d’un juge de touche contre le FC Barcelone, Arda quitte Madrid pour le Barça à l’été 2015, pour s’offrir le luxe de jouer avec son idole, Andrés Iniesta. Sympa, mais moins rock’n’roll.

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#44 - Roberto Solozábal

Formé au club, intégré au groupe professionnel en 1987 et capitaine du doublé coupe-championnat de 1996, Roberto Solozábal ne garde pourtant pas de bons souvenirs de Radomir Antíc, son entraîneur à l’époque. Au départ de l’embrouille, Solozábal, défenseur central de formation, refuse de jouer arrière gauche contre le Barça lors d’un match déterminant pour l’attribution du titre de champion d’Espagne. Ni une ni deux, le joueur est envoyé en tribunes par le coach. « Avec Antíc, j’ai eu pas mal de soucis, mais celui-là, c’était le pompon, rigole-t-il dans une interview pour le magazine Esquire. Si tu regardes bien toute l’équipe du doublé, en trois ans, Antíc la détruit. Notre relation, c’était une question d’égo. » Considéré comme un personnage entier qui ne cache pas ses états d’âme, le joueur finit par poser problème à la direction, qui décide de le céder au Betis Séville. Malgré cela, Solozábal prouve à tous son savoir-vivre au moment de soulever le trophée de la Coupe du Roi, après la victoire face au Real Madrid au Santiago-Bernabéu. Il laisse cet honneur à Tomás Reñones, autre grande figure de l’Atlético, annoncé sur le départ. Le respect des anciens.

#43 - Tiago Mendes

Ses larmes pour sa dernière sortie au Vicente-Calderón ont émues tout un stade. Remplacé à la 87e minute de jeu par son coéquipier Angél Correa, Tiago fait tomber le masque et craque au moment d’enlacer son coach Diego Simeone. Pour son dernier match, le Portugais portait le brassard de capitaine cédé par son acolyte du milieu de terrain, Gabi Fernández. « Prolonger avec l’Atlético de Madrid, ce n’est pas une option. Je ne pourrais jamais accepter un nouveau contrat dans ces conditions. Je ne signerai pas de nouveau contrat car je sens que je ne suis plus au niveau des mes coéquipiers. Pour être dans cette équipe, il ne faut jamais rien lâcher. » C’est donc après avoir remporté une Liga, une coupe d’Espagne, une coupe de l’UEFA, une Supercoupe d’Europe que le milieu de terrain rend son tablier. « L’Atlético de Madrid m’a touché dans mon cœur et je serai pour l’Atlético de Madrid durant le reste de ma vie, confie-t-il à Record. Ce que j’ai connu ici, mon expérience dans ce club, est différente de ce que j’ai vécu dans les autres clubs. Je ne suis pas né Colchonero, mais je vais mourir Colchonero. » Dans une magnifique sépulture.

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#42 - Christian Vieri

Radomir Antić, coach de l’Atlético de 1995 à 1998 : « Marquer 24 buts en 24 matchs de championnat, ça te prouve déjà la qualité de sa saison au sein de l’Atlético. Mais Vieri, c’était bien plus qu’un simple buteur. Pour les supporters, il est devenu un joueur charismatique au sein du club en très peu de temps. Au départ, j’avais eu quelques discussions avec lui sur son positionnement sur le terrain. Mais très vite, j’ai compris qu’il était une vraie machine à buts et je l’ai utilisé comme cela tout le reste de cette saison 1997-1998 où il termine Pichichi en fin de saison. Vieri, c’était la vitesse et la puissance cumulées. Pour un entraîneur, c’est un luxe de l’avoir dans son effectif car il pèse énormément sur les défenses et sa technique est remarquable. Le meilleur exemple, c’est ce but qu’il marque en Coupe d’Europe contre le PAOK Salonique. Vieri était un danger permanent, capable de marquer à n’importe quel endroit du terrain. Chez lui, l’impossible n’existait pas. » Propos recueillis par AD.

