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Le jour où Petit Pirlo a brillé lors d’un Euro espoirs

Par Éric Marinelli et Romain Duchâteau
Le jour où Petit Pirlo a brillé lors d’un Euro espoirs

À trente-six ans, Andrea Pirlo continue toujours de jouer les chefs d'orchestre et de distiller ses caviars sous le maillot de la Nazionale. Une habitude prise très tôt, dès l'Euro espoirs avec la sélection italienne en 2000. Il y a quinze ans, l'actuel Bianconero illuminait le championnat d'Europe de son élégance et offrait le titre à son pays. Retour sur une période où le beau et jeune Andrea n'était pas encore barbu, mais déjà différent des autres.

4 juin 2000. Le Tehelné pole de Bratislava est bouillant. Pour cause, les supporters tchèques ont effectué le court déplacement en masse, pour garnir les quelque 30 000 places du deuxième plus grand stade slovaque. Un jeune homme va calmer leurs ardeurs, à lui seul ou presque. Il n’est pas encore le Metronomo bresciano – tout du moins n’ose-t-on pas encore l’appeler ainsi -, mais son instrument de prédilection est déjà réglé comme du papier à musique. Un pied droit merveilleux dont les plus belles notes ne demandent qu’à sortir. Il ne le sait peut-être pas encore, alors qu’il vient de fêter ses 21 ans, mais Andrea Pirlo écrit les premières lignes de sa symphonie. L’Italie est pourtant dominée en finale de cet euro Espoirs par la République tchèque. Malgré l’ouverture du score, sur penalty, de leur génial meneur de jeu, les Azzurrini souffrent et ont logiquement concédé l’égalisation. Christian Abbiati, dernier rempart de cette Nazionale U21, doit même s’employer à plusieurs reprises pour maintenir les siens à hauteur.

Seulement, le numéro 10 azzurro va enfiler son plus beau costume : celui du sauveur de la nation. À dix minutes du terme de la rencontre, l’arbitre suédois Karl-Erik Nilsson accorde un coup franc, à environ 30 mètres des cages adverses, aux hommes de Marco Tardelli. On pense à un tir puissant de Roberto Baronio, mais il laisse place à son coéquipier – aussi bien en club à la Reggina cette saison-là qu’en sélection – et ami. Pirlo ne lui fait pas regretter. Même démarche qu’aujourd’hui, pour la même précision. La trajectoire est parfaite, la frappe millimétrée, le ballon imparable. Andrea peut courir vers son banc, dans une effusion de joie qui rappelle celle mythique de son coach en 1982. L’Italie s’impose 2-1 et est championne d’Europe Espoirs pour la quatrième fois en huit ans et cinq éditions.

Vidéo

Destiné à briller

Pirlo se hisse sur le toit du Vieux Continent, mais n’est pas un vulgaire inconnu. Au pays, il peut déjà se targuer de jouir d’un solide crédit. Formé à Brescia où il intègre le groupe professionnel à quinze piges, dès 1994, l’enfant béni de Flero en Lombardie ne tarde pas à éveiller les attentes les plus folles. « C’est le meilleur jeune d’Europe. Je n’ai jamais vu un joueur pareil à son âge ! » l’encense à l’époque Mircea Lucescu, alors coach des Biancazzurri. Tellement prometteur que l’Inter Milan n’hésite pas à casser sa tirelire pour s’attribuer ses services, lors de l’été 1998. Plus qu’un transfert, c’est un rêve qui se réalise pour le milieu de terrain, lui le tifoso des Nerazzurri et fan inconditionnel de Roberto Baggio. Seulement, entre concurrence exacerbée dans le secteur offensif (Baggio, Recoba, Vieri, Zamorano, Ronaldo) et bal incessant d’entraîneurs (pas moins de quatre en une seule saison : successivement Simoni, Lucescu, Castellini, puis Hodgson), le jeune Andrea a du mal à trouver sa place. Il affiche pourtant 30 matchs toutes compétitions confondues, mais son compteur agit en trompe-l’œil puisqu’il doit le plus souvent se contenter de quelques minutes en fin de match. Devant cette situation, Pirlo accueille avec joie le prêt à la Reggina qui lui garantit du temps de jeu.

Là-bas, en Calabre, l’élégant Andrea débarque avec une jolie réputation. « Il avait à peine vingt ans et était déjà considéré par tous comme un fuoriclasse, se remémore Arnauld Mercier, alors membre de l’effectif calabrais. Puis il avait aussi un contrat avec l’équipementier Nike à l’époque, preuve qu’il était perçu comme un futur grand. Pour tout le monde, c’était phénoménal d’avoir Andrea Pirlo à la Reggina. Je me souviens notamment qu’il y avait plus de 2500 spectateurs à son premier entraînement. C’était de la folie ! » À l’époque, l’Italien ne brille pas en tant que regista, mais comme numéro dix derrière les attaquants. Un poste où il étale toutes ses qualités : lecture du jeu, vista, anticipation et passes délicieuses. Sans oublier, également, les coups de pied arrêtés. Déjà l’une de ses spécialités, comme le raconte Mercier : « Un épisode m’a impressionné à l’époque et je le raconte souvent. Lors de son premier entraînement, l’entraîneur adjoint de Franco Colomba lui a demandé à la fin de la séance de tirer quelques coups francs pour voir où il en était dans ce domaine. Le gardien numéro 2 est allé dans les cages et Pirlo lui met deux buts. Deux frappes en pleine lucarne. Sur sa troisième tentative, le gardien l’arrête parce qu’il avait cette fois anticipé sa frappe en lucarne. Sur trois coups francs, il t’en marque deux. C’était impressionnant, il avait déjà des pieds magiques. » Faisant ainsi de lui la principale attraction chez les Espoirs transalpins.

