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Le jour où Jean-Paul Belmondo a lancé l’aventure PSG

Par Rico Rizzitelli
Le jour où Jean-Paul Belmondo a lancé l’aventure PSG

Jean-Paul Belmondo nous a quittés à l'âge de 88 ans. Mais il y a 48 ans, la légende du cinéma français était embarquée dans une équipe dirigeante chargée de donner une deuxième (et bonne) impulsion au nouveau club parisien. Celui que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de Paris Saint-Germain.

Durant la saison 1970-1971, quand les tournages des Mariés de l’an II, puis du Casse lui en laissent le temps, Jean-Paul Belmondo renoue avec la passion de sa prime jeunesse, le football. Deux fois par mois, il se déplace au stade Jean-Bouin, juste en face du Parc des Princes en pleine rénovation, pour supporter la toute nouvelle équipe parisienne en… deuxième division. « Depuis toujours, Bébel connaissait admirablement le football et il a incarné avant tout le monde l’alliance du foot et du showbiz », assure Alain Cayzac, dirigeant du PSG entre 1987 et 2008, dont il fut le président à la fin de sa mandature. À la fin des années 1960, le Racing et le Stade français, les clubs que Jean-Paul supportait gamin, visitent les sous-sols des divisions inférieures, tandis que le Cercle athlétique Paris a disparu. Le Red Star, lui, vit ses derniers feux parmi l’élite dans l’anonymat du stade Bauer, à Saint-Ouen. Dans un pays centralisé à l’extrême, la situation ne peut rester en l’état. En février 1969, la Fédération française lance un référendum à travers des coupons-réponse publiés dans les journaux. 66 000 (!) réponses positives affluent vers le siège de la rue d’Iéna. Le 1er février 1970, Pierre Bellemare, un rien mélodramatique, exhorte les auditeurs d’Europe n°1 à souscrire à la nouvelle aventure parisienne : « Le football à Paris va mourir, aidez-nous à le ressusciter. » Le projet « Paris Football Club » est en marche. Sacha Distel, Annie Cordy et l’inévitable Enrico Macias parrainent l’appel aux dons. 17 000 socios, venus de France et de l’étranger, acquittent le droit d’entrée, ce qui permet de recueillir 1 million de francs de l’époque. Pour rejoindre la première division au plus vite, le club sans équipe, mais avec des supporters, fusionne avec le Stade sangermanois, l’escouade de Saint-Germain-en-Laye qui vient d’accéder à la deuxième division. Cette dernière amène dans la corbeille ses installations au Camp des Loges dans les Yvelines et son ticket d’accès à l’antichambre du gotha ; le Paris FC, son écot sonnant et trébuchant, ses réseaux et ses socios.

Le Journal officiel du 27 août 1970 publie les bans, et le Paris Saint-Germain Football Club voit le jour. Comme dans tout mariage, il y a d’abord la lune de miel qui se solde par une montée dès la première année. À Jean-Bouin, Belmondo n’en perd pas une miette et salive à l’idée de retrouver une grande équipe à Paris, lui qui a admiré Marcel Domingo (Stade français), René Vignal (Racing) et Julien Darui (en équipe de France) dans l’immédiate après-guerre. « Il nourrissait une passion absolue pour les goals », poursuit Cayzac. Après une saison à obtenir le maintien, des nuages s’annoncent pourtant entre le Conseil de Paris et le PSG à propos du patronyme même du club. La ville souhaite pour honorer ses engagements financiers que l’entité sportive s’en tienne à son nom originel, le Paris Football Club, et abandonne sa particule sangermanoise. Le 16 mai 1972, les sociosdoivent trancher. Ce soir-là, à l’hôtel Méridien, on joue Saint-Germain-des-Prés (Paris) contre Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), et ce sont ces derniers qui l’emportent, après un premier comptage erroné. Furieux, les fondateurs de 1970 font sécession trois jours plus tard. À eux, le matricule professionnel, le Parc des Princes – qui va rouvrir ses portes en août – et les subsides de la municipalité, sous le nom du Paris… Football Club et avec un nouveau maillot orange. Le Paris Saint-Germain repart, lui, en amateur et en troisième division, en gardant ses couleurs. Fin du premier acte.