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#41 - João Miranda

Oui, il est possible de passer comme un fantôme au FC Sochaux-Montbéliard, puis de figurer parmi les plus grandes légendes de l’Atlético de Madrid. Heureusement pour Miranda, son talent n’est pas passé au travers deux fois sur le Vieux Continent. Les Rojiblancos mettent le grappin sur le triple champion du Brésil (avec São Paulo) la même année où Diego Simeone vient dicter sa philosophie à Madrid. Et même si le coach arrive six mois après la signature du Brésilien, l’osmose entre les deux hommes est excellente. Pour les socios, Miranda rappelle avec son aspect plus technique que physique Luiz Edmundo Pereira, stoppeur légendaire de l’Atlético. Au-delà de ses conquêtes nationales et européennes, Miranda est l’auteur du but qui permet à l’Atlético de Madrid de remporter la coupe d’Espagne en 2013 contre le Real, après de très intenses prolongations (2-1). Un bon coup de boule dans le visage de l’ennemi de toujours, ça soulage.

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#40 - Antonio López

« Faire partie de ce top des joueurs historiques du club, c’est une grande fierté, un réel plaisir. Depuis tout petit, j’avais ce rêve de pouvoir jouer un jour pour l’Atléti. J’ai déjà eu la chance de pouvoir l’accomplir, mais ce qui est arrivé par la suite était quelque chose d’inespéré, une sorte de conte de fées. Quand je démarre en équipe première, j’ai 18 ans et nous sommes en deuxième division. La remontée dans l’élite, c’était mon premier moment de joie intense, même si je ne jouais pas beaucoup. Ensuite, les années sont passées et j’ai pu participer à la renommée européenne du club, avec ces deux C3 et cette Supercoupe d’Europe. Avoir été capitaine de cette équipe et soulever ces trophées, c’était fabuleux. Mais c’est surtout le sentiment familial que je retiens. S’il y a bien une chose qui caractérise l’Atlético de Madrid, c’est cette union des supporters avec l’équipe. L’aide du public transcendait notre équipe à aller toujours plus haut. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer… Mais c’est normal, car c’est quelque chose qui se ressent à l’intérieur. » Propos recueillis par AD.

#39 - Henry Carlsson

Champion olympique à Londres avec la Suède en 1948, Henry Carlsson arrive dans la capitale espagnole une année plus tard. À Madrid, le blondin formera en compagnie de José Juncosa, Larbi Ben Barek, José Luis Pérez-Paya et Adrián Escudero la bien nommée delantera de cristal (attaque de cristal, en VF). Un surnom auquel viendront s’attacher plusieurs titres avec deux championnats d’Espagne en 1950 et 1951, mais aussi une coupe Eva Duarte, ancêtre de la Supercoupe d’Espagne. Petit par la taille avec ses 163 centimètres, mais grand par sa science du déplacement, Garvis, homme venu du froid, avait dans ses veines la culture de l’effort si chère à l’Atlético de Madrid, une facilité à toujours se démarquer et du feu dans les jambes pour dribbler ou organiser le jeu de son équipe. Mais surtout, Carlsson avait un surnom qui ne décollait jamais de son visage : Smiley. Un sourire disparu en 1999, à 82 ans.

#38 - José Francisco Molina

Radomir Antić, coach de l’Atlético de 1995 à 1998 : « Pour bien comprendre le personnage de Molina, il faut savoir qu’il est un précurseur dans la nouvelle utilisation que nous avons actuellement chez les gardiens dans le football espagnol. Il prenait le rôle d’un homme libre devant une défense toujours avancée. Sa force en tant que gardien, c’était d’avoir une excellente lecture du jeu et une capacité d’anticipation très développée. Nous n’avions pas peur de prendre des buts car nous savions que notre jeu était tourné vers l’offensive de façon naturelle. Et lorsque le moment était venu d’armer une contre-attaque depuis notre propre surface, Molina était toujours utile pour une relance de la main précise ou un dégagement au pied vers nos attaquants. Si nous avons réalisé le doublé coupe-championnat en 96, c’est grâce à l’équipe, au collectif. Mais Molina, c’était le point de départ de toute cette organisation. » Propos recueillis par AD.

