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Lazio-Majorque : la dernière finale

Par Adrien Candau
Lazio-Majorque : la dernière finale

Il y a vingt ans, jour pour jour, le 19 mai 1999, la Lazio et Majorque se retrouvaient à Birmingham pour boire une dernière gorgée dans la Coupe des coupes, à l'occasion de la finale de l'ultime édition de la compétition. Une dernière nuit d'ivresse comme un changement d'époque, avant que la toute puissante Ligue des champions ne commence à cannibaliser médiatiquement et financièrement les autres compétitions européennes voire nationales, à l'aube des années 2000.

La nuit n’est pas encore tombée sur Villa Park, mais Sven-Göran Eriksson, son éternel costard débraillé et ses lunettes de professeur bien en équilibre sur le pif, gesticule déjà nerveusement à coté de son banc de touche. Défaite un an auparavant par l’Inter en finale de Coupe UEFA, sa Lazio a l’occasion de rentrer dans l’histoire, en remportant non seulement sa première compétition européenne, mais aussi la dernière édition de la vénérable Coupe des coupes, créée en 1960. Après trente-neuf ans d’existence, la C2 va tirer sa révérence. Son attrait nostalgique, sa pluralité et sa diversité – elle qui permet aux vainqueurs de coupes de 32 pays différents de concourir pour le trophée – ne sont plus considérés comme des arguments suffisants face à la récente réforme de la Ligue des champions.

Dès 1997, la C1 new look ne permet non plus uniquement aux premiers, mais aussi aux seconds des plus grands championnats, de gagner un ticket pour la plus prestigieuse des compétitions européenne. Délaissée au second plan, la Coupe des coupes accuse le coup. En atteste le finaliste qui se dresse en face des Laziali. Majorque n’a en effet pas gagné le coupe d’Espagne un an plus tôt : après avoir échoué en finale de la Copa del Rey face au Barça, le club des Îles Baléares a pu compter sur la participation des Catalans (seconds de Liga) à la C1, pour être reversé en C2.

Les étoiles Laziali

Tout ça n’empêche pourtant pas Eriksson de se faire du mouron. L’entraîneur suédois le sait, sa Lazio, forte de sa brochette de stars, n’a pas le droit à l’erreur face à un adversaire certes dangereux (les Majorquins avaient notamment sorti Chelsea en demi-finale de l’épreuve), mais nettement moins outillé individuellement parlant. Exception faite de l’année précédente, où ils avaient remporté la Coupe d’Italie, mais fini seulement 7e de Serie A, les Biancocelesti ont figuré invariablement dans le top cinq du championnat italien depuis 1993 et alignent alors ce qui ressemble à la meilleure équipe de leur histoire : un axe central Nesta-Mihajlović en défense, Roberto Mancini en meneur de jeu, Nedvěd et Stanković sur les ailes et un duo atomique de bombers devant, Vieri-Salas. Il est 19h45 heure anglaise, le coup d’envoi est donné et la Lazio, dans le maillot jaune qui est le sien en C2 cette année, commence un de ses rendez-vous les plus importants avec l’histoire. Un rencard périlleux, car en face, Majorque et son technicien argentin, Héctor Cúper, ne se démontent pas. Il y a également du talent dans les rangs espagnols, à l’image du milieu camerounais Lauren qui signera bientôt à Arsenal, de l’Argentin Ariel Ibagaza qui rejoindra l’Atlético de Madrid en 2003 ou encore de l’attaquant ibère Daniel García Lara, dit Dani, qui s’en ira lui pour le Barça.

La nuit de Vieri

Les monstres sacrés, néanmoins, sont à chercher coté italien. Dès la 7e minute de jeu, Pancaro balance une longue ouverture sur le crâne de Bobo Vieri, qui plante un coup de tronche monumental dans les filets de Roa. Mais Majorque n’a peur de rien et égalise quatre minutes plus tard par Dani, qui ouvre son pied, de près, à la conclusion d’une superbe action collective. Des deux cotés, le ton est donné d’entrée : dans le camp laziale, on privilégie les attaques directes, soit par des longs ballons à destination de Vieri et Salas, soit en utilisant la vitesse de Stanković et Nedvěd sur les ailes. Majorque préfère développer un jeu plus axial, fait de redoublements de passes, et tente d’accentuer sa maîtrise au milieu de terrain. Une stratégie payante : Roberto Mancini est étouffé dans l’entrejeu et Matías Almeyda, le milieu défensif ciel et blanc, est souvent dépassé par le surnombre adverse dans l’axe.

Le club italien ne domine pas son sujet et ce sont ses gros calibres qui doivent sortir du bois pour le tirer de l’embarras : Vieri, qui sera sans surprise élu meilleur joueur du match, est particulièrement intenable et décoche une frappe lourde à la demi-heure de jeu, détournée cette fois-ci par Roa. Leonardo Biagini et Dani, d’un contre parfaitement élaboré, ne sont ensuite pas loin de donner l’avantage à Majorque. Mais le club du Latium a plus d’armes lourdes en magasin : peu avant l’heure de jeu, Eriksson sort Stanković pour Sergio Conceição, afin de gagner en maîtrise au milieu de terrain. Roberto Mancini revoit alors le jour, et trouve plus facilement ses attaquants, même si Majorque n’en reste pas moins dangereux en contre-attaque. À la 81e minute, Pavel Nedvěd, à la retombée d’un duel initié par Vieri, pivote comme un danseur étoile à l’entrée de la surface et envoie une demi-volée millimétrée dans les filets espagnols. Majorque ne s’en remettra pas et Alessandro Nesta, le capitaine laziale, peut soulever la C2 dans le ciel encore clair de Birmingham.

La fin d’une ère

La Lazio remporte la dernière C2 de l’histoire, alors que le football européen a progressivement entamé son grand chamboulement. Le règne de l’Italie, le pays qui a remporté le plus de coupes européennes lors de la décennie 1990, est sur le point de s’achever pour laisser place à celui de la Premier League et de la Liga : entre 2001 et 2010, l’Inter et le Milan (trois C1 à eux deux), opposeront bien une magnifique résistance à la suprématie anglo-espagnole en Ligue des champions. Mais les clubs transalpins resteront impuissants en C3 (aucun trophée depuis 1999), quand les formations anglaises et espagnoles remporteront respectivement trois et neuf fois la Ligue Europa, entre 2000 et 2019.

Le sort de la Lazio, la super-puissance montante de la Serie A dans les années 1990, sera illustratif de cette mise en retrait : si le club biancoceleste est sacré champion d’Italie en 2000, il découvre que les extravagances de son président, Sergio Cragnotti, l’ont conduit à contracter plus de cent millions d’euros de dette. En 2003, ce dernier quitte le navire. La fin définitive de l’age d’or pour le club laziale, qui va probablement devoir patienter avant de regagner une nouvelle Coupe d’Europe. Reste ce doux souvenir d’été, où se mêlent les sauts de cabri de Vieri, les cheveux noirs de jais de Salas et ce but majestueux de Nedvěd. La dernière marque d’élégance d’une Coupe des coupes que beaucoup chérissent aujourd’hui comme une amulette, une relique savoureuse de l’enfance et d’un autre football qui sent bon les équipes improbables, les héros aux cheveux longs et les vignettes Panini collées au pied du lit.

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Par Adrien Candau

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