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Le Général Răzvan, l’autre Lucescu

Par Alexandre Lazar
Le Général Răzvan, l’autre Lucescu

Fils de Mircea Lucescu, entraîneur le plus âgé de la mappemonde encore en activité et dont il cultive certains particularismes, Răzvan Lucescu est à la croisée des chemins. En échec sur le banc de l’équipe nationale de Roumanie il y a quelques années, celui que ses troupes surnomment « le Général » est revenu au PAOK l'été dernier, après une première pige mémorable. Et alors que la finale de la Ligue Europa Conférence pourrait être déplacée de Tirana à Athènes, l'ennemi intime, quoi de mieux que de voir cet amateur de bracelets, qui a survécu à un tremblement de terre, rôtir l’Olympique de Marseille, avant d’achever la bête dans la fournaise de Toumba ?

le 07/04/2022 à 21:00
Ligue Europa Conférence
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« Au sein du sport mondial, notre histoire est unique. Que le fils performe autant que le père, ça tient du destin. » Les dires de Mircea Lucescu après que son fiston Răzvan a été nommé entraîneur roumain de l’année en 2020, à la suite d’un triplé Coupe-championnat-Ligue des champions asiatique avec Al-Hilal, pointent une relation tout sauf classique. Malgré un héritage personnel qu’il a « subi » dès l’adolescence, le poussant à devenir gardien plutôt que joueur de champ pour fuir les comparaisons, l’actuel coach du PAOK est devenu, en vingt ans de carrière, la meilleure version de lui-même. De nouveau quart-de-finaliste d’une Coupe d’Europe après la parenthèse enchantée au Rapid Bucarest… face au Steaua Bucarest en Coupe de l’UEFA (2006), Răzvan Lucescu n’en finit plus d’écrire l’histoire en Macédoine grecque, le cœur conquérant de la péninsule hellénique.

Mourir peut attendre

« Les mots frappent plus fort que les gifles, parce que les mots restent ancrés dans la mémoire, amènent une réflexion qui peut souvent avoir un effet positif sur le comportement de quelqu’un. Les gifles, quant à elles, restent traumatisantes. Et on n’en tire aucun enseignement réel. » Sur le plateau de l’émission culte 40 questions avec Denise Rifai en janvier dernier, c’est un Răzvan Lucescu rayonnant qui distillait ses meilleurs morceaux de vie. Une vie menée à 100 à l’heure le plus clair du temps, à 2000 à l’heure les soirs de match, au rythme d’une passion dévorante et d’une haine absolue de la défaite. « Perdre ne fait pas partie de mon langage. Ma peau brûle, je n’arrive pas à dormir, je ne peux pas sortir de chez moi quand c’est le cas », complète celui qui n’a jamais pu porter le maillot de l’équipe nationale, barré par Bogdan Stelea, Florin Prunea ou Florin Tene, et pénalisé par sa petite taille. Le voir débarquer au PAOK dans la peau d’une étoile montante du coaching en août 2017, là où l’injustice a toujours été le moteur de la révolte, semblait ainsi, et avec le recul, cousu de fil blanc.

Collectionneur de montres et de bracelets, « le Général » , comme il est connu dans le milieu, est en effet de ceux qui ne laissent rien au hasard. Un meneur d’hommes à l’italienne, qui de son propre aveu ne tolère pas les éléments craintifs : « La seule chose que je ne pardonnerai jamais à un joueur, c’est la lâcheté. Entrer sur le terrain la peur au ventre, abandonner à cause de l’anxiété, c’est éliminatoire. L’adrénaline que me procure le football me fait vivre, je dois être entouré d’hommes qui ont le même ressenti. » Soni Mustivar, international haïtien qui l’a eu comme entraîneur du côté de Petrolul Ploiești (Roumanie), se souvient d’« un homme très soigné, prenant soin de son apparence et attaché à une discipline de fer », et pour qui la méritocratie n’était pas un vain mot. « L’exigence naturelle qu’il s’imposait, il l’imposait à ses joueurs ensuite. Ça lui arrivait de vouloir contrôler tous nos faits et gestes, et il pouvait donner l’impression de se croire sur la Playstation. Mais pour moi, il était surtout incompris. Ce qu’il nous demandait paraissait parfois tellement simple, qu’il ne comprenait pas qu’on échoue à l’appliquer. Et puis c’était quelqu’un de juste, c’était toujours les meilleurs à l’instant T qui jouaient », ajoute Mustivar.

Macédoine vie

Toujours très proche de ses soldats, avec qui il entretient parfois une relation filiale, Răzvan Lucescu ressemble à son père dans la manière d’amener la révolution là où elle se fait désirer. Comme Il Luce en son temps au Shakhtar Donetsk, l’ancien portier a fini par rallumer la flamme à Salonique, après s’être fait les dents pendant trois ans dans le petit club de Xanthi, au pied des Rhodopes. Le premier doublé Coupe-championnat du PAOK, au terme d’une saison d’invincibles sur le modèle d’Arsenal 2004 (26 victoires, 4 nuls), en a été l’aboutissement en 2018-2019. Trente-quatre ans après le dernier sacre du Dikéfalos Aetós tou Vorá (l’Aigle bicéphale du nord, NDLR), son anglais avec un accent prononcé d’Europe de l’Est, nécessaire dans un vestiaire rameutant pas moins d’une quinzaine de nationalités différentes, est devenu un phare dans la nuit, alors que les clubs de la capitale athénienne et de son port phagocytent depuis longtemps l’argenterie et les honneurs.

« Ce qui m’a le plus manqué au PAOK, c’est la ferveur qui descendait des tribunes de Toumba ». Parti gagner son pain en Arabie saoudite de manière surprenante, Răzvan Lucescu ne pouvait pas résister à l’appel de la performance. Ni à son 4-2-3-1 à la sauce grecque, ni à renfiler un bonnet, noir plutôt que gris, offert par sa femme Ana Maria, en guise de porte-bonheur. Si l’Olympiakós est de nouveau inatteignable sur la scène interne, les Noir et Blanc sont les premiers depuis le Panathinaikós il y a 19 berges à disputer les quarts d’une Coupe d’Europe. Mais la pression, la progéniture du grand Mircea en a fait son meilleur allié depuis un passage manqué sur le banc de la sélection roumaine en 2009, à 40 ans. Sept victoires, sept nuls, sept défaites, l’équilibre parfait. Mais surtout pas d’Euro 2012, un conflit avec Adrian Mutu, et un revers 5-0 en Serbie qui fait encore date.

« Je ne suis pas arrivé au bon moment, c’était trop tôt. La presse blaguait en disant que mon père prenait les décisions à 30%, et moi à 70%. Mais cela m’a permis d’apprendre à gérer les immenses moments de pression, d’où qu’ils viennent, et à comprendre mon groupe, à construire ma philosophie. En fait, j’ai vraiment réalisé quel entraîneur je voulais être grâce à cet échec », livrait Lucescu, lucide, toujours à Denise Rifai. Survivant d’un des séismes de Vrancea qui ont frappé Bucarest en 1977 alors qu’il n’avait que 8 ans, Răzvan Lucescu s’est tout simplement construit dans un monde qui ne lui a jamais fait de cadeaux. Et même si ses préceptes offensifs seront surtout visibles en contre, le Général peut compter sur ses éclaireurs Andrija Živković ou Jasmin Kurtić, qui auront à cœur de montrer à La Bonne Mère qu’ils sont faits du même bois qu’elle.

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Par Alexandre Lazar

Propos de Soni Mustivar recueillis par Alexandre Lazar.

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