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Le jour où Bobo Vieri a planté un doublé en Ligue 1

Par Christophe Depincé
4 minutes
Le jour où Bobo Vieri a planté un doublé en Ligue 1

2005-2006 : après un début de saison marqué par la démission de Didier Deschamps, l'AS Monaco s'octroie le droit de rêver en faisant signer Christian Vieri au mercato hivernal. La star italienne rêve, elle, alors d'un dernier Mondial.

« Désolé, je n’ai de mal à dire de personne, rien à démontrer à personne. Juste l’envie de jouer. » Mercredi 11 janvier 2006, les présentations sont faites : le bison n’est pas là pour amuser la galerie de journalistes venus scruter la bête dans la salle de presse du stade Louis-II. Après une année sans relief, entre fin de règne à l’Inter et nouvelle romance avortée à l’AC Milan, qui lui aura valu d’être élu « Bidon d’or » 2005 de la Serie A, Bobo Vieri vient conquérir à l’ouest un nouveau championnat, qui n’attend que lui, son talent et son personnage « larger than life » pour vibrer un peu. Après la descente d’adrénaline post-2004, le Rocher n’a pas encore fait son deuil d’un rêve européen déjà plombé. Christian Vieri, lui, refuse de voir le rêve d’un dernier Mondial s’envoler. Ça ressemble fort à un chant du cygne commun. Mais c’est beau un chant de cygne, non ? Alors, on ferme les yeux et on y croit.

Débuts en fanfare

Et si on avait raison ? Début février, alors qu’il a déjà ouvert son compteur en Coupe de la Ligue, Bobo voit double pour sa deuxième sortie en Ligue 1. Le Roazhon Park s’appelle toujours Stade de la route de Lorient, les galettes saucisses réchauffent encore les corps, Yoann Gourcuff réchauffe déjà les cœurs. Sans doute l’ont-il maudit, peut-être insulté, mais, sans le savoir, les supporters rennais assistent au dernier doublé de la carrière d’un des plus grands attaquants de la croisée des siècles. D’une tête sur corner et d’une volée instinctive du pied droit aux vingt mètres, la nouvelle star monégasque renverse le match (1-3) et les sceptiques. Excepté László Bölöni, d’humeur grincheuse : « Vieri ? Mais je m’en fous ! Même moi, si on me laisse seul à dix mètres du but, je marque ! » Ce soir-là, Olivier Veigneau, ancien latéral gauche de l’ASM, marque le but du break, le premier de sa carrière aussi.

Alors, forcément, il regarde l’histoire sous un autre angle : « Je ne me souvenais pas que c’était Vieri qui avait marqué les deux premiers. En revanche, je me souviens que Vieri et Di Vaio m’avaient sauté dans les bras après mon but. J’ai d’ailleurs encore la photo de cette célébration. C’était vraiment sympa d’être entouré par ces mecs-là, avec un tel CV, de les voir impliqués, de communier avec eux. » Monaco est cinquième, croit encore à la grande Europe, Vieri pense pouvoir redevenir le grand Vieri, celui que Lippi veut tant avoir à ses côtés.

Les dernières bises du bison

Le match d’après, contre Troyes, Bobo en mettra un nouveau, de ceux dont on dit qu’il n’y a qu’à « la pousser au fond » . Mais ces balles-là tombent toujours sur les mêmes. Un penalty contre Bâle plus tard et la fin des espoirs, déjà, lors d’un choc qui n’en était plus vraiment un, ou alors pas encore, contre le Paris Saint-Germain. Bobo arme, Bernard Mendy contre, le genou se tord. Le printemps est là, mais il fait tellement plus froid désormais. Comme pour Radamel Falcao en 2014, la course contre la montre était perdue d’avance. L’heure les a regardés tourner, s’agiter, y croire, pour finalement renoncer. Cinq buts en à peine dix matchs, une vidéo d’à peine deux minutes pour résumer tout ça et quelques souvenirs laissés ici et là : « Comme il y a beaucoup d’Italiens à Monaco, on a vraiment senti ce qu’il représentait » , reprend Olivier Veigneau.

« Nous, les jeunes du vestiaire, on n’osait pas vraiment l’aborder, mais on n’a jamais senti le mec qui se croyait au-dessus. Il était cool, souriant, il amenait de la bonne humeur, il arrivait toujours à l’entraînement avec ses lunettes de soleil. Sur les séances physiques, les courses, c’est sûr que ce n’était pas le premier. Mais dès qu’on faisait des oppositions, il était vraiment animé par la gagne. C’était une machine de guerre, sa puissance et sa finition étaient intactes. Un jour, à un entraînement de veille de match au Louis-II, il m’a même assommé en me mettant une volée en pleine tête ! » Des traces éphémères. Ce n’était qu’un doublé contre Rennes, mais il cristallisait quelques rêves. On y a cru, c’est l’essentiel.

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