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Le nouveau PSG, vu par les anciens
Benoit Cauet, Lionel Letizi, Youri Djorkaeff et Vincent Guérin... Les anciens livrent leur avis, leurs espoirs et leurs doutes sur le PSG version Qatar.
« C’est une très très bonne nouvelle, parce que Paris mérite d’être en haut de l’affiche » . Benoit Cauet est dans le même état d’esprit que tous les autres, excité à l’idée de revoir les plus grands fouler la pelouse du Parc. Ils ont côtoyé les Rai, Weah et autres Ginola, porté le maillot Opel du grand PSG des années 90, ce Paris champion de France et d’Europe. Alors qui de mieux que les anciens pour juger ce nouveau PSG, repris par un fonds du Qatar, qui prend tout doucement forme, et qui veut booster une Ligue 1 sous somnifère, que même un OM de nouveau champion de France et un beau Lille n’ont pas su réveiller. « Ca serait juste aujourd’hui que le PSG récupère sa place. L’argent apportera des bons joueurs, des meilleurs, et ça donnera des résultats plus importants. Amener 3/4 joueurs de grande qualité va amener beaucoup d’enthousiasme à Paris, le Parc a besoin de retrouver des étoiles » , s’enflamme Cauet.
Des grands noms, un Parc qui vibre, des titres. Le père Noël qatari est prié d’apporter tout ça, avec son traineau de pétrodollars. Et l’éthique dans tout ça ? On ne va se mentir, elle passe après. « Il vaut toujours mieux avoir des moyens que pas de moyen. Si les Parisiens pures souches ont des finances limitées, alors pourquoi ne pas faire appel à des investisseurs extérieurs ? » , demande Lionel Letizi. « Moi je vois le bien du PSG, qui souffre depuis des années, alors je me dis que ça ne peut être que positif » , confirme Cauet.
Leonardo, l’homme providentiel ?
S’il en est un qui, en tout cas, fait l’unanimité parmi les anciens, c’est bien Leonardo. Balayé Alain Roche, le Brésilien est amené à devenir le nouvel homme fort du club, sorte de José Anigo à la parisienne, chargé à la fois des histoires de vestiaires (relations aux joueurs, composition d’équipe) et de bureau (relations avec les gentils Qataris, transferts). Dès lors se pose le problème de sa place dans l’échiquier politique du club, à la droite de Kombouaré et à la gauche de Leproux. Ou comment intercaler un gros volume dans une étagère déjà pleine de livres… Une question domestique qui n’a pas l’air d’inquiéter outre-mesure Lionel Leitizi. Au contraire, pour l’ex-gardien des bois parisiens, le choix de l’ancien entraineur de l’Inter, de par sa sérénité et son expérience, pourrait bien s’avérer payant. Selon lui, le Brésilien aurait le profil pour compléter voir tempérer le caractère vitaminé d’Antoine Kombouaré : « Leonardo a l’air d’être quelqu’un de tranquille, de posé. Je ne le connais pas personnellement mais je sais qu’il ne va pas faire n’importe quoi et qu’il peut même compléter Kombouaré grâce à son calme » .
Un constat optimiste que partage également Youri Djorkaeff. Le Snake, sublime joueur en son temps, n’a pas eu l’occasion de jouer avec Leonardo mais il lui confère néanmoins toute sa confiance : « On s’est raté de peu. En très peu de temps à l’Inter, il a démontré de vraies capacités. A mon avis à Paris, il aura un rôle plus en retrait qu’en Italie. Je pense que ça va fonctionner » . Pour rappel, il était prévu dans le deal de rachat entre Colony Capital et QSI, que les qataris, s’ils souhaitaient introniser un homme au poste de manager à l’anglaise, devaient quoi qu’ils arrivent laisser en place les actuels coach et président, artisans du renouveau parisien depuis deux saisons.
Capitaliser puis structurer
Le duo Leproux-Kombouaré a assaini le PSG, entre un actionnariat un peu radin et une rigueur nouvelle visée. Les anciens du PSG sont unanimes, le fonds souverain qatari QIA doit désormais le relancer. Une vraie politique économique, et l’articulation court terme – long terme qui va avec. Vincent Guérin dresse un bilan rapide mais très positif du tandem aux manettes ces deux dernières saisons. Il souligne le besoin de capitaliser sur sa réussite pour enclencher une dynamique positive. « Ce qui a été fait depuis l’arrivée d’Antoine est très positif. Une équipe, du jeu, ce serait dommageable de balayer tout ça alors que ce club a besoin de stabilité » assure-t-il, aussi solidaire avec son ex-coéquipier… en rappelant toutefois les premières échéances à venir, car les contours du projet sont encore flous à un mois de la reprise du championnat. « Les exemples de Lyon et Marseille de l’an dernier montrent qu’il ne faut pas trop tarder et terminer le mercato le plus tôt possible. Là Antoine ne peut toujours pas avancer… » prévient celui qui avait marqué contre le FC Barcelone lors de la saison 94/95 dans un Parc en furie.
Lionel Letizi bascule lui sur des projections à plus long terme et souligne qu’à Paris, si les crises sont ancrées dans la quotidienneté, les Qataris devront s’y accommoder. « Il ne faut pas que les Qataris qui investissent se retirent à la première difficulté » , rappelle-t-il. Paris la capitale mondiale doit se positionner dans la durée en haut de la hiérarchie européenne. Alors que Londres compte au moins deux grands clubs, Arsenal et Chelsea, qui peuvent légitimement se retrouver en finale de la Champions League, Paris ne se réjouit en ce moment que d’un simple 8ème d’Europa League… Relance de la croissance par la demande à court terme (des stars, des buts, du spectacle, du kiff) à lier à une vraie politique structurelle : formation en région parisienne (un des plus grands terreaux d’Europe, le moins exploité aussi), renouvellement de l’appareil de production (rénovation du Parc en 2013-2014), et plan de communication international (Paris ville lumière, viser des stars bankables). Un vrai programme présidentiel donc. La conclusion est pour Djorkaeff : « La transition a été bien faite, maintenant qu’on sent qu’il y a du neuf, il faut que les gens reviennent au Parc, les bons supporters. C’était bizarre d’aller dans un Parc vide cette saison, sans ambiance » . Youri vise juste. Parce que si le Parc se remplit à nouveau lentement mais sûrement, la démocratie participative parisienne ne demande qu’à se reformer autour d’associations encadrées. Et tant pis si ça ne plaît pas à Chantal Jouanno…
Propos recueillis par Léo Ruiz, Thomas Lecomte et Antoine Mestres
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