- Euro 2012
- Bélarus/France
Le soleil se couche à l’Est
Au bout du bout de la fin de saison, la France doit mettre un coup de cravache en Biélorussie pour valider (ou presque) son billet pour l'Euro 2012. Allez, un dernier effort !
C’est un peu le signe du temps qui passe. Quand un Didier Deschamps explique à l’envi que chacune de ses saisons était balisée par les rendez-vous avec l’équipe de France, il faut aujourd’hui trouver des trésors de motivations pour mettre encore quelques coups de colliers en sélection après la fin de la saison en club. Mais c’est ainsi et, en ce sens, le voyage en Biélorussie n’est pas la plus mauvaise destination du moment pour les Bleus. D’abord parce que les trois points en jeu pourraient quasiment, en cas de succès, permettre à l’intendance tricolore d’ores et déjà de réserver l’hôtel lors de la phase finale de l’Euro. Ensuite parce qu’il y a l’idée d’une revanche à prendre. Evidemment, à chaque fois, joueurs et entraîneurs expliquent la main sur le cœur qu’ils ne font pas appel à ce genre de moteur. C’est faux, archi-faux. Il faut entendre les mecs en off expliquer que leur coach a scotché sur le paper board la feuille de match de la défaite initiale ou une vanne acide d’un adversaire. Oui, les footballeurs ont un fonctionnement tribal urbain qui obéit à certains codes : comme on cherche la balance en cas de fuite, on met en œuvre des représailles en cas de rouste. Et il se trouve que la Biélorussie avait infligé aux Bleus une petite humiliation au Stade de France (1-0) lors du premier match officiel de l’ère Laurent Blanc. Alors question motivation, la France devrait avoir de quoi faire.
Les quotas ? Déjà du passé…
En d’autres temps, malgré l’importance comptable et les comptes à régler, c’est un déplacement qui aurait généré un certain ennui. Sauf qu’aujourd’hui, il n’y a jamais plus rien de tranquille avec l’équipe de France. Sa constance depuis dix-huit mois à générer des scandales ou des affaires en tous genres font que la moindre sortie est escortée de sa charge de fébrilité. Cette fois-ci, l’homme au cœur des questions n’est ni plus ni moins que Laurent Blanc lui-même. C’est en effet son premier match depuis la fameuse affaire des quotas. Il paraît que ce n’est plus le même homme et que ces quelques semaines en pleine tourmente lui ont fait prendre dix ans d’un coup. C’est probablement vrai, tant la machine médiatique ne fait pas de quartier à ce degré d’exposition. En son temps, Raymond Domenech avait expérimenté ce genre de tourbillon pour avoir seulement ironisé sur les « fonds de tiroirs » qu’il avait dû racler pour composer sa sélection avant d’être repris de volée encore et encore. Une expérience qui lui avait fait perdre de son franc-parler. Mais on notera malgré tout la différence de traitement réservé à Ray pour quelques goguenardises malvenues en conférence de presse et Blanc pour avoir cautionné l’idée la plus abjecte de l’histoire du football français. Car il faut bien le dire, l’orage est désormais passé et on ne sait pas si Blanc doit remercier les tribulations de DSK ou sa Fédé pour avoir jeté le bébé avec l’eau du bain. L’affaire semble désormais loin et ceux qui restent sur leur faim quant à cet épilogue n’ont plus qu’à se bouffer les doigts ou ce qu’ils veulent car la Trois F fonctionne un peu comme les Trois Suisses : passé un court délai, l’heure n’est plus aux réclamations.
Sakho, c’est déjà demain
Du coup, Blanc va pouvoir se concentrer sur ce fameux match à Minsk qu’il devrait aborder avec un 4-2-3-1 qui rappelle que là encore Domenech s’est tapé sur ledit système de drôles de procès dont est exonéré son successeur et pour cause : ce qui compte ce n’est pas tant le schéma que son animation. Bizarrement, les Bleus n’arrivent pas forcément dans les meilleures conditions sur le plan individuel mis à part Adil Rami, son doublé historique avec le Losc et son show d’adieu digne de « Dancing with the star » . Lloris en a chié jusqu’au bout avec Lyon (c’est lui qui le dit, ndlr), les Gunners (Sagna, Diaby et Nasri, ndlr) sortent de trois mois de black-out total, Abidal et ses kilos en moins font vraiment flipper, Evra vient de se faire humilier en mondovision par Messi, Pedro et cie, Alou Diarra affiche la même forme que Mahamadou Diarra, Ribéry sort d’une année compliquée avec le Bayern et Benzema a passé toute sa fin de saison à jouer des matches pour du beurre et à regarder du banc ceux qui comptaient vraiment. Pour la plupart, ce rendez-vous en sélection ressemble donc à une très agréable sortie de fin d’année. Pour Mamadou Sakho, ce sera peut-être un peu plus que ça. Le jeune Parisien est un monstre, on en a désormais la certitude. L’absence de Philippe Mexès prendrait presque des allures de rampe de lancement pour le jeune central de vingt-ans si Blanc n’avait pas comme idée de constante de maintenir sa confiance à la charnière titulaire Mexès-Rami. Il n’empêche, le gamin peut d’ores et déjà prendre date pour après l’Euro 2012. Mais pour l’heure, il s’agit avant tout de fixer les dates de la phase finale en question. Et le faire dès ce soir serait une riche idée.
Par Dave Appadoo
Par