- C1
- Lyon/Real Madrid
Le grand méchant loup
Le Real débarque à Gerland alors même que les merengues traversent leur meilleur moment de la saison. Revenus à deux points du Barça, les Galactiques roulent des mécaniques avant la rencontre. Même si depuis cinq saisons, les Coupes d'Europe ont tendance à s'arrêter en 1/8èmes, cette année tout est différent. Le Lyon tremble devant le grand méchant loup blanc et franchement, il y a de quoi. Ambiance à Madrid...
Autant dire les choses clairement : à Madrid, l’OL ne fait pas peur à grand monde. Ce qui amuse le socio en ce moment, c’est plutôt la victoire, dimanche dernier, de son ennemi juré numéro 2 (l’Atletico) contre son ennemi juré numéro 1 (le Barça). Les Colchoneros ont mis à genoux les Culés et ça, ça vaut bien un caña avec le voisin d’en-face. Le Real se déplace pour la seconde fois en France cette saison. Les télés abreuvent donc le chaland de ralentis du coup-franc stratosphérique de Ronaldo contre l’autre “Olympique”, celui de la Canebière.
Cette saison tout est différent. Le Real fait vraiment peur (seuls Guti et Van der Vaart ne sont pas montés dans l’avion) et le club marche sur l’eau : en 2010, le Real c’est 14 buts marqués et un seul encaissé. Ceci n’empêche pas Xabi Alonso de servir la soupe : « C’est un match très important. On va essayer de faire un bon résultat et si possible de marquer un but » . Quel acteur.
Dans un club spécialisé dans l’import-export de galactiques, le centre de formation lyonnais et son président à grande gueule forcent au moins un sourire attendri. Dans El Pais, Jean-Michel Aulas réclame à cor et à cri le fair-play financier. Par politesse il ne s’en prend pas directement à Perez. On l’écoute calmement. Les mauvais esprits n’arrivent pas à se retenir : « L’OL c’est combien de Coupes d’Europe déjà ? » . La seule chose qui impressionne ici, c’est le centre de formation et la capacité de Aulas à vendre hors-de-prix ses bijoux de famille. Pour un socio habitué au vedettariat et aux dettes galactiques, visiter le centre de formation lyonnais et faire la liste des meilleurs transferts de l’OL, c’est comme aller visiter les grottes de Lascaux : c’est beau, c’est vieux mais bon, ça sert à rien.
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La malédiction des huitièmes
Mais mine de rien, on flippe un peu quand même dans la capitale espagnole. D’abord parce que la dernière fois que le Real a passé les huitièmes, c’était il y a cinq ans. Marca parle même de « malédiction des 1/8èmes » (Juve en 2005, Arsenal en 2006, Bayern en 2007, Roma en 2008 et Liverpool en 2009). Ensuite parce que Lyon, c’est quand même la bête noire des Merengues en Europe. On n’a pas oublié les gifles de 2005 et 2006. Enfin et surtout, l’obsession du Real cette année, c’est la “Decima” (gagner sa dixième Ligue des Champions) et sa finale au Bernabeu. Tout autre vainqueur que le Real serait un affront que les socios auraient beaucoup de mal à pardonner. Avec l’OL ce soir, les choses sérieuses commencent et personne n’est dupe.
Si on a peur de Lyon, c’est pour sa capacité de nuisance. Même Zidane, qui accompagne le groupe pour la première fois à l’extérieur, y va de son petit avertissement : « Ce n’est plus le Lyon d’avant mais il faudra tout de même être très attentifs. Pour eux, c’est le match de l’année » . Pellegrini est peut-être en train de gagner son pari et le fait savoir à qui veut bien (ou pas) : « C’est le moment du Real Madrid » . Et Casillas, lui, se lêche les babines. « On a passé la phase de rodage. Nous sommes beaucoup plus solides maintenant. Ce match arrive au bon moment » savoure San Iker. Le renard est dans le poulailler. Gare aux Lyonnais.
Thibaud Leplat, à Madrid
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