#37 - Maxi Rodríguez

« J’aurais aimé jouer pour Diego Simeone car c’est quelqu’un de très intelligent et qui sait comment motiver ses troupes. Pour lui, le football, ce n’est pas un travail, c’est un mode de vie. Il devrait avoir un monument à son nom. » Si la rencontre entre les deux Argentins ne s’est jamais faite, il est clair que Maximiliano Rubén Rodríguez pouvait apparaître comme l’un des fils du Cholo. Milieu de terrain à vocation offensive, il se caractérise par cette volonté de ne jamais rien lâcher. La preuve : à 36 ans, La Fiera (Le Fauve, en VF) s’est lancé fin juillet dans un nouveau défi avec le CA Peñarol. Maxi Rodríguez à l’Atlético, c’est 139 matchs pour 42 buts inscrits de 2005 à 2010. Exemplaire sur le terrain, Maxi symbolise le souvenir de cet Atlético besogneux qui montait en puissance pour aller glaner de futurs titres. Un homme de l’ombre, en somme.

#36 - Francisco Campos

Issu des Îles Canaries, Francisco Campos Salamanca débute sa carrière dans la région de Las Palmas, mais l’arrivée de la guerre civile espagnole va obliger ce puissant gaucher à prendre du retard dans sa carrière. Une fois le conflit terminé, il s’engage au cours de la saison 1939-1940 pour l’Athletic Aviación Club de Madrid, ancienne appellation de l’actuel Atlético. Avec sa nouvelle équipe, le buteur participe grandement à la conquête de la toute première Liga remportée par le club, puis glane une seconde Liga consécutive dans la foulée. Membre éminent de ladite delantera de seda (attaque de soie, en VF) en compagnie de José Juncosa, Antonio Vidal, Alfonso Silva et Adrián Escudero, Campos impose son style pragmatique à se créer un chemin jusqu’au but. Si leurs compères d’attaque se distinguaient par d’autres qualités, Campos et Escudero étaient les vrais buteurs de cette époque dorée de l’Atlético. L’histoire en est d’ailleurs encore marquée, puisque Campos est à ce jour le troisième plus grand buteur du club, avec 144 pions toutes compétitions confondues.

#35 - Tómas Reñonés

Troisième joueur le plus capé de l’histoire du club avec 463 matchs, ce latéral droit était aimé de son président, Jesús Gil. Passés les trophées et une fantastique carrière de douze ans à l’Atlético, Reñonés se voit proposer par son ancien patron un poste plus politique : devenir maire de la commune de Marbella. Une semaine après sa succession à la maire sortante, Reñonés est arrêté le 27 juin 2006 puis condamné à quatre mois de prison ferme dans le cadre de l’affaire Malaya, qui impliquait corruption, malversations d’argent public et trafic d’influence sur plusieurs associations de la région. « La prison n’a rien à voir avec ce qu’on nous montre à la télévision, expliquait-il dans une interview donnée à Marca en 2007. C’est une chose à laquelle tu dois te plier. Tu ne vois plus ta famille, tes amis… Vivre en prison, c’est une galère qui te fait changer toutes tes perceptions. Là-bas, il faut vraiment vivre en équipe. Les gens t’observent mille fois, tu te demandes si tu es si dangereux que ça pour mériter d’être dans cet endroit. Et même si tu le désires, tu as peur d’en sortir. » De nouveau condamné en 2016 à trois ans et demi de prison ferme pour corruption passive et fraude dans cette même affaire, Reñonés poursuit son chemin de croix.

