Raymond, c'est non
Le tenue de l'élection elle-même a été une petite épopée. Après la démission de Thiriez en avril dernier, le directeur général de la LFP Didier Quillot avait assuré l'intérim de la présidence en annonçant une élection le 5 octobre. Tant pis pour le respect des dates, l'assemblée générale de l'institution s'est finalement réunie ce vendredi 11 novembre pour remplir les urnes. Candidat proposé par le conseil d'administration, Raymond Domenech pensait sans doute avoir un boulevard, avec seul Jean-Michel Roussier pour lui faire face. Les 66% de votes qui se sont abattus contre lui l'ont rapidement conduit à faire marche arrière. Plus aucun candidat sous la main, qui pour venir sauver ce petit monde ? La réponse tenait en cinq mots, Nathalie Boy de la Tour. Née en 1968 – une belle année pour qui veut initier une révolution –, la nouvelle présidente de la LFP a découvert le ballon rond sur le tard, mais s'est plus que solidement intégrée à ce milieu depuis qu'elle le fréquente. Sortie d'école de commerce, puis ayant démarré son parcours professionnel par des activités de consultante et des gros postes dans des agences de communication, elle arrive au football un peu par hasard, mais met rapidement le pied à l'étrier. Après la réussite des salons Galaxy Foot, on lui propose en 2008 de rejoindre la Fondation du football, structure qui vient d'être fondée par les politiques Philippe Séguin et Patrick Braouezec, pour monter des projets mettant en avant certaines des valeurs du football. Le nom a depuis été changé en FondaCtion, mais le principe reste le même, et Nathalie Boy de la Tour en est la déléguée générale depuis le premier jour.
En tandem avec Didier Guillot
Élue en juillet 2013, elle est la première femme membre du conseil d'administration de la LFP, où elle mène une carrière discrète, sans compte Twitter ni Facebook. Appréciée de tous, on lui avait déjà proposé la présidence par intérim en avril dernier. Elle avait refusé, tout comme elle avait d'abord refusé d'être candidate à l'élection du 11 novembre, et ce n'est qu'après un premier tour de scrutin pour rien que la Ligue lui a demandé de se lancer. Immédiatement après son élection, tout le monde jubilait, et se félicitait d'avoir élu une femme. « Je voulais une femme à la tête de la LFP depuis juin » , jure Bernard Caïazzo, quand Bertrand Desplat tonne : « C'est une femme formidable, je peux vous assurer qu'elle ne sera pas une potiche. » Noël Le Graët compte sur elle pour « calmer des hommes excessifs, parfois passionnés » , quand Jean-Michel Aulas, qui l'avait recrutée à l'OL Fondation, veut sa part des louanges : « C'est moi qui l'ai fait entrer à la Ligue comme administratrice, parce qu'elle est compétente. » Pourtant, l'intéressée n'est pas du genre à mettre en avant son féminisme à tort et à travers, même si elle se réjouissait en 2014 de secouer un peu cet univers masculin : « Les femmes sont au cœur de l’éducation dans la société actuelle, et alors même qu’elles étaient absentes dans le monde du football. Nous les trouvons désormais sur ce terrain pédagogique. » Élue pour quatre ans, elle doit désormais montrer qu'elle n'est pas un choix par défaut, et surtout cohabiter avec Didier Quillot, à qui les nouveaux statuts donnent presque tous les pouvoirs, quand la présidence devient un rôle de représentation. Bonne nouvelle, les deux se connaissent bien, et la présidente parle de « duo complémentaire » . Nathalie est enfin prête à sortir du bois.
Par Alexandre Doskov
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