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Le parcours des Dragons a-t-il réveillé un sentiment national gallois ?



Par Thomas Andrei, à Londres
Le parcours des Dragons a-t-il réveillé un sentiment national gallois ?


Une demi-finale de l’Euro, un vote pour quitter l’Union européenne et la question de l’indépendance remise au goût du jour. Pour le pays de Galles, l’été 2016 est déjà historique. Victoire contre le Portugal ou pas, Gareth Bale et ses potes ont réussi le pari de revigorer la confiance nationale de leurs compatriotes. Jusqu’à quel point ?

La veille de Galles–Angleterre, au comptoir d’un pub de Londres, Neil McEvoy conseille à qui veut l’entendre de miser sur son équipe : « Les paris sont faussés, car ils concernent tout le Royaume-Uni, et les Anglais parient beaucoup. Résultat : Bale marquant le premier est à six contre un. Je compte bien rembourser mon voyage avec ça. » Excité par son excursion à Lens, le shadow minister du parti nationaliste Plaid Cymru se fait plus grave à l’évocation du référendum à venir : « Si l’Angleterre vote pour sortir, on sort tous. On ne contrôle rien. Quelque part, être britannique, c’est être anglais. »

Bibliothèques, boxeurs et frissons

De l’autre côté de la Manche, un Bale tout sourire répond en conférence de presse à ses commentaires récents sur l’état d’esprit de l’adversaire : « Je ne dis pas que les Anglais n’ont ni passion ni fierté, je pense juste qu’on en a plus. Je pense qu’en matière de sport, que ce soit au football ou au rugby, on est plus forts à ce niveau-là. » Cet optimisme n’est pas forcément un trait de caractère généralisé chez le peuple de Galles. Quelque part, Cymru est le parent pauvre du Royaume-Uni. De l’Écosse, on connaît les kilts, le whisky, Sean Connery, Braveheart et Highlander. De l’Irlande, les farfadets, U2, l’IRA, les pintes de Guinness vidées dans les rues pour la Saint-Patrick et les trèfles à quatre feuilles. À l’étranger, il est difficile de parler du pays de Galles, même avec des clichés.

Ancien capitaine de la sélection féminine galloise, Laura McAllister reconnaît un certain complexe vis-à-vis des autres nations britanniques : « Déjà, nous sommes petits, on a seulement trois millions d’habitants. Historiquement, nos élites sont proches de l’Angleterre, ce qui fait que nous avons une relation culturelle étroite. Puis nous avons une longue frontière assez poreuse. En 2011, 20% de la population galloise était née en Angleterre. En Écosse, ce chiffre tombe à 9%. » Plus encore que les Écossais, les Gallois se sentent marginalisés par Londres. Si un certain sentiment national a pu être exalté du côté d’Édimbourg par le Scottish National Party (SNP), ce n’est pas le cas vers Cardiff, où le nationalisme fut quasi inexistant jusqu’aux années 90. Pour se distinguer des autres parties du Royaume-Uni, le pays de Galles est toujours passé par le sport. Enseignant en sociologie à l’université de Galles du Sud, Steve Williams fait un bond dans le passé : « L’identité galloise fut forgée dans les mines et les usines. Les Gallois combattaient pour une identité sociale à travers les syndicats, mais se battaient dans un contexte britannique, et non un contexte gallois. Après la bibliothèque, le football gallois est devenu la seconde entité nationale en 1876, avant le rugby. » Une affirmation identitaire plus tard portée par le boxeur Joe Calzaghe, le XV du poireau et la moustache de Ian Rush.

