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Le jour où la Lazio s’est rebellée

Par Eric Marinelli
Le jour où la Lazio s’est rebellée

Avant de retrouver la Roma cet après-midi, la Lazio a fêté cette semaine son 115e anniversaire ainsi que le dixième de sa victoire historique lors du derby du 6 janvier 2005 (3-1). Un derby remporté avec une équipe très loin des meilleurs standards laziali des années 90-00 et entré dans la légende pour de multiples raisons.

« J’ai un souvenir impérissable de cette nuit-là. Ce fut une des rencontres les plus passionnantes de toute ma vie. La Roma était grandissime favorite, cela faisait deux ans (en réalité cinq, ndlr) que la Lazio n’avait pas gagné un derby. Pendant la semaine précédente, Paolo Di Canio nous avait transmis l’esprit et l’importance de cette rencontre avec des films commeBrave HeartouL’enfer du dimanche. Il était aussi venu me dire la veille « Tomma, demain on se les faits ! » Heureusement, ce fut bien le cas. » Tommaso Rocchi, actuellement attaquant à Haladas en Hongrie, n’a bien évidemment pas oublié le derby entre l’AS Roma et la Lazio disputé il y a un tout petit plus de 10 ans, le 6 janvier 2005. Comme il le confiait en octobre 2014 sur les ondes d’Elleradio, lors de l’émission quotidienne Les Laziali sont là, ce derby restera gravé à jamais dans sa mémoire. Et pour cause, comme pour la majorité de ses partenaires ce jour-là, il représente l’une, si ce n’est la plus belle victoire de sa carrière. Ousmane Dabo, un des trois Français à avoir disputé cette rencontre avec Mexès et Candela – Dacourt était lui blessé – abonde dans le même sens : « Tout le monde nous donnait perdant mais on a fait un énorme match. J’en garde un souvenir grandiose parce que l’on a vraiment mérité notre victoire. » Qu’importe si la Coupe d’Italie 2013 remportée par la Lazio au détriment de l’ennemi juré a depuis fait passer cette rencontre au second plan dans la ville éternelle. Le contexte et le déroulement de ce victorieux derby de 2005 assurent sa place au Panthéon du peuple biancoceleste. Récit d’une autre époque.

Di Canio, Totti et le Moyen-Orient

Comme souvent à Rome, la rencontre démarre cette année-là dans la presse avec une interminable polémique entre les deux figures et capitaines de la ville, Paolo Di Canio et Francesco Totti. Le Giallorosso allume le premier la mèche dans les colonnes du bien-nommé Messagero à trois semaines du coup d’envoi : « Je n’ai pas de contacts avec Di Canio et je ne veux pas en avoir. Je ne veux pas le rencontrer ni l’inviter au restaurant, nous sommes trop différents. » Évidemment trop tentant pour ne pas inciter une réponse du principal intéressé : « Totti a raison, je n’ai rien à voir avec lui, et cela me va s’il ne m’invite pas. Si je lui parlais du Moyen-Orient, il penserait que c’est un endroit sur le terrain. » Punchline, et le clash ne s’arrête pas là. Di Canio encore : « Le « symbole » (Totti) menace la Roma de s’en aller si elle ne monte pas une grande équipe. Moi, j’ai payé de ma poche pour revenir à la Lazio et j’aurais endossé ce maillot même en Serie B. » Réponse de Totti : « Di Canio serait un symbole ? Il n’a pas dit un jour qu’il serait mieux d’être un fanion de la Juve plutôt qu’unebandierade la Lazio ? » On en finira avec une explication de Di Canio, à peine revenu à la Lazio après quatorze saisons d’exil : « Cette phrase date de 15 ans en arrière. C’était un autre contexte, et ces paroles ont été instrumentalisées par celui qui a détruit mes rêves (le président Calleri). » Rome, capitale du rap contenders avec une décennie d’avance ! De quoi faire doucement monter la tension.

