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Le jour où les Palermitains ont trahi la Juve

Par Valentin Pauluzzi
Le jour où les Palermitains ont trahi la Juve

En 1979, Palermo, alors en Serie B, atteint la finale de la Coupe d’Italie contre la Juventus. Et pour la première fois, les habitants de la cité sicilienne sont confrontés à un sacré dilemme.

29, c’est le nombre de clubs de supporters labellisés Juventus qu’abritent la Sicile, de Marsala à Taormina, d’Agrigente à Messine en passant évidemment par Palerme. L’île méditerranéenne se situe ainsi à la troisième place de ce classement particulier, loin derrière la Lombardie et ses 41 clubs, mais à seulement une unité du Piémont, qui a pour chef-lieu Turin. Les rencontres entre la Juventus et Palermo ont forcément une saveur particulière et se déroulent devant un public dont le cœur est partagé en deux : « Mais ce jour-là, je crois que c’est la première fois que les Palermitains ont supporté le club de leur ville et non celui de leur cœur. Et ça, c’était une réelle satisfaction » , se félicite encore aujourd’hui Mauro Di Cicco. Les Rosanero évoluent en Serie B, mais se sont glissés en finale de Coupe d’Italie face à l’ogre bianconero, qu’ils sont d’ailleurs à deux doigts de faire tomber.

C’était quoi Palermo à l’époque ?

Rome, Milan, Naples, Turin, Palerme. Voici dans l’ordre, le top 5 des métropoles italiennes. Les quatre premières ont toujours eu un représentant parmi l’élite, souvent deux même, tout le contraire de la cinquième. En 1979, Palermo compte treize saisons en Serie A, mais surtout sept relégations. L’échelon inférieur est son habitat naturel, même si les ambitions ne manquaient pas, comme le souligne celui qui a porté les couleurs du club de 1976 à 1984 : « On partait toujours pour jouer la montée, mais on n’avait pas forcément les moyens économiques. Le président Renzo Barbera était une personne incroyable d’un point de vue humain, il n’y a pas d’adjectifs pour le décrire. Ainsi, au stade, 50 % des spectateurs étaient des « Portugais », c’est comme ça qu’on appelle ceux qui ne payent pas leurs billets. Du coup, ça créait un réel manque à gagner dans les caisses du club. » Sachant que la billetterie était alors l’unique source de revenus pour un club de football. L’été 1978, l’équipe est construite à partir de prêts ou de joueurs venant de Serie C : « On est partis en sourdine, mais on a acquis de l’assurance au fur et à mesure. Surtout, on avait Fernando Veneranda comme coach, il a introduit la défense en zone au milieu de terrain, ce qui était une nouveauté. C’était un grand motivateur, un Conte avant l’heure, quelqu’un d’agressif et qui attendait énormément de ses joueurs tout en restant respectueux. » Palermo débute sa saison par la Coupe d’Italie, loin de s’imaginer le chemin qui sera parcouru.

Pulici, Giordano, Savoldi et enfin Bettega

« J’avais la cheville gonflée, je n’arrivais même pas à attacher mes lacets et je devais marquer Pulici et Graziani du Torino » , se souvient Di Cicco. La compétition démarre par une phase de poules durant laquelle les Siciliens s’imposent 3-1 chez les Granata, et ce n’est que le début : « Ensuite, il y a la Lazio, mon client était Giordano, puis le Napoli, là, c’était Savoldi, surnommé « Mister 2 milliards », en référence au prix qu’il avait été payé. » Palermo s’impose aux tirs au but contre les premiers et 2-1 au San Paolo contre les seconds. Un stade cette fois acquis à sa cause lorsqu’il le retrouve pour la finale face à la Vieille Dame (l’Olimpico de Rome était en travaux pour l’Euro 80) : « C’est une des seules saisons où la Juve n’avait encore gagné aucun trophée. La Coupe d’Italie pouvait ainsi sauver les meubles, ils étaient motivés à bloc. » Et pourtant, Vito Chimenti ouvre le score dès la première minute de jeu. Dès lors, les Siciliens se retranchent dans leur camp face à une formation pratiquement identique à celle composant l’équipe d’Italie. Quatre-vingt-deux minutes de résistance héroïque face à un rouleau compresseur : « Nous étions hyper compacts, très proches les uns des autres pour éviter les un-contre-un où on était à chaque fois perdants. On était acculés, quand on récupérait le ballon, on avait 70 mètres de terrain à parcourir. Et manque de bol, Chimenti est sorti blessé juste après la pause. C’était notre point de repère, tu lui donnais le ballon, il en faisait quelque chose de bon. » Et arrive la 83e : « Frison, notre portier, s’était fait mal à l’aine. C’est donc moi qui tirais les six mètres, on était tous cuits. J’ai dégagé pour Osellame, un ailier très rapide qui n’avait plus que Furino devant lui et pouvait partir le long de la ligne de touche, mais il choisit de venir dans l’axe et se fait prendre par Benetti. Je n’ai pas eu le temps de remonter, le ballon est arrivé à Boninsegna qui centre dans l’axe pour Brio qui marque en taclant. » Coup de bambou et prolongation.

Petit coup d’un soir

Cette fois, le sort sourit au petit poucet : « Citterio, Bettega et moi nous entrechoquons, ce dernier quitte le terrain avec trois côtes pétées. La Juve est à dix, mais rien, on n’avait plus la force de contre-attaquer. » Les tirs au but se profilent, quand, suite à un corner, Causio hérite d’un ballon dans la surface, se retourne et trompe le portier adverse, à la 117e minute. Cruel. Même les Juventini de Palerme sont sous le choc en tribunes : « C’est l’héritage de leurs pères et grands-pères partis travailler dans les usines FIAT à Turin. La Juve était l’équipe qui gagnait, qui dominait, qui se disputait le titre avec l’Inter et le Milan, tandis que Palerme faisait l’ascenseur entre la Serie A et la Serie B » , conclut Di Cicco. L’espace d’un soir, les Sicilo-Bianconeri ont pourtant trahi leur amour pour la Vieille Dame, mais ce fut une escapade. Les doutes s’évaporent rapidement, puisque Palerme sombre tout doucement dans l’oubli, passant même par les troisième et quatrième divisions. Un black-out d’un quart de siècle avant un retour parmi l’élite en 2004. La bande à Toni impressionne, mais l’armoire à (vrais) trophées reste toujours vide, et surtout, la Sicile a définitivement basculé dans le camp de la Juve.

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