Futsal, hépatite et clavicule
Pourtant, dès sa tendre enfance, Léo voue un culte au ballon rond. Mais sur un terrain plus petit, où le gazon n’a pas sa place. C’est avec le futsal que le garçon enchaîne les grigris dans des gymnases rustiques de sa cité portuaire. À voir sa technique gracieuse pour un gabarit comme le sien – 75 kilos pour 1 mètre 81 –, ses exploits ne passent pas inaperçus. Par le biais d’un ami familial, il troque son terrain aux dimensions de handball pour une pelouse bien plus imposante. Et traverse l’Atlantique vers un continent à l’environnement bien différent. À l’aube de la saison 2008-2009, le complice paternel l’envoie au Rayo Vallecano, club alors englué dans les bas-fonds du football professionnel espagnol. Du haut de ses 16 printemps, l’acclimatation européenne est délicate. La faute à une santé en carton qui lui offre une hépatite en guise de cadeau de bienvenue. Illico, le minot s’en va se refaire une santé dans son Brésil natal, le papa étant médecin. Pour son retour, un imbroglio avec la Fédération ibère l’envoie au CD San Fernando de Henares parfaire sa formation sur grand terrain. Galère, mon amour.
Bien décidé à réussir, Leonardo Carrilho Baptistão ne se laisse pas dépérir dans ce fanion de périphérie madrilène. Mieux, il retrouve le chemin de la capitale et du quartier de Vallecas une saison plus tard, en 2010. Le temps pour lui d’imposer sa patte sur la réserve franjirroja durant une cuvée complète, sans gros pépin physique. Une mission qu’il réussit avec brio. À l’orée du millésime 2011-2012, cette fois pour de bon, le gamin s’apprête à faire ses grands débuts chez les professionnels. Les prémices sont des plus encourageants. Lors d’un amical face aux Italiens de Cagliari, il apprécie son premier tremblement de filet. Le 10 août, à quelques encablures de la reprise officielle de la Liga, il est aligné lors du trophée de Vallecas face au Sporting Gijón. Et là, patatras ! Suite à une lourde chute, le garçon se relève l’épaule dans le sac. Malgré un membre en bandoulière, la direction du Rayo l’imagine déjà dans l’apparat de la relève locale. Le tout frais président Raúl Martin Presa lui propose tout de même une prolongation de quatre ans. Le bail court désormais jusqu’au 30 juin 2015.
« Je m’identifie à Cristiano Ronaldo »
Cette confiance placée en lui, Léo la rend de la plus belle des manières. Durant la pause estivale, les deux fers de lance offensifs du Rayo Vallecano se font la malle. Michu file au Pays de Galles pendant que Diego Costa revient à l’envoyeur à l’Atlético Madrid. Malgré son physique de lâche, son coach Paco Jémez le convoque en équipe première. Trop juste pour s’offrir le premier frisson de la saison, le technicien brésilien est aligné d’entrée pour le déplacement en terre sévillane. À l’heure de jeu, c’est même lui qui offre la victoire à la rayure du Rayo. « Je suis le garçon le plus heureux du monde » , déclare-t-il du haut de ses vingt piges dans une jovialité toute contenue. Son caractère, lui, est bien plus posé. Ce qui lui permet de garder les pieds sur terre : « Je fais tout ce que je sais faire, jouer au football. Maintenant, nous devons garder la tête froide et continuer à travailler de la sorte. » Et le labeur paie. Lors des deux dernières sorties, Léo a conquis Paco Jémez et glané ses galons de titulaire. Pour quelqu’un qui « s’identifie à Cristiano Ronaldo » , les statistiques actuelles le portent même devant son idole. Pas plus tard que ce dimanche face à l’Atlético, il a inscrit son deuxième pion saisonnier. Marca l’a gratifié d’un 7, soit la meilleure note du Rayo Vallecano. Pas mal pour un éclopé promis à une carrière de footballeur en salle.
Vidéo
Par Robin Delorme, à Madrid
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