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Le TGV Maicon redémarre
Sur le banc pour les deux premiers matches de la Seleçao, Maicon a profité de la mauvaise prestation de Dani Alves pour s'offrir une place de titulaire lors de la victoire face à l'Equateur. Animé d'une énorme volonté de bien faire, le latéral droit de l'Inter Milan a tout simplement été étincelant. Et si elle était là, la véritable botte secrète de Menezes ?
Certains diront qu’il s’agit d’une coïncidence. D’autres y verront là une logique implacable. Question de point de vue. Premier match de la Copa America : Brésil-Venezuela. Maicon est sur le banc. La Seleçao ne s’en sort pas, déçoit, et n’obtient qu’un nul, 0-0. Deuxième rencontre, Brésil-Paraguay. Maicon est toujours sur le banc. Les Brésiliens risquent gros et se sauvent à la dernière minute, 2-2. Dani Alvès effectue une prestation catastrophique. Dernier match des phases de poule, Brésil-Équateur. Menezes change et offre une place de titulaire à Maicon. Le Brésil régale enfin et s’impose 4-2. Lien de cause à effet ? Pas forcément. Mais peut-être. Car lors de cette rencontre, le TGV Maicon a été étincelant. Virevoltant même, comme rarement au cours de la saison qui vient de s’écouler. Débordements, centres en pagaille et un caviar en fin de rencontre pour Neymar : en dynamitant la défense adverse, le joueur de l’Inter a lancé un message très clair à son homologue du Barça. Celui qui souhaitera occuper ce poste là devra être le meilleur. La « concurrence stimulante, » comme on dit.
Maicon 1, Dani Alvès 0
Voilà de quoi mettre dans l’embarras Mano Menezes. Devoir choisir entre Dani Alvès et Maicon, vraisemblablement les deux meilleurs latéraux droits du moment, est un problème de riche. Mais un problème tout de même. Or, au terme du succès contre l’Équateur, le sélectionneur ne tarit pas d’éloge sur celui qu’il avait décidé de titulariser pour l’occasion, et fait le point sur la situation. « Quand vous avez deux joueurs exceptionnels, vous devez faire des choix. C’est ce que j’ai fait avec Maicon, il a d’énormes qualités. L’équipe est parvenue à passer de nombreuses fois sur le côté droit. Mais Daniel Alves ne cesse pas d’être un grand joueur pour autant. J’ai 22 joueurs, je dois pouvoir avoir confiance en chacun d’entre eux » affirme-t-il en conférence de presse. Jolie pirouette pour faire passer la pilule. Car ce soir, pour le quart de finale face au Paraguay, Dani Alvès sera à nouveau sur le banc. Maicon vient de remporter une bataille : sur cette bribe de Copa America, le meilleur, c’est lui. Sur l’ensemble de la saison, c’était loin d’être gagné.
De speedy à papy
Retour en arrière. Lors de la saison 2009-10, Maicon est impressionnant avec l’Inter Milan. Sur son aile droite, il devient le patron absolu de la Serie A et même de l’Europe. Avec son club, le joueur rafle tout (championnat, Coupe d’Italie, Ligue des Champions) et se permet même le luxe d’inscrire le plus beau but de la saison face à la Juventus : des jongles à l’entrée de la surface suivie d’une demi-volée dans le petit filet. A 29 ans, le joueur est alors à l’apogée de son art. Les dirigeants monégasques, qui l’avaient laissé partir pour quelques 6 millions d’euros en 2006, se tapent la tête contre les murs. Mourinho s’enfuit au Real Madrid et revient à Milan avec son président en char d’assaut. Dans les valises, 28 millions pour repartir avec Maicon. A prendre, ou à laisser. Le président Moratti veut faire monter les enchères jusqu’à 30. Le Real se rétracte. Maicon reste à l’Inter. Une déception cachée dont le joueur va avoir du mal à se remettre. Lors des premiers mois de la saison 2010-11, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Lent, prévisible, il n’apporte plus sa folie et les résultats de l’Inter en subissent les conséquences. Le 2 novembre, c’est la chute. A White Hart Lane, face à Tottenham, Maicon se retrouve nez à nez sur l’aile face à Gareth Bale et se fait humilier par la vitesse du fringant Gallois. La presse italienne l’accuse. Un homme qui doute.
Maicon 2 Reloaded
Parallèlement, en Seleçao, Maicon vit mal l’arrivée de Mano Menezes. Le nouveau sélectionneur lui préfère ouvertement Dani Alvès et n’a aucun scrupule à envoyer l’interiste sur le banc. Blessé dans son orgueil, Maicon profite de l’arrivée de Leonardo sur le banc de l’Inter pour se relancer. Mais des pépins physiques ne lui permettent de participer qu’à 28 matches de Serie A, son plus faible total depuis son arrivée en Italie. Il offre tout de même quelques prestations de qualité, notamment face au Genoa (5-2) ou au Chievo (2-0). Encore une fois, lien de cause à effet ou non, sa moins bonne saison avec le maillot de l’Inter correspond à la fin de règne du club de Moratti, qui abandonne son trône au profit du Milan AC. Maicon s’interroge : aurait-il fait la saison de trop en Italie ? Aurait-il dû partir au Real Madrid? Va-t-il être désormais obligé de rejoindre Roberto Carlos à l’Anzhi pour donner un coup de fouet à sa carrière? Des questions existentielles que le joueur a continué de se poser ces dernières semaines, lorsqu’il regardait Dani Alvès occuper un poste qui aurait pu être le sien. Et puis, une nouvelle chance est tombée du ciel. Un déclic. Un nouveau départ, peut-être. Ce soir, face au Paraguay, Maicon devra prouver à Menezes qu’il mérite sa place et sa confiance. Et il voudra également confirmer qu’à 30 ans, il peut toujours prétendre à une chose. Être, encore, le meilleur latéral droit au monde.
Eric Maggiori
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