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Label Hernández

Par Maxime Brigand
4 minutes
Label Hernández

Sur le ring pour soulever le dernier ticket d'accession à la Premier League, Hull City affronte aujourd'hui Sheffield Wednesday à Wembley. Le tout avec un Steve Bruce toujours à la barre et un effectif expérimenté porté au sommet par le talent retrouvé de son buteur, Abel Hernández. Ou l'histoire d'un buteur rangé du monde de la fête.

Steve Bruce a toujours su de quoi il parlait. Lui-même se définit de la « vieille école » , celle qui « n’aime pas Internet, Facebook et Twitter » et qui préfère s’installer tranquillement dans son salon pour « dévorer un bon bouquin » . Sur le terrain, Bruce était aussi un homme convaincu par la simplicité, un adepte de la solidité dont il était la représentation aux côtés de Gary Pallister à Manchester United. Aujourd’hui encore, rien n’a changé. Son visage est toujours aussi dur, fermé, marqué et les convictions sont restées.

Derrière sa ligne, celui qui a toujours été un amoureux de Newcastle United est resté un homme attaché aux valeurs. Il a toujours appuyé là-dessus pour construire ses groupes et les emmener avec lui dans l’ascenseur. Avec Birmingham City en 2002 et en 2007 d’abord, puis avec Hull, déjà, en 2013, où il a décidé de rester pour s’imposer dans la durée malgré une relégation deux ans après la montée en Premier League. Steve Bruce s’est assagi, a compris les contours du métier d’entraîneur et est aujourd’hui à une marche de retrouver l’élite grâce en partie à un homme à qui il a réussi à injecter une confiance infinie : Abel Hernández.

La double dose

Il faut se souvenir d’Hernández, car longtemps, l’attaquant uruguayen a semblé courir derrière ses promesses. L’étiquette de son transfert qui affichait 12 millions d’euros en septembre 2014 lors de son arrivée au KC Stadium est d’ailleurs toujours un boulet lorsque l’on aborde son sujet.

Un finisseur reste un finisseur. Tôt ou tard, on savait qu’il allait enfin répondre aux attentes une fois le prix de son transfert digéré.

Le chèque était gros, la pression avec et Abel Hernández a longtemps peiné à assumer. Il y a eu une première saison compliquée en Premier League, et donc, une deuxième, en Championship, qui restera comme celle de l’éclosion de La Joya sur les pelouses anglaises : 21 buts en 41 matchs de championnat et un statut de leader enfin pris à cœur depuis le départ de Nikica Jelavić à West Ham. Cette saison, Bruce l’assume : Hull City doit en grande partie sa place en finale de Championship face à Sheffield Wednesday à son buteur. « Un finisseur reste un finisseur. Tôt ou tard, on savait qu’il allait enfin répondre aux attentes et une fois le prix de son transfert digéré, c’est ce qu’il s’est passé » , expliquait le coach des Tigers il y a quelques semaines. Au point de recevoir le titre de meilleur joueur du club de la part des supporters et de ses coéquipiers. L’art de la double dose.

Pour comprendre ce qu’a changé Abel Hernández, il faut sauter la barrière des statistiques. Dans son rôle, il a été aussi adroit que l’attaquant de Fulham, Ross McCormack. Sauf que l’Uruguayen est plus complet, plus décisif surtout et a gratté l’expression la plus répandue du championnat « Hull 1-0, Hernández » . Car ses buts sont importants là où McCormack a brillé sans réussir à élever le niveau d’un Fulham beaucoup trop faible. Cette saison, Hernández a ouvert le score plus de dix fois et a surtout réussi à étendre sa palette à un rôle de pivot en déviation de son soutien Mohamed Diamé. C’est aussi la donne de ce Hull City version 2015-16 qui semble plus armé que celui qui était monté en mai 2013 grâce à l’expérience de ses cadres (Livermore, Huddlestone, Snodgrass, Dawson, McGregor, El Mohamady), et ce, malgré la haine toujours accrue contre le propriétaire, Assem Allam, qui avait même tenté un temps de changer le nom du club.

La fin de la fête

Voilà donc où en est aujourd’hui le grand Abel à quelques semaines de rejoindre sa sélection nationale pour disputer la Copa América Centenario aux États-Unis aux côtés de Cavani, Rolan, Stuani et Luis Suárez. C’est surtout un homme enfin rangé de ses folies nocturnes qui pourrissaient ses performances du côté de Palerme, où il avait été jusqu’à se faire braquer devant le centre d’entraînement avec sa fille. Jusqu’ici, Abel Hernández aimait tout ce qui brillait, l’argent en premier lieu, au point de refuser Benfica et la C1 pour filer en Angleterre il y a deux ans.

C’était la sale image, le sale côté, celui qui avait fait cracher à Maurizio Zamparini, le président de Palerme, sa déception : « À Hull, la seule différence, c’est qu’il va gagner beaucoup plus d’argent. Il n’atteindra jamais les objectifs qu’il s’était fixés.(…)De toute façon, son aventure à Palerme était terminée. » Sauf que Bruce n’aime pas les écarts et, après les mois d’adaptation, a forcé son joueur à prendre des cours d’anglais, à se discipliner pour éviter de flinguer la carrière qu’on lui promettait. L’Angleterre et ses espaces peuvent être sa terre d’explosion. À lui maintenant de définitivement en prendre la mesure.

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