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Le bilan des clubs français : Aulas, reviens !
En C1, tout roule pour Paris, mais ça sent le roussi pour Lille et Montpellier. En C3, l’OL gaze bien après sa troisième victoire, quand Bordeaux et l’OM sont encore en course malgré un nul et un revers. On est loin de « l’ OL spirit » des années 2000…
Avant d’entrer dans les détails, petit focus sur Lyon, seul vainqueur français actuel dans ses trois premières rencontres. OK, Lyon ne joue que la C3, mais c’est justement tout à son honneur d’ancien pensionnaire de C1 (12 participations d’affilée !) de toujours bien figurer en Europe et d’apporter sa large contribution à l’indice UEFA du foot français. Prague, Shmona et un Bilbao dévalué (battu 2-1, hier soir à Gerland), c’est pas terrifiant. Oui, mais faut les battre ! Ce que l’OL a fait. Un bon point à Lisandro (repositionné dans l’axe, buteur de la tête) et Vercoutre (quelle manchette classieuse !), deux tauliers qui perpétuent cet « OL spirit » . Tout ne fout pas le camp à l’OL, même si les coachs passent et les joueurs aussi : Aulas demeure, insufflant sans cesse une exigence maximum à tous les échelons du club.
Cet OL n’est pas flamboyant ( « équipe-bis » , hier soir because OM-OL dimanche ?), mais il est leader de sa poule en C3 et 3e en L1. Du sérieux, rien à redire. L’esprit Aulas des grandes années 2000, c’était un recrutement hors pair guidé à la fois par le goût du risque, quelques grands noms (à commencer par l’immense pari, Sonny Anderson) et les moyens financiers mis en œuvre. Quand on voit le recrutement lillois des deux dernières saisons (Basa, Pedretti, Martin, Payet, Kalou, Roux) et son coût très élevé en transferts et/ou en salaires, les campagnes européennes des Dogues sont à pleurer. Et pourtant, les ventes de Rami, Cabaye, Sow, Gervinho et surtout Hazard ont bien rempli les caisses du club… Le LOSC, encore défait mardi à dom (0-1 contre le Bayern), est dernier de sa poule avec 3 revers et zéro point… Niveau combativité, y avait du mieux face aux Bavarois, mais ça reste faiblard. Après une première expérience l’an passé en C1, on n’a pas vu de réels progrès. Un bémol à ces critiques : Lille s’est doté d’un stade magnifique qui a aussi pesé sur ses finances.
Encore le modèle allemand…
Et parler de « stades magnifiques » nous emmène en Allemagne. Le foot allemand a fait un sacré strike cette semaine. Déjà, le Bayern a puni Lille, et M’Gladbach s’est joué de l’OM (0-2 hier soir, au Borussia Park) : deux victoires en plus de celles de Dortmund (3-2 contre le Real) et Schalke (2-0 à Arsenal) en C1, sans oublier celles en C3 de Leverkusen et Hanovre, Stuttgart ne signant « que » le seul nul du contingent germanique (0-0 contre Copenhague FC). Bilan : 6 victoires et 1 nul… On sentait le foot allemand de club monter en puissance, aiguillé par le roi Bayern, avec des jeunes joueurs prometteurs, des clubs au passif épuré qui payent les joueurs à l’heure, un jeu offensif, une Bundesliga qui marque beaucoup dans des stades magnifiques et pleins. Eh bien, maintenant, les résultats arrivent. Les clubs allemands devancent déjà l’instauration du fair-play financier et seront pile au rendez-vous quand il sera mis en place.
À Lille, un Kalou arrivé libre a coûté 2 millions d’euros de prime à la signature pour un salaire mensuel de 240 000 euros net. Kalou n’a marqué qu’un seul but toutes compètes confondues… Le genre d’erreur du passé qui a plombé les clubs français depuis 10 ans : surpayer des joueurs juste « bons » , voire moyens… Voir la jeunesse de Dortmund qui renverse le Real comme on aurait aimer voir le jeune Montpellier renverser Arsenal. Ou bien, un M’Gladbach limité (13e en Bundesliga), mais qui s’arrache pour faire tomber un OM au statut pas inférieur, mais pas assez affamé ni réaliste, ça remet les choses en perspective…
Pas terrible en C1, passable en C3…
Un coup d’œil rapide sur les résultats met donc Lyon et Paris à part. Le PSG a gagné face à un Dynamo Zagreb faiblichon avec sérieux (2-0, 2e, 6 points, à 3 unités de Porto). On retiendra Ibra et Ménez qui commencent à vraiment bien se trouver. On déplorera aussi le déchet incroyable de Zlatan dans des situations ultra favorables. Reste que Paris, c’est pas encore ça : les contres croates ont escamoté le milieu parisien, forçant les défenseurs de Paris à prendre la vague des attaquants adverses. Un PSG encore coupé en deux : en L1, c’est déjà limite, en C1, plus tard, ce sera rédhibitoire. Paris n’est toujours pas au point tactiquement… Montpellier nous fait une AJA 2010. Largués en championnat (16e) et derniers en C1, les Héraultais vaillants mais naïfs se sont fait planter à la Mosson par l’équipe la plus « abordable » du groupe, Olympiakos (1-2). C’est mal barré pour « Montpeul » , dernier de sa poule avec 1 petit point, qui paye cher son statut de bizut. La troisième place qualificative pour la C3 est encore jouable (Olympiakos n’a que 3 points), mais les obligations du championnat de France vont devenir désormais la priorité des Girard’s boys. Classique !
En C3, l’OL conforte cette première place qui évite en 16es de se prendre un gros de C1 reversé en C3 et qui permet de jouer le retour à dom. Avec son nul à Funchal (1-1 un peu décevant), Bordeaux conforte sa deuxième place et devrait passer, vu la faiblesse du groupe. Danger pour l’OM, passé troisième avec 3 points derrière Fenerbahçe (7 points) et M’Gladbach (4 pts). Certes, Marseille a joué ces deux rivaux à l’extérieur. Mais la perte de Gignac, le retour poussif de Rémy, la passe actuelle moyenne de Mandanda, les insuffisances parfois crispantes des frères Ayew et un essoufflement général de l’équipe avant un marathon de matchs pas évident peuvent hypothéquer l’avenir européen des Phocéens. Le retour prochain de Diawara, derrière, et la montée en puissance de Barton (assez correct, hier) pouvant dissiper ce nuage de pessimisme…
Un bilan contrasté, pour reprendre la formule… Mais, bonne nouvelle ! À l’indice UEFA, la France est repassée 5e devant le Portugal (qui lui avait ravi cette position en juin dernier). C’est dû au calcul prenant en compte les 5 dernières saisons, annulant les piètres résultats français de la saison 2007-2008. C’est un peu compliqué à bien expliquer (lire L’Équipe d’aujourd’hui, p. 8), mais on s’en fout, on s’en contentera bien quand même.
Par Chérif Ghemmour