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- 5e journée
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- Marseille/Fenerbahçe
Le match de Florian Raspentino
Pour beaucoup, sa non-entrée à Bordeaux s’apparente à une humiliation. Baup a calmé le jeu, l’ancien Nantais jouera ce soir avec l’OM contre Fenerbahçe. Enfin.
José Anigo et Élie Baup n’ont pas apprécié les blagues en cascade sur Fabrice Apruzesse après Bordeaux – Marseille. Le directeur sportif et l’entraîneur marseillais, qui voulaient avant tout se montrer solidaires, ont prouvé par là même qu’ils n’étaient pas non plus de fins connaisseurs du web. Ils ont visiblement appris dimanche soir que Twitter n’était ni plus ni moins qu’une machine à commenter ce qui se passe à la télé. Comme pour un politique dans Des paroles et des Actes ou un cas social dans Confessions Intimes, ce n’est pas l’être humain qui est visé, mais le spectacle proposé. Surtout, ils auraient dû comprendre que c’est une aubaine. Car la belle histoire de l’ancien chauffeur-livreur en a éclipsé une autre, où les vannes seraient beaucoup moins bien passées : celle de Florian Raspentino, première recrue de l’OM qui, au vu des changements à Bordeaux, se retrouve 3e choix de la réserve dans la hiérarchie des éléments offensifs. Étrange.
« Florian est un joueur de côté, pas de profondeur »
Car si Raspentino est venu gratuit de Nantes avec une seule saison pro dans les jambes, s’il incarnait donc bien malgré lui ce virage low-cost pris par l’OM dans le recrutement, ce n’est pas non plus un joueur fantôme. Il se fait d’ailleurs un plaisir de le rappeler lors des oppositions ouvertes au public entre l’équipe une et la réserve. Lorsqu’il prend la chasuble de ceux qui jouent normalement avec la CFA2 et qu’il claque des buts en dribblant à toute vitesse. S’il n’a pas été transcendant lors de ses entrées en jeu jusque-là, il y a quand même de quoi se demander pourquoi Baup traite celui qui a claqué 10 buts avec le FCN l’an dernier comme un jeunot du centre. Surtout à Bordeaux.
Plusieurs pistes. Contre Nice, là où l’OM se fait rejoindre dans les dernières minutes, il est à l’origine de la perte de balle fatale. Après ce même match, il a expliqué aux journalistes comment une séance avait été rajoutée le lendemain. Ou alors, cela vient peut-être tout simplement de son attitude générale face à un coach qui ne rigole pas avec la discipline. Toujours est-il que l’explication de Baup ( « La spécificité à Bordeaux voulait qu’on mette des attaquants de pointe, pour avoir de la profondeur. Florian est plutôt un joueur de côté, de construction du jeu » ) ne tient pas : si Apruzesse était dans le groupe, c’est parce que le réveil de Wesley Jobello, un jeune ailier du centre, n’a pas fonctionné lors du dernier rassemblement.
« Si je joue pas à Bordeaux, je joue quand ? »
Pour autant, l’entraîneur phocéen compte toujours sur le joueur : « C’est une évidence. Il a débuté contre Limassol, il a peut-être quelques difficultés à entrer en cours de match. Mais il me tarde de le revoir débuter. Pourquoi pas contre Fenerbahçe, effectivement… » Il y a une semaine, il avait balayé du bras la possibilité de le voir se faire prêter au mercato. Selon RMC, le joueur a sollicité un entretien avec son coach mardi. « Si je joue pas à Bordeaux, je joue quand ? » , aurait-il asséné. Contre Fenerbahçe visiblement. Où il faudra faire abstraction du contexte et des doutes pour prouver. Sacré challenge. Mais en même temps, Raspentino voulait sa chance, il l’a. Ce soir peut-être, il sera un des sujets préférés des réseaux sociaux. Mais s’il a 90 minutes et un sourire de son coach, il s’en foutra pas mal.
Par Romain Canuti