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Le match que vous n’avez pas regardé

Par Julien Duez, au Stadion des Friedens
Le match que vous n’avez pas regardé

Un amical de préparation dans un stade de D8, de la saucisse grillée, des chaussettes dans des sandales, un ancien international allemand qui se relance en D4, des casquettes de Dortmund et trois buts refusés. Tout ça, c’est l’Energie Cottbus qui reçoit les Bohemians de Prague et c’est le match que vous n’avez pas regardé.

Energie Cottbus 2-2 Bohemians Prague

Buts : Björn Ziegenbein (45e), Streli Mamba (77e) pour les Lausitzer // Micha Svec (15e), Evgeni Kabaev (88e) pour les Bohemka

À Finsterwalde, charmante bourgade verdoyante au sud de la province du Brandebourg, on aime chanter. Au XIXe siècle, le compositeur Wilhelm Wolff fait un carton avec sa chanson Wir sind die Sänger von Finsterwalde (Nous sommes les chanteurs de Finsterwalde) et la cité se voit alors attribuer le surnom de Ville des chanteurs. En RDA, un festival de la chanson y est né et il perdure encore, tous les deux ans. Les intéressés peuvent donc déjà cocher le dernier week-end d’août 2018 dans leur agenda. Côté football, c’est un peu moins riant. L’équipe locale évolue en D8, mais s’est payé le luxe d’inviter les voisins de l’Energie Cottbus dans son bien nommé Stade de la Paix, un nom qui fleure bon le socialisme à l’ancienne et l’amitié entre les peuples. Et le peuple visiteur du jour vient de la voisine Tchéquie, dont la frontière n’est située qu’à quelques encablures de la région du Lausitz.

Graffitis anarchistes contre commentaires populistes

Aux abords du Stade de la paix, le public arrive au compte-gouttes depuis la gare où il effectue un chassé-croisé avec des festivaliers qui rentrent en direction de Berlin. « Haha ! Regarde, les voilà les antifas de Hambourg ! » , lance un moustachu déjà beurré à son camarade, devant la mine hirsute des fêtards. Le sommet du G20 vient de se terminer que les incidents provoqués par le black bloc dans les rues de Hambourg animent encore les débats. Même en face du stade, on trouve des graffitis appelant à l’anarchie. La révolution est en marche jusque dans les plus profondes campagnes.

En dehors de cette parenthèse politique, rien ne vient troubler ce chaud dimanche de juillet, à l’exception d’un bus vert orné d’un kangourou géant : celui des Bohemians de Prague. Les pensionnaires de D1 tchèque ont répondu positivement à l’invitation de leurs voisins qui s’apprêtent à entamer leur deuxième saison d’affilée en D4. Du côté des Vert et Blanc de Vršovice, pensionnaires de Liga Synot, la D1 nationale, la rencontre s’apparente à une promenade de santé. Le temps de l’échauffement, chacun y va de son pronostic, autour d’une saucisse grillée, d’un grand verre de bière et du nouveau maillot de l’Energie présenté pour l’occasion. D’aucuns tiquent devant les inhabituelles bandes bleues qui contrastent avec l’historique couleur rouge et rappellent une récente tunique du Bayern Munich, mais les plus avertis savent qu’il s’agit d’un rappel du vingtième anniversaire de l’accession de Cottbus à l’antichambre de la Bundesliga. Une époque révolue où le Lausitz brillait de mille feux sur la carte du football allemand.

Hat-trick de hors-jeu et hooligans taiseux

Sous la chaleur écrasante, les chaussettes blanches imbriquées dans des sandales sont légion. Mais contrairement à Layvin Kurzawa et son nouveau style, elles sont ici portées avec une décontraction déroutante. Plusieurs enfants, eux, se protègent du soleil avec autant de casquettes de Dortmund qu’il y a de vestes Chelsea dans les travées du Vélodrome. De l’autre côté de la piste d’athlétisme, des hooligans locaux cuisent à petit feu dans leurs vêtements noirs, en dépit de tout ennemi à attaquer aujourd’hui.

Sur le pré, les vingt-deux acteurs pratiquent un jeu rugueux qui dénote avec la finesse du gazon entretenu avec amour. Sur ce qui devient rapidement un champ de patates, les passes sont approximatives et les coups d’épaule nombreux. Malgré les 1400 spectateurs présents, l’ambiance est silencieuse. On se croirait à un match de tennis, où les bruits de la balle alternent avec les cris des joueurs et où chaque mine envoyée dans la forêt voisine suscite d’enthousiastes applaudissements. Largement dominé, Cottbus se voit pourtant refuser deux buts, à chaque fois sur une situation de hors-jeu quelque peu discutable. Les Tchèques profitent de ce contrecoup psychologique pour ouvrir la marque au premier quart d’heure par l’ancien héros de Heerenveen Michal Švec, deux sélections avec la Tchéquie à la fin des années 2000.

Mais Cottbus ne lâche rien et avant que l’arbitre n’ait le temps de siffler la mi-temps, c’est un autre trentenaire qui égalise : Björn Ziegenbein, qui portait lui aussi lors de la dernière décennie le maillot des sélections espoirs allemandes. Au retour des vestiaires, l’Energie effectue dix remplacements. Le seul rescapé s’appelle Maximilian Zimmer. Formé au Hertha Berlin, il comptait parmi les meilleurs espoirs d’Allemagne en 2008, lorsqu’il remporte le Mondial U17 aux côtés des dénommés Mario Götze, Shkodran Mustafi et Marc-André ter Stegen, avant qu’une rupture des ligaments croisés ne vienne ruiner ses espoirs de jouer au plus haut niveau. Première recrue du mercato de Cottbus, il est l’élément central du plan de jeu bâti par l’entraîneur Claus-Dieter Wollitz, qui ambitionne de remonter en D3 au terme de la saison. Sur son flanc droit, Zimmer régale par ses accélérations entrecoupées de crochet à en dégoûter les Pragois, pris au dépourvus par cet adversaire plus coriace que prévu. À l’entame du dernier quart d’heure – et alors que les Bohemians viennent à leur tour de se voir refuser un but – le jeune Streli Mamba reprend de volée un service venu de la gauche et donne l’avantage aux régionaux de l’étape. Dans les tribunes, le public chante avec ironie « Auswärtssieg, auswärtssieg ! » ( « victoire à l’extérieur » ) et donne du cachet à la performance que livre Cottbus.

Mais la joie sera de courte durée. Dix minutes plus tard, Evgeni Kabaev, un Russe né en Union soviétique, passé par l’Indonésie et devenu une star du championnat estonien, remet les pendules à l’heure. Sur le banc tchèque, on se congratule après ce nul arraché dans le money time, tandis que les quelques supporters des Bohemka se réjouissent d’avance de ce colosse arrivé cet été et en qui ils placent l’espoir de faire mieux que la treizième place glanée lors du dernier exercice. En attendant, ils se sont déjà donné rendez-vous le week-end suivant à Potsdam pour une nouvelle joute dans le Brandebourg face à un club moins sulfureux : Babelsberg.

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Par Julien Duez, au Stadion des Friedens

Photos : JD

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