Pas de team GB au JO de Rio

De 1900 à 1960, cette spécificité du football est pourtant gommée par la sélection britannique, participant à chaque édition des JO. Mise en sommeil jusqu’en 2012, la team GB est réactivée pour les JO de Londres. L’équipe coachée par Stuart Pearce, à majorité anglaise, ne compte ni Écossais, ni Nord-Irlandais, mais bien quatre Gallois : Ryan Giggs, Craig Bellamy, mais aussi Aaron Ramsey et Neil Taylor, actuellement en France. Cet été, l’initiative ne sera pas renouvelée à Rio, après l’opposition des fédérations écossaise, nord-irlandaise et galloise. Si l’idée revenait sur le tapis, Laura McAllister pense qu’elle ne plairait pas à tout le monde : « Les fans de foot ne sont pas naturellement enclins à supporter une équipe britannique. Ils avaient aussi peur que le statut du pays de Galles à la FIFA ne soit menacé. » Du fait du parcours gallois à l’Euro, McAllister doute que l’expérience suscite beaucoup d’enthousiasme : « Si Ryan Giggs et Craig Bellamy ont participé, c’est parce qu’ils étaient à la fin de leur carrière et qu’ils n’avaient jamais pris part à une compétition internationale. Ils compensaient. Mais Ashley Williams, Joe Allen, Gareth Bale ont joué l’Euro et espèrent sincèrement jouer la Coupe du monde. »

Plus qu’une simple opportunité de briller, porter le maillot gallois semble revêtir un caractère particulier pour l’ensemble de l’équipe. Après le match contre la Slovaquie, Bale narrait avec emphase comment ses coéquipiers s’agrippaient dans un frisson général à l’écoute de l’hymne national. Aaron Ramsey affiche, lui, sa welshness en tweetant régulièrement en langue galloise, et on ne peut s’empêcher de voir une dimension politique à l’explosion de joie du groupe, à la suite de l’élimination de l’Angleterre. En plantant douze buts pour trois encaissés en cinq matchs, la sélection a déclenché une ferveur sans précédent. Comme à la fan zone d’Anglesey, petite île perdue au nord-ouest où la joie des supporters couvre les voix des commentateurs, s’exprimant eux aussi en gallois. Selon Laura McAllister, l’aventure a « donné un boost à la confiance nationale » . Un succès sur lequel Plaid Cymru pourrait s’appuyer.

D’une cote passée de 80 contre 1 à 6 contre 1

Dès l’annonce de la victoire du vote Leave au référendum concernant la sortie de l’UE, les mouvements nationalistes du Royaume-Uni multipliaient les déclarations. L’Angleterre vote pour le Brexit, mais les Nord-Irlandais pour rester ? Le Sinn Féin appelle à la réunification de l’Irlande. Plus de 62% d’Écossais crient leur attachement à Bruxelles ? Le SNP suggère un nouveau référendum d’indépendance. Leader de Plaid Cymru, Leanne Wood suit le mouvement, émettant le souhait de remettre la question de l’émancipation à l’ordre du jour. Pourtant, le pays de Galles a bien voté Leave, à 53%. En 2015, une étude de la BBC montrait que seulement 6% de la population galloise rêvait d’indépendance. Néanmoins, 40% des sondés désiraient doter l’Assemblée locale de plus de pouvoir. Laura McAllister explique : « Les gens veulent plus d’autonomie. L’indépendance, c’est une autre histoire. À l’inverse de la Catalogne ou de l’Écosse, nous n’avons pas vraiment une économie capable d’être une plateforme pour l’indépendance. » Or la performance des Dragons à l’Euro pourrait donner un coup de pouce financier. Grâce aux hommes de Coleman, la petite Football Association of Wales a déjà empoché 16,5 millions d’euros. L’exploit sportif et le comportement des fans pourraient aussi intéresser des cerveaux du marketing en Amérique du Nord et en Asie.

De retour à Cardiff, Neil McEvoy est gorgé d’espoir. « Plaid Cymru a toujours fait campagne en croyant aux capacités du pays de Galles. On peut être une nation aisée. On peut mettre fin à la pauvreté qui existe depuis si longtemps. On peut être un peuple libre. Et maintenant, on peut dire qu’on peut gagner l’Euro. » Au début de la compétition, la cote du pays de Galles pour la victoire finale était de 80 contre 1. Depuis les quarts de finale, elle est passée à 6 contre 1. Parieur chevronné, Neil McEvoy y croit. « Si on gagne l’Euro, ce sera un des plus grands exploits sportifs de l’histoire. Mais ça semble être notre truc de faire l’histoire ces temps-ci. Crois-moi, on peut le faire. »

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