- Afrique
- CAN 2015
- 1/4 finale
- Ghana/Guinée (3-0)
Le Ghana impose le respect
Vainqueur d'une Guinée tout simplement moins forte (3-0), le Ghana se qualifie tranquillement pour les demi-finales de la CAN, pour la cinquième fois d'affilée. Et se pose comme un candidat très crédible au titre.
C. Atsu (3′), K. Appiah (44′), C. Atsu (62′) pour Ghana
Les Ghanéens sont un peu les Allemands de l’Afrique, les mal-aimés. Déjà, Black Stars, ça sonne quand même vachement côté obscur. Ensuite, les types parlent anglais, ce qui n’est pas vraiment répandu. Et surtout, d’un point de vue footballistique, c’est les mecs toujours placés – quatre demi-finales de CAN consécutives – mais jamais gagnants, les favoris qui ne confirment pas. En s’imposant face à des Guinéens limités par les blessures et plombés par des erreurs défensives de débutants, les types peuvent encore espérer suivre la trajectoire de leurs homologues européens, et aller chercher ce titre qui leur manque tant. En tout cas, cette démonstration de force sur la Guinée, digne de la destruction d’Alderaan, plaide en leur faveur.
Bien commencer, bien finir
Évidemment, c’est toujours important de bien commencer, et ce n’est pas le Ghana qui dira le contraire. Sur leur première incursion en territoire ennemi, dès la quatrième minute, les Ghanéens réussissent à ouvrir le score : Appiah, remplaçant de Jordan Ayew, trouve André dans la surface, qui centre superbement du talon, et Atsu n’a plus qu’à conclure. Première danse collective pour célébrer. Derrière, il suffit de gérer, d’autant plus que le Ghana apparaît généralement supérieur, même si la Guinée essaye tant bien que mal de ne pas se laisser abattre. En même temps, le numéro 10 ghanéen n’est autre qu’André Ayew, très utile et juste pour résister au pressing, alors que le Guinéen se nomme Kevin Constant, un homme qui jouait arrière gauche au petit Milan et qui évolue maintenant à Trabzonspor. De quoi énerver Yattara, le portier guinéen, qui dégage allègrement Atsu. La sanction aurait pu être lourde, mais l’arbitre se la joue psychologue et préfère discuter pour calmer que punir. L’homme en jaune laisse d’ailleurs beaucoup jouer, avantageant plutôt les Ghanéens, plus agressifs dans les duels. Pris à l’impact, les Guinéens n’ont d’autres choix que de balancer de longs ballons devant, ce qui ne fonctionne donc pas du tout. Évidemment, c’est aussi important de bien finir, et ce n’est pas le Ghana qui dira le contraire. Juste avant la pause, Appiah profite d’un dégagement raté de Sankho pour aller battre Yattara. Deuxième danse. Une situation encore plus difficile que la Guinée était à ce moment-là à 10, Sylla s’étant blessé. Et dans la foulée, il est finalement remplacé par un Momo Yattara pas titulaire parce que pas à 100% physiquement.
Je veux juste une dernière danse
Dos au mur, la Guinée ne peut plus que tout tenter, mais rate trop de passes, de contrôles, commet trop de fautes. De fait, le Ghana, non content d’être solide, semble aussi l’équipe la plus à même de marquer. Conscient des limites de son équipe, Michel Dussuyer sort alors Kevin Constant pour Naby Keita avant l’heure de jeu. Si la Guinée joue légèrement plus haut, le Sily national prend un vrai coup derrière la tête avec un but extraordinaire d’Atsu, une frappe brossée de très loin qui finit sous la barre d’un Yattara un peu trop avancé. Troisième danse. Les Guinéens n’en ont donc plus rien à foutre, et commence à sortir du match. Les fautes et les échauffourées se multiplient, l’arbitre devant finalement sortir des cartons. Et quand la Guinée provoque enfin sa première occasion, à l’orée de la 75e minute, Yattara (l’attaquant lyonnais, pas le gardien) frappe finalement au-dessus et à côté. Le n’importe quoi se poursuit en toute fin de match. Un coup franc indirect dans la surface ghanéenne, Braimah ayant tenté de gagner trop de temps. Un carton rouge pour Yattara pour avoir retenu un Gyan filant au but, sortie aussi spectaculaire que dangereuse, entraînant une nouvelle embrouille générale, et Cissé qui doit prendre la place de son portier. Si le Ghana ne parvient pas à marquer une dernière danse, on pourra dire qu’ils ont trouvé de l’or et même quelques étoiles.
Par Charles Alf Lafon