L'EFRBS est sans doute le plus joli des cadeaux pour les fortunes de l'île. Créé en 2006, le mécanisme est simple : l'employeur ouvre ce fonds de retraite EFRBS, y dépose de la maille, sans plafond et « va flécher les sommes en question vers une personne physique déterminée » nous explique Jean-Marc Benammar, consultant et professeur associé à l'Université Vincennes-Paris 8. Le tout est non-imposable. Sortez les cahiers, étude d'un cas pratique par Prof Benammar : « Partons du salaire hebdomadaire de Vieira, 100.000 livres par semaine. Dans le système classique, Vieira coûte à son club 2,7 fois le montant de son salaire en cotisations sociales, environ 270.000 livres ici. C'est cher. Donc, disons qu'on donne en salaire 50.000 livres à Vieira, et les 50.000 livres restantes, on les place sur un EFRBS à destination de Vieira. Les frais de gestion sont de 6% sur chaque montant versé sur ce fond » . Calcul : les 50.000 livres en bas de la fiche de paie de Pat' coûtent 135.000 livres à City et les 50.000 autres livres versées sur le fonds de retraite coûtent 3.000 livres au club. Et Vieira n'est imposable que sur les 50.000 livres mentionnées sur sa fiche de paie. Tout le monde gagne sauf l'Etat, qui perd 132.000 livres de cotis' per week et 25.000 livres par semaine sur le salaire de Vieira. Car, oui, nous avons oublié de vous préciser que le taux d'imposition des revenus les plus élevés du Royaume (tranche supérieure à 150 000 livres par an) est passé depuis avril dernier à 50%. Saleté d'Etat.
Problème : le joueur ne peut toucher la thune placée sur le fonds que vers la soixantaine. Benammar enfonce le clou : « Eh bien non, c'est là où le système est incroyable. Vous ne pouvez pas retirer l'argent, là il serait imposable, mais vous pouvez le placer, acheter des actions, des obligations, de l'immobilier, des bonnes bouteilles de vins même. Ce qui est extraordinaire, c'est que vous pouvez emprunter de l'argent à l'EFRBS. Repartons sur Vieira. Imaginons qu'il veuille acheter une cinquième villa sur la Côte d'Azur à 3 millions d'euros. Vieira emprunte à son EFRBS pour acheter la villa, ce qui n'est pas imposable, parce que c'est un prêt. Donc Vieira emprunte à Vieira, peut rembourser quand il veut, aux conditions qu'il veut. Vous évitez en fait tous les écueils fiscaux possibles et imaginables. C'est sensationnel ! Au lieu d'avoir une baraque à son nom, Vieira aura une baraque au nom de son EFRBS, alors qu'il en est le bénéficiaire. Il ne fera travailler son argent que par prêt pour échapper à l'impôt » . Banane géante, évasion fiscale sans placement off-shore. Tout est légal.
Et si vous voulez encore plus vous gaver, vos placements off-shore peuvent aussi nourrir votre EFRBS. Benammar, ultra-calé sur le sujet, poursuit : « Quand Nike par exemple fait un contrat avec un joueur, le plus souvent le contrat porte avec une société qui détient les droits d'image du joueur et qui se trouve bizarrement aux Bahamas ou aux Iles Caïman. Cet argent, vous pouvez le blanchir en le rebalançant sur l'EFRBS » . Argent qu'on peut de nouveau investir. Double banane venue des Caraïbes.
Selon The Independent, la majorité des clubs de Premier League ont recours à ce système de fonds de retraite pour gonfler les salaires de ses joueurs, faire en sorte que leurs vedettes leur coûtent le moins possible. « C'est comme ça qu'on peut payer un Wayne Rooney 200.000 livres par semaine. C'est forcément plus facile » conclut Jean-Marc Benammar. Mais le bananier est devenu beaucoup trop gros, surtout dans le contexte anglais actuel et la presse anglaise annonce sa très prochaine suppression par le gouvernement de Cameron. Quid des conséquences sur la Premier League de cette potentielle décision ? Explications, toujours avec Jean-Marc Benammar, dans une deuxième partie. Fermez les cahiers.
Ronan BOSCHER
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