#34 - Antoine Griezmann

«   Est-ce que l’Atléti dépend trop de Griezmann ? Autant que le Barça avec Messi, Suárez et Neymar. » Ce 1er mars 2016, Diego Simeone lâche une punchline dithyrambique à l’égard de son attaquant de pointe. Une situation plutôt cocasse, quand on sait que dès son arrivée à Madrid, Toto cire le banc de touche et comprend alors que le Cholo ne va lui offrir aucun privilège malgré son statut de recrue phare. « Au départ, les séances d’entraînement étaient très dures à suivre, rembobine Grizou dans une interview donnée au País en septembre 2014. Mais je suis arrivé à passer au-delà de cette angoisse. En fin d’entraînement, je manquais d’air et je ne sentais plus mes pieds. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est l’intensité et la concentration que demande Simeone pendant ses séances. » Plus complet, plus guerrier, Griezmann franchit un nouveau pallier avec Simeone. Trois ans plus tard, il n’a pas encore remporté de titre avec l’Atlético. La faute, peut-être, à ce penalty envoyé sur la barre de Keylor Navas en finale de la Ligue des champions 2015-2016. Toujours est-il que le joueur, classé troisième au classement du FIFA Ballon d’or 2016, entre déjà dans la cour des grands.

#33 - Sergio Agüero

Vendu pour 23 millions d’euros à l’Atlético de Madrid sans être pour autant majeur, Agüero bat tous les records de précocité. Après une saison d’acclimatation, le gamin aux cheveux longs rentre dans le onze titulaire et doit parvenir à effacer la grande blessure populaire du départ vers Liverpool de Fernando Torres. Agüero devient essentiel dans le dispositif rojiblanco et s’illustre avec brio pour qualifier le club en C1, une première depuis dix ans. Par la suite, Kun constitue l’une des paires d’attaquants les plus prolifiques de l’histoire du club avec Forlán, de quoi récolter la coupe UEFA et la Supercoupe d’Europe en 2010 avec son premier club européen. Si son départ à Manchester City l’été suivante incite le président Cerezo à le qualifier de « stupide » , Agüero n’en démord pas. « Je comprends le public et rien ni personne ne viendra ternir tout ce que j’ai vécu ici. Je donne toute ma reconnaissance à l’institution, ses employés et au public. L’Espagne va me manquer, mais je sais qu’un jour, nos chemins se recroiseront. » Il a également dit qu’après City, il rentrerait en Argentine…

#32 - Filipe Luís

« Je suis resté un an à Chelsea, mais quand la saison s’est terminée, la possibilité de revenir est arrivée. J’avais déjà dit à mes représentants que c’était la seule option possible de partir. Si l’Atlético me voulait à nouveau, je partais. Sinon, je restais à Chelsea. » Il faut croire que l’Atlético de Madrid avait eu beaucoup trop de mal à se séparer de son arrière gauche emblématique. En même temps, le fait de passer quatre saisons à moissonner les trophées, cela laisse une certaine trace. Parti à Londres en même temps que Diego Costa à la suite d’une finale de C1 perdue à Lisbonne, Filipe Luís revient et échoue une nouvelle fois en finale à Milan, contre ce maudit Real Madrid. Peu importe pour le Brésilien, le plaisir est entièrement retrouvé. « Ce qui est bien, c’est que je me sens avec une volonté et une ambition plus forte que jamais, explique l’intéressé à Marca en septembre 2016. Je suis prêt à continuer de me battre et d’aider l’équipe à remporter des titres. Le jour où je perdrais cette motivation, là je me poserai des questions. » Un mec en pleine bourre.

