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Le Barça peut-il tout gagner en 2015 ?
Vendredi en conférence de presse, Luis Enrique a répondu aux journalistes sur sa préférence entre gagner la Liga ou la Ligue des champions. « Je veux remporter tous les matchs et tous les titres. » Si l'ambition du Barça est annoncée, il reste à répondre dans la pratique. Alors, le Barça peut-il vraiment le faire ?
Oui, parce qu’il l’a déjà fait
Voir le FC Barcelone remporter toutes les compétitions possibles en une année civile, cela s’est déjà vu. C’était sous l’ère Guardiola, en 2008-2009, et la récompense de tous ces trophées n’avait souffert aucune contestation. Enfin, presque aucune. Car si la Coupe du Roi et la Liga leur reviennent de droit, notamment grâce à cette fabuleuse victoire 6-2 au Santiago-Bernabéu, certains experts pourront pointer du doigt le petit coup de pouce dont a bénéficié le Barça en Coupe d’Europe. En demi-finale de Ligue des champions, les Culés parviennent en effet à se qualifier de façon polémique lors du match retour face à Chelsea. Les données sont simples, les Blues doivent battre l’escouade de Pep pour retrouver Manchester United à Rome. Le délire s’invite à Stamford Bridge lorsque Michaël Essien ouvre le score d’une reprise de volée magistrale. Si le Barça monopolise le ballon, Chelsea est dangereux sur chaque contre. Nicolas Anelka peut se présenter devant Víctor Valdés, mais Gerard Piqué dévie la course du ballon de sa main. L’arbitre de la rencontre, M. Ovrebo, ne bronche pas. La tension s’accentue dans les ultimes minutes, et sur une dernière tentative blaugrana, Andrés Iniesta accroche la lucarne de Petr Čech et envoie le Barça à Rome (1-1). Un conseil si vous tenez à la vie : ne jamais reparler de ce match à Didier Drogba.
Oui, parce que MSN vaut bien H&M
L’année 2008-2009 coïncide aussi avec l’année du renouveau pour le Barça. Après une saison sans le moindre trophée, une première depuis 2003-2004, Joan Laporta parvient à trouver un équilibre parfait en attaque. Les départs de Ronaldinho au Milan AC et Deco à Chelsea, cumulés à la nomination de Guardiola, offrent à ce dernier une possibilité d’aligner en trio offensif Thierry Henry sur le côté gauche, Samuel Eto’o dans l’axe et Lionel Messi sur le flanc droit. Prêt à sacrifier le statut de buteur qu’il avait deux ans auparavant avec Arsenal, Titi s’incorpore dans le collectif barcelonais, et les résultats suivent, avec la fameuse Ligue des champions qui manquait à son palmarès. Cette saison, le statut de Luis Suárez, beaucoup moins sollicité dans sa qualité de finisseur qu’à Liverpool, permet de dresser un parallèle avec le Français à l’époque. En 21 matchs, El Pistolero en est à 7 buts et 12 passes décisives. Sur l’année du sextuplé pour le Barça, Thierry Henry culmine à 26 buts et 10 passes décisives en 42 rencontres. Plus loin encore : le trio Henry-Eto’o-Messi comptait 100 buts et 37 passes décisives en mai 2009, tandis qu’à un peu plus de la mi-parcours, le combo MSN arrive à 68 buts pour 41 passes décisives. Une triplette tout aussi efficace devant le but et même plus collective, donc.
Oui, parce que tous les feux sont au vert
Depuis le début d’année 2015, le Barça a joué 13 matchs, parmi lesquels on compte 12 victoires et une seule défaite. En championnat, les Catalans ne sont devancés que d’un point par le Real Madrid, auteur d’un mois de janvier pour le moins poussif. Vaincu au Celta Vigo et relégué à sept points du leader, l’Atlético Madrid va très certainement se concentrer pour conserver sa troisième place en Liga, puisque Valence ne pointe plus qu’à trois unités derrière. Bref, le champion en titre semble passer son tour pour cette année, et le Clásico sera le point d’orgue du championnat espagnol. Pile un mois avant ce face-à-face, l’avantage de la dynamique est pour les Culés. En ballottage favorable contre Villarreal, le Barça est déjà favori pour remporter la prochaine Coupe d’Espagne. Concernant la C1, la récente confrontation entre le PSG et Chelsea prouve que ces deux équipes restent faillibles, le match nul du Bayern contre le Shakhtar laisse perplexe, la Juventus de Turin va s’arrêter en quart de finale, et le Real Madrid ne peut tout simplement pas soulever le trophée avec, dans sa panoplie de maillots, un modèle rose fushia. Au bout d’un moment, il faut savoir mettre certaines limites à l’acceptable.
Non, parce que la défense est leur talon d’Achille
D’accord, voir jouer le FC Barcelone, c’est surtout l’assurance de voir un festival de buts en ce moment. 42 depuis le début d’année pour être exact. Mais il faut bien le dire, jouer Levante, Bilbao ou Elche, ce n’est pas se frotter aux grosses cylindrées européennes comme le Bayern Munich ou Chelsea. Et puis côté défense, le Barça laisse encore planer quelques incertitudes. La faute au recrutement en dilettante de l’ancien directeur sportif, Andoni Zubizarreta. Arrivé l’été dernier, Thomas Vermaelen est déjà désigné emploi fictif de la saison 2014/2015, puisqu’il n’a toujours pas disputé une seule minute dans une équipe interdite de recrutement et qu’il ne devrait refouler les pelouses qu’en avril prochain. Autre pépin défensif, le poste de latéral droit : Daniel Alves est vieillissant, Marc Bartra manque de vitesse (surtout face à Gareth Bale). A fortiori, il ne vaut mieux pas parler de Martin Montoya ou de Douglas… Bref, contre une équipe solide défensivement et incisive en contre, le Barça pourrait s’incliner, voire même s’effondrer.
Par Antoine Donnarieix