L’aboutissement d’un groupe

Quinze ans plus tard, le défenseur Bruno Cirillo, aujourd’hui revenu à la Reggina en Lega Pro, conserve un souvenir intact du sacre européen : « C’était magnifique. Gagner un championnat d’Europe est une émotion unique. Ce fut une très belle aventure, une expérience extraordinaire, dont je me souviendrais toute ma vie. Je pense que chaque joueur rêve de pouvoir gagner un Euro avec les Espoirs. » À l’époque troisième larron de la Reggina avec ses potes Pirlo et Baronio, Cirillo vante d’ailleurs le secret de la réussite transalpine : « Honnêtement, nous étions comme une famille. Le groupe respirait la joie de vivre ensemble. On était très unis et le résultat final le démontre très bien. » D’autant plus que le chemin fut semé d’embûches. L’aventure démarre au lendemain de la non-qualification de la génération Buffon pour l’Euro Espoirs 1998, avec la nomination de Marco Tardelli sur le banc des Azzurrini. Sur ses gardes suite à l’échec précédent, la jeune Nazionale gère, cette fois, de main de maître la première phase de qualification avec sept victoires et un nul.

La Squadra Azzurra peut aborder la dernière étape avant la phase finale : un barrage périlleux face à l’équipe de France en novembre 1999. Le match aller a lieu à Créteil au stade Duvauchelle. Coup dur : Andrea Pirlo doit déclarer forfait en raison d’une entorse de la cheville survenue à l’entraînement. Les Bleus de Domenech ne sont toutefois pas en reste avec la suspension d’Henry et les forfaits d’Anelka et Trezeguet. À l’ouverture du score de Ventola répond Maoulida. De quoi laisser toutes leurs chances aux deux équipes avant le match retour, trois jours plus tard, à Taranto. Cette fois, Pirlo et Henry sont bien là. Tout juste transféré à Arsenal, après seulement six mois à la Juve, l’attaquant français, déjà champion du monde, ne met d’ailleurs pas bien longtemps à se mettre en évidence. Une minute à peine après le coup d’envoi, Henry trouve le fond des filets. Mais les Azzurrini profitent de l’expulsion rapide de Bassila et égalisent à l’heure de jeu par Comandini. Plus rien ne sera marqué lors de la dernière demi-heure. On file donc en prolongation. Marco Tardelli hurle à Pirlo qu’il est le seul à pouvoir décider de l’issue de la rencontre. Chose dite, chose faite. Sur un coup franc à l’extrême limite de la surface, Pirlo ne laisse aucune chance à Landreau. Il vient de qualifier les siens pour l’Euro. Bruno Cirillo se souvient : « Avant ces confrontations, la France était considérée comme favorite par rapport à nous. Mais on a fait un gros exploit lors de ce match. Je me souviens très bien de l’ambiance incroyable à Taranto. »

Deuxième meilleur buteur et joueur le plus sélectionné en U21

Six mois plus tard, la Nazionale U21 doit se passer de deux hommes. Pour la bonne cause toutefois : les jeunes Massimo Ambrosini et Gianluca Zambrotta ayant effectivement été promus chez les grands, dans la sélection de Dino Zoff qui s’apprête également à disputer l’Euro. Qu’importe. L’entame face à l’Angleterre est parfaitement gérée avec une solide victoire 2-0. Le pays hôte slovaque est, lui, plus coriace. En plus d’être accrochée (1-1), la Squadra Azzurra déplore l’expulsion de Pirlo, dont elle sera privée pour le troisième et dernier match de poule, face à la Turquie. Une rencontre décisive aussi bien pour la qualification en finale que pour celle aux Jeux olympiques de Sydney ! La Nazionale doit également tenir compte du goal average en cas de succès de la Slovaquie contre l’Angleterre. En s’imposant 3-1, l’Italie assure toutefois sa place en finale, malgré la victoire 2-0 de la Slovaquie, dans le même temps.

Reposé, Andrea Pirlo, qui demeure encore à ce jour le joueur le plus sélectionné chez les Espoirs italiens (46) et le deuxième meilleur buteur derrière Gilardino (19 pions contre 16), se chargera de tout. Un succès à la hauteur de la fête qui suit, comme le confie aujourd’hui Bruno Cirillo : « Est-ce qu’on a bien fêté ce titre ? (rires) Ah ça oui ! Celle-là est inoubliable. On est rentrés à l’hôtel et on a fait une énorme fête tous ensemble, avec les gens de la Fédération. Le retour en Italie, le lendemain matin a été très compliqué. Inoubliable (rires). Ce sont des souvenirs qui te restent à vie. » Bien des années plus tard, l’actuel chef d’orchestre de la Juventus est, lui, revenu, non sans une once de nostalgie, sur ce qui reste le premier trophée de sa carrière : « Je voulais réussir un grand match. Je le devais à mes coéquipiers, qui ne m’avaient rien dit quand j’ai été expulsé. J’avais marqué deux buts, c’est inoubliable. »

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Par Éric Marinelli et Romain Duchâteau

Propos de Bruno Cirillo et Arnauld Mercier recueillis par EM2 et RD

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