#31 - Bernd Schuster

Parmi les joueurs transférés d’un club à son ennemi intime, Bernd Schuster pourrait faire partie des plus détestables. Leader du Barça de 1980 à 1988, l’Allemand signe ensuite au Real Madrid où il reste deux ans, avant de s’engager à l’Atlético de Madrid. Malgré ce CV de mercenaire, chaque passage de Schuster dans ces clubs s’est bien passé. Grâce à quoi ? Grâce à son talent de meneur de jeu, connu et reconnu de tous les experts. « Je crois que Simeone est un joueur avec lequel j’aurais connu une association parfaite, explique en 2014 le coach de Málaga en visite au Vicente-Calderón. Sa façon de jouer, sa hargne sur le terrain… Oui, nous aurions pu connaître de bons moments ensemble. » Manque de pot, le Cholo et El Nibelungo se sont manqués pour une année. Mais cela n’a pas empêché Schuster de laisser son empreinte à l’Atlético, où il remporte deux coupes d’Espagne consécutive, notamment celle de 1991-1992 où il crucifie son ancien employeur merengue, d’un magnifique coup franc au Santiago-Bernabéu. Une façon de se faire un peu plus aimer par sa nouvelle famille.

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#30 - Koke Resurrección

Le cœur de la réussite actuelle de l’Atlético de Madrid se situe sûrement dans la trajectoire de carrière de Koke Resurección. Perçu très tôt comme l’un des grands espoirs espagnols des années 2010, il est lancé dans le grand bain par Abel Resino le 19 septembre 2009 contre le FC Barcelone. À moins d’un véritable cataclysme au sein de la gestion du club en interne, Koke, prolongé en mai dernier jusque 2024, sera colchonero à vie. « Ici, j’ai pratiquement tout gagné et j’espère vraiment continuer dans ce club pendant de longues années pour remporter d’autres trophées, avouait-il lors du dernier match de l’histoire de l’Atleti au Vicente-Calderón en fin de saison. J’aimerais prendre ma retraite sportive ici. On ne sait jamais trop ce que nous réserve le football, mais ce serait une belle histoire, après avoir commencé à jouer ici dès mes huit ans. Dans ce stade, je venais avec mon père, mon grand-père et mon frère. Ça, je m’en souviendrai toute ma vie. Je m’asseyais dans le coin de corner dédié à Pantić, avec ce bouquet de fleurs. C’est incroyable de voir ces personnes qui m’encouragent depuis la tribune alors qu’il y a une poignée d’années, j’étais assis à leur place. » À 25 ans et 323 matchs joués pour son Atlético, Koke peut devenir le joueur le plus capé de l’histoire du club et pourquoi pas dépasser le mythe Adelardo. Le jeu en vaut bien la chandelle.

#29 - Enrique Collar

Bien avant El Niño Torres, il y avait El Niño Collar. Intégré au sein de l’équipe première en 1953, il va former avec son acolyte Joaquín Peiro la Ala infernal (l’Aile infernale, en VF), redoutée de toute l’Espagne. Champion d’Espagne en 1966, triple vainqueur de la Coupe du Roi et vainqueur d’une C2 en 1962 avec les Rojiblancos, Collar éblouissait la foule par sa vitesse et son engagement. Sa sortie sera quelque peu manquée par l’Atlético, qui le laisse partir à Valence sans lui rendre l’hommage qu’il mérite. Le 28 mai 1972, l’Atlético décide donc de se rattraper dans un match amical face au Bayern Munich. Collar reçoit une médaille du mérite, de nombreux hommages des peñas et son propre fils organise sa sortie d’honneur lors de son remplacement. À 38 ans et quatre ans après sa retraite sportive, Collar joue quinze minutes puis sort sous l’ovation générale du Vicente-Calderón. « Merci beaucoup. L’Atlético s’est magnifiquement comporté, je suis sans voix. » La classe à l’état brut.