« J’avais besoin de sentir vibrer ce club si jeune »

Probablement que le PSG, le « vrai » , est né le 13 mars 1973 à Corbeil-Essonnes, dans la banlieue sud de Paris. Ce jour-là, on célèbre le jubilé de Jacky Bloch, un ex-joueur amateur qui a évolué dans de nombreux clubs d’Île-de-France et qui possède un épais carnet d’adresses. Les fondateurs du PSG deuxième version sont presque tous là. En lever de rideau, Jean-Paul Belmondo garde les buts des Polymusclés, un attelage improbable d’acteurs, de chanteurs et de journalistes, présidé par le publicitaire Francis Borelli et créé en 1962. L’affiche principale oppose le club local entraîné par José Garcia, le père de Rudi, l’entraîneur de l’OM, qui était présent ce jour-là, aux anciens de l’équipe de France 1958. Parmi eux, Just Fontaine qui deviendra le premier coach de la nouvelle mouture du PSG. Lors de l’après-match, Borelli présente Bloch à Daniel Hechter, un jeune couturier successfull qui souhaite investir dans le foot professionnel à Paris, la ville où il est né 35 ans plus tôt. Bloch – qui connaît bien les arcanes franciliens – constitue de facto la pièce manquante du puzzle. Les mois précédents, Hechter, Borelli et Charles Talar, un producteur de disques, ont fait du gringue au PFC nouvellement promu, avant de s’en faire éconduire sans manières. Belmondo suit ça de près. « C’est une belle aventure qui a commencé aux côtés de Jacky Bloch et Francis Borelli, deux amis avec qui je jouais au foot. Ils m’ont parlé du projet élaboré par Daniel Hechter.[…]Je garde un souvenir attendri de cette période. Après mon départ (en 1976), je suis toujours resté dans l’environnement du club. J’avais besoin de sentir vibrer ce club si jeune », écrivait-il dans la préface de La Folle Histoire du PSG1.

Je ne suis pas resté longtemps dans la partie. Ce n’était plus compatible avec ma vie de cinéma.

Quelques mois plus tard, Hechter, Borelli, Talard et les autres échouent à prendre le contrôle du Red Star, mais finissent par retomber sur le PSG originel, version Saint-Germain-en-Laye, grâce à l’entregent de Jacky Bloch. Deal. « Le club qu’on a monté n’a rien à voir avec la version de 1970. Il a le même nom, c’est tout », tranche Charles Talar. En juin 1973, le club profite des difficultés de trésorerie de Quevilly pour intégrer la D2. La saison suivante, par un étrange effet de vases communicants, le Paris FC est rétrogradé, tandis que le PSG, version Hechter/Belmondo, accède au paradis. L’aventure est lancée, elle ne s’arrêtera plus. Concernant les investissements des pères fondateurs, les chiffres fluctuent. Talar assure que Belmondo a investi 3000 francs de l’époque, Hechter, lui, l’estime à 100 000 francs qu’il lui aurait remboursés, après coup. « Je ne suis pas resté longtemps dans la partie. Ce n’était plus compatible avec ma vie de cinéma. J’ai mal vécu le limogeage de Just Fontaine (en 1976) » , éludait-il dans Le Figaro, dix ans plus tard. Au reste, Jean-Paul ne se sera jamais tout à fait éloigné du club doyen désormais de la Ligue 1. « Il était toujours supporter, promet Alain Cayzac. Il avait toujours envie de venir, même si on ne l’invitait pas toujours. » « Il était proche du club depuis plus de quarante ans, en retrait, passionné, prolonge Thierry Morin, joueur dans les années 1970, puis cadre administratif du PSG, désormais à la retraite. Cela lui permettait de rester connecté aux passions de son enfance, de rester un gamin… » Au moment des approches avec le Red Star, Jean-Baptiste Doumeng, le « milliardaire rouge », avait apostrophé Borelli : « Un couturier, une vedette de cinéma, un producteur, un publicitaire et vous, avec votre chemise rose : ça ne fait pas un peu trop pop (sic) tout ça ? » L’acteur de Pierrot le fou n’accréditait pas ce raccourci un brin facile. « Le PSG, c’est autre chose (que le showbiz). C’est le club de l’entrain. Un vrai club populaire à mes yeux. Le club unique d’une ville immense.[…]L’histoire du PSG a toujours suivi un scénario époustouflant, plein de rebondissements. On peut l’aimer ou pas ; la réalité, c’est que ce club respire la vie. »1 Comme un parfait résumé de sa propre existence…

Amandine Henry, une légende qui laisse sur sa fin

Par Rico Rizzitelli

Article extrait de « Plus Bébel la vie » de So Film, aux éditions Marabout, 2018.

1. La Folle Histoire du PSG par Jérôme Touboul et Damien Degorre, Editions Prolongations, 2009.

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