- FFF
Le foot, une réalité méconnue ?
Après l’affaire des quotas, et désormais dotée d’un nouveau président, il était temps pour la FFF de redresser la barre et de rétablir quelques vérités dans la face de ces journalistes et autres responsables politiques trop bavards. La réponse de fond vient de nous arriver via la Fondation du Football (sorte de GPS éthique facultatif), avec ce rapport, joliment maquetté et plein de statistiques, sobrement intitulé « Le Football, une réalité sociétale méconnue » .
Pour résumer, il s’agit de compiler, sous forme de dossier pédagogique pour CDI de Lycée, et de mettre en musique, les infos censées démontrer l’inestimable apport positif du ballon rond à notre beau pays. Au-delà de la fausse révélation du titre (le « méconnue » tient peu la route devant l’accumulation de travaux, recherches et autre articles qui désormais explorent dans tous les sens l’univers footballistique), on se doute qu’un tel travail possède d’abord une vocation publicitaire, voire propagandiste. Cela dit quelques données contredisent involontairement l’actuel enthousiasme pour le foot féminin (3% de licenciés, mais 12% des dirigeantes – combien de trésorières ?). Surtout, en y regardant de plus près, certains chiffres noyés sous les éloges économiques (les 2,5 milliards d’euros du budget foot dans son ensemble – dont 1,4 pour le foot pro, et ses 25 000 emplois directs), ne laissent pas d’inquiéter pour l’avenir des 17 573 clubs amateurs, qui n’auront pas tous la chance, comme à Evreux, de voire un Mandanda leur céder ses primes internationales pour équilibrer les comptes en fin de saison.
La structuration profonde du financement des ces associations locales ne semble en effet guère viable désormais, entre contexte de crise et politique gouvernementale d’austérité honteuse. Pour rappel, les trois quarts des charges sont assumés par les familles (licences et autres buvette de tournois) , à peine 12% par les « sponsors et partenaires » , et généralement les clubs sont sauvés par les 25% des subventions publiques. Or ces dernières entre réformes territoriales, restrictions drastiques du CNDS et autres joyeusetés de la RGPP, s’avèrent de moins ne moins en capacité à assumer leur mission de « service public » , même simplement par délégation financière. D’où ce cri du cœur lancé dans le rapport : pour assurer « la pérennité » du foot amateur, il s’impose de développer le mécénat. De la solidarité au caritatif, en effet, le football est « une réalité sociétale méconnue » .
Nicolas Kssis-Martov