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Le jour où tout le monde a cru que Luc Besson allait investir au Paris FC

Par Adrien Hémard
5 minutes
Le jour où tout le monde a cru que Luc Besson allait investir au Paris FC

Bien aidé par le SC Bastia, le Paris FC est de retour en Ligue 2. Une nouvelle page pour le club francilien, à l’ambition capitale. Une page qui aurait pu commencer il y a six ans avec un mec doué pour écrire de belles histoires. Juin 2011, la bombe est lâchée : Luc Besson va s’offrir le Paris FC. Incarnation de la réussite française, cinéaste à succès et surtout millionnaire, le Parisien de naissance serait tombé amoureux du grand bleu des maillots du PFC. La rumeur enfle, la presse s’emballe. Un peu trop. En réalité, le réalisateur n’a jamais voulu dépenser un centime pour le foot. D’ailleurs, il n’y connaît absolument rien. Retour sur le jour où Luc Besson n’a pas du tout voulu acheter un club de foot.

31 juin 2011, siège d’EuropaCorp, studio de cinéma fondé et détenu par Luc Besson. Entre deux tournages, le réalisateur français a donné rendez-vous aux dirigeants du Paris FC, Guy Cotret et Pierre Ferracci. Un an après l’approche de Bernard Tapie, une autre grande figure française se positionne pour le rachat du PFC et va enfin en faire le deuxième club de la capitale. Même si, pour l’heure, un léger contretemps pousse EuropaCorp à retarder la réunion. C’est en tout cas ce que croit savoir la presse francilienne. En réalité, cette rencontre n’aura jamais lieu. Pire, elle n’a jamais été prévue, puisque qu’en vérité, Luc Besson n’a aucune intention de racheter le Paris FC.

Un imbroglio médiatique parisien

À l’époque, le PFC vient de terminer sa saison dans le ventre mou de National, à une douzième place loin des objectifs de montée clamés par le club malgré « la meilleure équipe de l’ère moderne du club » selon le président Cotret. Bref, une fois de plus, le PFC a déçu. Décidé à jouer dans la cour des grands, le Paris FC reste un Minimoy dans l’ombre du PSG. Une situation appelée à changer. C’est dans ces conditions que naît la folle rumeur de l’intérêt prononcé de Luc Besson pour le club. La presse est unanime et formelle, le Frenchie d’Hollywood s’apprête à racheter le PFC dans un projet porté par Yassine Belattar, humoriste en pleine ascension. Très vite, le nom de Pape Diouf circule aussi. Tout s’emballe, l’affaire est pliée. Puis, badaboum, plus rien. La fameuse réunion censée conclure le deal sonne en vérité son clap de fin. Ou plutôt l’absence de cette réunion. « C’est moi qui organisais les rendez-vous avec le club à l’époque, donc je peux affirmer que cet épisode est de la pure invention. Il n’a jamais été question de ça » , témoigne Yassine Belattar.

Après la nouvelle de cette rencontre avortée, EuropaCorp met définitivement les choses au clair dans un communiqué : « Nous démentons toute intervention de Luc Besson au sein du Paris FC. Toute idée d’investissement est complètement fausse. Il n’en a jamais été question. Jamais Luc n’investirait dans un club de football. Les seuls contacts entre Luc et le Paris FC, c’était dans le cadre de la fondation Luc Besson. Nous démentons totalement. » La suite, c’est Yassine Belattar qui l’explique : « Les rumeurs d’investissements ont été inventées. Il ne connaît pas le foot, donc c’est faux. Il n’a jamais pensé ou désiré investir dans le foot. Moi, je voulais reprendre le PFC à l’époque, je cherchais un appui moral que j’ai trouvé en lui. » Là est le cœur de l’imbroglio médiatique. Le véritable candidat au rachat du Paris FC est en fait Yassine Belattar, qui cherche simplement des soutiens de poids. Le jeune humoriste pense alors à Besson : « Parce qu’on était en pleine construction de sa cité du cinéma en Seine-St-Denis, où il investissait beaucoup. J’ai compris qu’il avait la même vision et surtout les mêmes projets que moi pour la banlieue et son développement, son évolution. » Une alliance de circonstance.

Oxmo Puccino, Pape Diouf et dauphins

Une démarche mal expliquée à l’époque, que détaille aujourd’hui Yassine : « L’idée, c’était d’acheter le PFC et de mettre des amitiés autour comme Besson ou Oxmo Puccino, de leur faire porter le maillot et de montrer le club. Sauf que le nom de Luc est tellement énorme, surtout par rapport au mien, que ça en a excité plus d’un.« Luc Besson rachète le PFC »c’est beaucoup plus élégant que Yassine Belattar. » À l’heure du bilan, Belattar accuse donc la presse parisienne de s’être emparée d’un sujet qu’elle ne maîtrisait pas du tout. « Ça fait partie de la vie médiatique footballistique. Luc n’est pas au courant du quart de l’affaire. J’ai été pris par cette enflammade, et le journaliste en question a continué à raconter n’importe quoi. » Une situation qui sonne la fin de l’entente entre Belattar et Besson, qui, lors d’un dîner au resto, annonce à Yassine qu’il ne peut plus le soutenir moralement à cause de ces rumeurs. La faute notamment à la capitalisation en bourse d’EuropaCorp, dont l’action pourrait s’écrouler à cause de telles rumeurs.

Un coup dur pour Yassine, qui garde néanmoins un bel atout dans sa manche : Pape Diouf. L’ancien président de l’OM faisait, lui, bel et bien parti intégrante du projet. « Je l’ai sollicité pour mon projet initial au PFC, il était d’accord, mais on avait du mal à trouver le financement. À l’époque il a failli récupérer le PFC, et si ça avait été fait, aujourd’hui le club serait aux portes de la Ligue Europa. » Un vrai faiseur de miracles, ce Pape. Mais aujourd’hui, Yassine reconnaît que la venue d’un tel président était disproportionnée pour le PFC de l’époque. Passé entre-temps par l’AJ Auxerre, l’humoriste est enfin parvenu à intégrer Paris FC en tant que conseiller du président. Aujourd’hui, il se prépare à nouveau à entrer dans le capital du club, en toute discrétion pour ne pas ternir son image d’humoriste : « Ma notoriété sera toujours au service du club. Mon entrée dans le capital se fera prochainement, discrètement et surtout avec plus de maturité qu’en 2011. À l’époque, je voulais faire parler de moi, c’était réussi. » Six ans plus tard, l’humoriste a retenu la leçon et clarifie définitivement la situation : « Luc a d’autres priorités d’investissements que le foot, l’écologie par exemple. Il est bien plus proche des dauphins que de Ronaldo. » Bientôt un remake de Sauver Willy ? C’est bien connu, Luc Besson aime le grand bleu.

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Par Adrien Hémard

Tous propos recueillis par Adrien Hémard.

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