Goal volant
On n’avait plus autant parlé de Grégory Wimbée depuis des années. D’ailleurs, il se peut que dès aujourd’hui, dans les cours de récréations toulousaines, le poste de « goal volant » revienne à la mode plus vite que prévu. La faute à Ali Ahamada, héros local depuis samedi soir et devin à ses heures perdues. « J’ai eu un flash dans ma tête. J’ai vu que j’allais marquer et qu’après, j’allais aller voir le public. J’avais tellement la rage de vaincre et cette détermination de revenir au score que je m’imaginais en train de marquer et de célébrer. Je ne me suis pas posé de question » , a confié le buteur d’un soir, tout sourire lors de la conférence de presse d’après-match. Si le portier toulousain semble aussi épatant en voyance que sur sa ligne, madame Irma n’a strictement rien à voir avec le fait qu’il soit plus à l’aise que l’ami Wimbée pour fêter ses buts.
En fait, des pions, le jeune Ali en a déjà marqué. Et pour cause, du haut de ses 21 ans, il a écumé « pratiquement tous les postes, sauf latéral » . Défenseur en poussin, à cause de sa grande taille, milieu en benjamin, puis avant-centre ou ailier en minimes. Le natif de Martigues a beaucoup bougé – et donc marqué – avant de se stabiliser un peu par hasard au poste de gardien de but. C’est lors d’un tournoi interdépartemental en minimes que le Comorien d’origine enfile pour la première fois les gants, la faute à une absence de portier. Ce jour-là, il claque une reprise de volée avant d’aller sagement dans les buts et de sortir deux pénos pour remporter la finale. L’histoire est belle, mais pas plus que sa progression.
Un gardien d’avenir
C’est face à Rennes, déjà, que le portier toulousain a croisé sa bonne étoile pour la première fois. Nous sommes en 2011, Ali a dix-neuf ans, et un concours de circonstances assez phénoménal fait que lui, le quatrième gardien du club, entre en jeu contre les Bretons et disputera les huit dernières rencontres de la saison. Depuis, les ombres de Pelé ou de l’autre espoir du Tef’, Marc Vidal, sont bien loin de lui. Titulaire à 38 reprises en Ligue 1 dans les buts de Toulouse, meilleure défense de l’Hexagone avec Montpellier la saison passée, il compte également neuf sélections chez les espoirs. Des statistiques, une évolution et, surtout, des prestations qui parlent pour lui. Et c’est tant mieux, car s’il avoue aimer « se faire plaisir en s’amusant lors des séances d’entraînement offensives » , Alain Casanova le remet vite en place. Imposant sur sa ligne, précieux dans les airs et à la relance, Ahamada est un showman assumé, qui connaît les défauts de ce genre de portier. D’un autre côté, lors de ce samedi qui restera dans l’histoire, Ali a fait le show pour un bon moment.
Par Swann Borsellino
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