#28 - Diego Forlán

Pour le dernier match de l’histoire de l’Atlético de Madrid au Vicente-Calderón, Diego Forlán était assis en tribunes, invité. « Les Atléticos savent que j’aime ce club, pour ce que j’y ai vécu et à chaque fois, les supporters me le démontrent dans n’importe quel endroit de la planète où je me rends. Dans les rues de Madrid, je le vois ces derniers temps. Tous m’arrêtent et me demandent à prendre une photo avec eux. Cela me rend très heureux de voir que le temps n’a aucun effet sur ces personnes qui m’aiment. » En quatre saisons passées chez l’Atlético, Forlán aura joué 198 matchs pour 96 buts inscrits, soit une moyenne proche d’un but toutes les deux rencontres. Parmi ses faits d’armes, l’Uruguayen termine Pichichi de la saison 2008-2009 devant des pointues comme Samuel Eto’o, David Villa ou Lionel Messi. Il marque aussi le doublé décisif dans la conquête de la Ligue Europa 2009-2010, en finale contre Fulham (2-1), après une attente de 36 ans d’un nouveau titre continental chez les Colchoneros. Ça mérite bien quelques photos dans les rues de Madrid.

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#27 - Abel Resino

« Avoir joué au sein de l’Atlético de Madrid a été une fierté. Aujourd’hui, je peux même aller discuter avec les anciennes légendes de ce club, c’est un grand honneur. C’est un club où la culture de l’effort est omniprésente de partout. Toutes les générations s’entendent entre elles, les anciennes comme l’actuelle, et cela montre à quel point nous sommes une famille. Personnellement, je suis très fier d’avoir pu garder pendant longtemps de nombreuses années ce record d’invincibilité européen (1275 minutes, ndlr) où nous avions une équipe fantastique, travailleuse et solidaire. Je me souviens très bien du but contre le Sporting Gijón, qui met fin à mon invincibilité. Lorsque le but arrive, tout le stade se lève et applaudit Luis Enrique. C’est sûrement la seule et unique fois que l’Atlético de Madrid a applaudit un but encaissé dans son propre stade… Être de l’Atlético, c’est un sentiment particulier. » Propos recueillis par AD.

#26 - Iselin Santos Ovejero

Robuste défenseur central, Ovejero, surnommé El Cacique del área (Le Tyran de la surface, en VF) n’est pas du genre à lâcher le morceau au marquage, surtout pour des légendes comme Johann Cruyff. Un soir de décembre 1973, le Hollandais volant inscrit un but d’une talonnade aérienne devenue légendaire. « Avant cette fameuse action, Johan m’avait déjà provoqué en duel, en cherchant à me faire un sombrero depuis le sol, par-dessus la tête, racontait le joueur dans le So Foot 100% Cruyff. Il avait cherché à me rendre ridicule sur le coup, mais ce n’est pas passé. Et quelques minutes plus tard, il y a ce but. C’est un geste que seuls ceux qui détiennent un don peuvent sortir. » Avec deux Liga et une coupe d’Espagne gagnées, l’Argentin fait aussi partie de l’équipe finaliste de la première finale de C1 du club en 1974. Bref, un colosse.

#25 - Juan Carlos Arteche

Son décès en 2010 à cause d’un cancer a fait l’effet d’une bombe au sein de la famille rojiblanca. Depuis plus d’un an, Arteche luttait contre la maladie, son plus gros combat devant tous les matchs où El Algarrobo (arbre méditerranéen, ndlr) mouillait le maillot de son Atlético de Madrid, de 1978 à 1989. Pour les socios, les années Arteche à l’Atlético sont l’occasion de voir les qualités essentielles qu’un défenseur et capitaine identifié chez les Colchoneros doit posséder : la volonté, l’effort, la souffrance et l’estime de soi. « Je n’ai jamais eu peur d’un adversaire, expliquait le joueur dans une interview à As en 2006. Arteche le disait lui-même : il se considérait comme un « Atlético mélancolique » , soucieux de voir l’Atlético du début des années 2000 dans une mauvaise posture. Depuis son petit nuage, il doit maintenant profiter du spectacle proposé.

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