- Ligue des Champions
- 1/2
- Chelsea/Barcelone
Le Barça est-il plus fort qu’en 2009 ?
Ce soir à Stamford Bridge face à Chelsea, Barcelone joue le remake de la demi-finale 2009 quand les Catalans étaient passés par un trou de souris et même le trou de balle de ladite souris. Si les Blues semblent moins forts qu’il y a trois ans, où se situent les Catalans ? Tentative de réponse.
Ah y a pas à dire, ce n’est quand même pas une équipe ordinaire qui s’ébroue sous nos yeux depuis bientôt quatre ans. A un match près, Barcelone jouerait pour une quatrième Ligue des champions consécutive. Un truc insensé dans la droite ligne de la quinte royale du grand Real Madrid entre 1956 et 1960 mais encore rehaussé par la difficulté d’un niveau sans commune mesure avec celui pratiqué il y a soixante ans. A un match près, cette fameuse demi-finale face à l’Inter Milan en 2010, le Barça serait une équipe absolument invincible comme l’ultra-compétitivité de notre époque n’aurait jamais pu le laisser imaginer. C’est oublier que, durant cette épopée invraisemblable, les choses ont parfois tenu à rien. Comme à l’occasion de la demie de 2009, la première de l’ère Pep Guardiola.
Face à Chelsea à Stamford Bridge, les Blaugranas étaient éliminés à dix secondes de la fin. Jusqu’à une frappe ultime, celle de l’impossible, signée Iniesta. A dix secondes près, la suite de l’histoire aurait sans doute été différente. Mais surtout, si les Blues avaient transformé la moitié de leurs occasions ce jour-là, Barcelone serait rentré manger des tapas sur les ramblas avec une ratatouille soignée dans la besace. Alors fatalement, au moment de retrouver le club londonien, on s’interroge sur l’état des forces. Si Frank Lampard et les siens paraissent bien moins forts, entre usure mentale et usure du temps, l’affaire devient diablement plus compliquée quand on se penche sur le cas du Barça.
Messi vise les 70 buts…
D’un strict point de vue de l’effectif, sans posséder le banc sans fin du Real, Barcelone a quand même un peu étoffé son affaire. Certes, il n’y a plus de Samuel Eto’o dans le secteur, ni même de Thierry Henry (ne vous marrez pas, ça compte), mais avec Alexis Sanchez et Cesc Fabregas, Guardiola a largement de quoi faire. Surtout quand on pense que David Villa est absent et que de nombreux jeunes biberonnés à la Masia (Alcantara & cie) ont fait leur apparition dans l’équipe première avec tous les principes de jeu déjà assimilés et donc tout à fait au diapason de l’orchestre catalan. Avec ces munitions en plus, Guardiola en a profité pour élargir la palette tactique de son escouade. Il y a trois ans, l’histoire était bien définie : 4-3-3, on vient, on gagne et on repart.
Désormais, Barcelone évolue dans plusieurs schémas possibles, allant même à l’occasion jusqu’à aligner une défense à trois. Mais surtout, la grande innovation, c’est l’absence de véritable avant-centre. Exit Eto’o, exit Ibrahimovic, place à Messi. Et bien évidemment, le petit Argentin n’est pas une véritable pointe… mais il marque comme aucun autre joueur sans doute dans l’histoire moderne. Désormais, La Pulga ne dispense pas de saison à moins de cinquante pions (!), et vise même les soixante-dix (65 actuellement en 58 matches). En 2009, celui qui ne comptait encore aucun de ses trois Ballons d’Or, marquait beaucoup moins : il n’avait mis que 42 buts… Un effectif plus riche, une palette tactique plus variée et un Messi encore plus fort : c’est donc entendu, le Barça 2012 est encore supérieur au cru 2009.
Un collectif un poil moins huilé
Sauf qu’il y a quelques petites couilles dans le potage. Car collectivement, le Barça paraît un peu moins huilé, un peu moins fluide, les deux rencontres face à Milan en quarts peuvent en attester. La faute peut-être aux quelques remaniements tactiques. La faute surtout à quelques joueurs-clé qui tirent un peu la langue après quatre ans sans débander, entre succès avec l’Espagne (Euro et Mondial) et razzia avec le Barça. On pense à Xavi et Iniesta notamment, que Fabregas, malgré de bonnes performances, ne peut faire oublier. Et puis cette surpuissance de Messi est peut-être l’arbre (superbe) qui cache parfois la forêt.
Car si en 2009, le scoring se répartissait entre l’Argentin, Eto’o (39 buts) et Henry (36 buts), cette saison les suppléants du génie albiceleste ne dépassent pas les vingt buts, ici Fabregas (17), là Sanchez (14). Résultat : entre l’omnipotence de Messi et un collectif un brin moins harmonieux, Barcelone balbutie parfois son incroyable football. Sans jamais perdre ou presque (seulement deux revers toutes compétitions confondues, comme en 2009) mais en gagnant moins souvent (dix matches nuls cette saison). Et pour rappel, deux scores de parité, ce péché mignon catalan du moment, dans le mauvais ordre (0-0 puis 1-1, par exemple) face à Chelsea pourraient passer le Barça par la fenêtre. C’est le drame avec l’excellence : la moindre baisse peut tout écrouler. Cruel mais tellement beau. Comme le Barça.
A suivre : Le match en live ce soir avec So Foot
Par Dave Appadoo