Une tension ressentie par Giuseppe Papadopulo, remplaçant de Domenico Caso sur le banc de la Lazio pendant la trêve, et largement conscient des difficultés des siens, au moment d’évoquer la rencontre dans les colonnes du Corriere dello Sport de l’époque : « Je regrette de devoir préparer cette rencontre dans l’urgence. J’ai eu très peu de jours à disposition, et la situation est vraiment critique en défense. Mais, malgré tous les problèmes, je pense qu’on peut le faire. L’équipe est suffisamment bonne et a bien travaillé à l’entraînement cette semaine. Est-ce que je me souviens d’un derby en particulier ? J’espère que ce sera celui de ce soir. » Prémonitoire ! Dans un stadio Olimpico en fusion, la Lazio va effectuer son meilleur match de la saison. Dabo témoigne : « L’ambiance était absolument folle ce soir-là. J’ai disputé plusieurs autres derby, notamment de Milan et Manchester, mais celui de Rome reste le plus beau et le plus intense de ma carrière. C’est un match qui conditionne toute la saison, encore plus qu’ailleurs. » Plus volontaires et motivés, les Laziali s’imposeront finalement 3-1 grâce à Di Canio, Cesar et Rocchi contre une réalisation de Cassano. Deux choses traverseront les temps. L’atmosphère électrique, pas calmée pour un sou par une minute de silence en avant-match, en hommage aux victimes du tsunami du 26 décembre 2004 dans l’océan Indien. Et le show Di Canio. Dans l’ordre : une jolie volée suivie d’une exultation au pied de la Curva Sud de la Roma, une sortie en mimant le chiffre 3, et un salut fasciste pour célébrer la victoire. Buzz assuré, même pour Gilbert Rozon.

Non, la Lazio n’est pas morte

Mais si cette victoire laziale est aujourd’hui historique, elle ne le doit pas qu’au match en lui-même et à Di Canio. Ousmane Dabo se souvient : « Le club risquait fortement le dépôt de bilan. On touchait nos salaires avec énormément de retard à ce moment. » Après les années fastes sous l’égide du président Cragnotti, la Lazio est en pleine tourmente. Le repreneur, à peine débarqué le 19 juillet 2004, un certain Claudio Lotito, ne peut d’ailleurs toujours pas garantir la survie du club très proche de la faillite. L’accord trouvé avec les autorités italiennes pour étaler une dette de 110 millions d’euros sur 23 ans (jusqu’en 2028 !) ne sera en effet signé que le 29 mars 2005. Quant aux précédents historiques avant ce derby, ils témoignent de cinq ans d’impuissance et dix matchs consécutifs de disette pour la Lazio. C’est simple : depuis leur dernier Scudetto et la victoire 2-1, le 25 mars 2000, les Laziali se sont à chaque fois cassés les dents face à la Louve. Comment y croire alors avec une équipe qui a perdu ses meilleurs éléments un mercato après l’autre ? Nedvěd, Veron et Salas en 2001. Crespo, Poborsky et Nesta en 2002. Stanković, Simeone et Chiesa en 2003. Fiore, Stam, Corradi, Mihajlović, Favalli, ainsi que Mancini et tout son staff en 2004. Au moment de l’arrivée de Lotito, l’effectif ne compte d’ailleurs que 13 joueurs sous contrat et pas d’entraîneur.

Logiquement, après une saison 2003-2004 miraculeuse, terminée à la sixième place tout en remportant la Coupe d’Italie, la Lazio est à la peine et pointe à la 15ème place avec seulement 17 points en 16 journées. La composition laziale au coup d’envoi du derby est encore plus parlante : Peruzzi ; Oddo, Talamonti, Gianicchedda, E. Filippini ; A. Fillippini, Dabo, Liverani, Cesar ; Rocchi, Di Canio. Pas le genre d’équipe à impressionner la Roma (7ème avec 23 points mais un seul de retard sur un trio Inter-Palerme-Sampdoria) qui lutte pour une place en Champions League dans une Serie A incroyablement dense, un peu plus d’un an, avant l’éclatement du Calciopoli. Mais ce soir-là, pour le premier derby sans influence sur le Scudetto depuis longtemps (pour une équipe comme pour l’autre), seul le cœur parlera. On connait la suite, la Lazio livrera et gagnera un véritable combat même avec des soldats moins bien armés. Symbolique d’un club habitué à la guerre et aux années noires.

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Par Eric Marinelli

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