- Liga
- 31e journée
Le Calcio à l’attaque
Il était une fois le football italien défensif, amateur du 0-0. Époque révolue. Le football italien n'est ni catenaccio, ni en crise, ni tristounet. Le Milan AC, le Napoli, la Lazio, la Juventus, Catane : des odes au spectacle et au football offensif. Un vrai régal.
Cette 31ème journée de Serie A avait été annoncée comme la journée de tous les dangers. Celle où tout pouvait basculer. Le derby milanais, le derby sicilien, les chocs entre postulants à l’Europe : 24 heures pour vibrer, 24 heures pour en savoir un peu plus sur la dernière ligne droite de la saison. Et ça n’a pas manqué. Aucune rencontre n’a déçu les attentes, et toutes les équipes se sont visiblement données le mot pour n’en suivre plus qu’un : spectacle. Au crépuscule de cette folle journée, les deux grands gagnants se nomment finalement Milan AC et Napoli, tous deux vainqueurs de leur confrontation respective, et, du coup, lancés vers une lutte à deux pour le Scudetto.
Milan AC. Napoli. Deux noms, donc, pour résumer une journée de Serie A folle. Complètement folle. Les Milanais, armés d’un sentiment de revanche envers Leonardo et envers cette Inter abhorrée, ont offert une prestation superlative. Pato au top, Robinho et Boateng en jambes : Milan a marché sur l’Inter, qui n’a jamais réussi à afficher cette hargne qui, en général, lui va si bien. Milan prend cinq points d’avance sur ses cousins, et s’offre un aller simple vers le Scudetto. Mais les rossoneri ont visiblement oublié que cet aller simple n’est pas pour une seule personne. Le Napoli, culotté, s’y incruste, au terme d’un match extraordinaire face à la Lazio Rome. Menés 2-0, puis 3-2, les Napolitains s’imposent finalement 4-3 grâce à un Cavani stratosphérique, auteur d’un triplé qui le propulse en tête du classement des buteurs, et qui propulse Naples vers un rêve interdit. Un rêve en huit lettres, qui commence par S. Milan n’est qu’à trois points. L’Inter est désormais derrière. Mais surtout, aujourd’hui plus que jamais, ce Napoli-là prouve qu’il ne meurt jamais, et que l’enthousiasme contagieux de ses supporters peut lui faire faire n’importe quoi. Si Naples est plus que jamais en course, c’est en revanche terminé des rêves tricolores de l’Udinese. Les Frioulans, invaincus jusqu’ici en 2011, se sont écroulés sur la pelouse de Lecce. On attendait Di Natale, on attendait Alexis Sanchez, on a finalement trouvé Bertolacci. Ce jeune joueur de 20 ans prêté par la Roma abat à lui-seul l’invincible armada de Guidolin, qui n’avait plus encaissé le moindre but depuis le 2 février. Lecce confirme sa haine envers les clubs blancs et noirs : leur dernière victoire en date remontait au 20 février, face à la Juventus. Pas de conséquence au classement pour l’Udinese, qui reste quatrième grâce à la défaite de la Lazio.
Défaite de l’Udinese. Défaite de la Lazio. L’occasion est trop belle pour l’AS Roma de revenir à trois points des Frioulans et à un point de sa cousine. Mais pour ce, il faut battre la Juventus, sa bête noire (et blanche) au Stadio Olimpico. Voilà sept saisons que les giallorossi n’ont plus battu la Vieille Dame à Rome. Sept saisons qui deviennent donc huit. Grâce à leur meilleure prestation de la saison, les Zèbres se foutent de la gueule de la Louve et viennent s’imposer à Rome (2-0), faisant un grand pas dans la course à l’Europe. La Juventus, grâce à Krasic et Matri (et à des énormes Storari et Grosso, devenu métis en 15 jours, ndlr) revient à 2 points de la Roma, et à 8 de l’Udinese. Et si on avait enterré les Turinois trop tôt ? En revanche, très mauvaise opération de l’AS Roma, qui confirme qu’elle est absente dans les grands rendez-vous (derbys exclus) cette saison. Les Romains joueront peut-être leur dernière chance d’accrocher la quatrième place la semaine prochaine, en déplacement à Udine.
Si la Juve rit, Palerme et la Fiorentina pleurent. Autres concurrents à la septième place qualificative pour le tour préliminaire de l’Europa League, Palermitains et Florentins ont encore raté le coche aujourd’hui. La Viola a été rattrapée à 4 minutes de la fin par Cesena, qui refuse de se résigner à une redescente en Serie B (2-2). Palerme, de son côté, continue son cauchemar. Détruit il y a un mois par l’Udinese (7-0), le club rosanero continue son chemin de croix, et subit une humiliation peut-être pire : une défaite 4-0 dans le derby sicilien face à Catane. Le président Zamparini ne sait plus quoi faire, plus quoi penser, plus qui critiquer. Preuve de cette errance totale : le beau Maurizio vient de rappeler Delio Rossi au chevet de son club, alors qu’il l’avait viré comme un malpropre le 27 février. Du grand n’importe quoi. En revanche, pour Catane et Diego Simeone, c’est une victoire exceptionnelle, qui va certainement assurer le maintien de l’équipe en Serie A. Mine de rien, ces mauvais résultats profitent à un invité surprise : Cagliari, qui, grâce à sa victoire à Gênes (1-0), revient à égalité de points avec les Florentins.
Et si ça roule pour Catane, dans le bas de tableau, ça va mal, très mal, pour Parme et la Sampdoria. Les Dorians ont certes stoppé l’hémorragie avec un sale 0-0 sur la pelouse du Chievo, mais sont désormais à deux points de la zone de relégation, à cause de la victoire de Lecce. Même merde pour Parme, qui s’est payé la mortification suprême de perdre à domicile contre Bari, la lanterne rouge (1-2). Conséquence immédiate : Marino viré. Le banc parmesan devrait être occupé dès ce lundi par Colomba. Grâce à ce succès, Bari n’est toujours pas relégué mathématiquement. Une petite flamme brûle encore. Cette même flamme qui brûle également du côté de Brescia, magnifique vainqueur de Bologne samedi après-midi (3-1). On a vibré pendant 24 heures. On va encore vibrer au cours des 7 prochaines semaines. Putain, c’est bon.
Eric Maggiori
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