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La vie sourit enfin à Charlie

Par Romain Duchâteau
La vie sourit enfin à Charlie

Victime d'un très grave accident de voiture il y a un plus de cinq ans, l'Américain Charlie Davies était jugé perdu pour le football de haut niveau. Mais l'ancien attaquant de Sochaux, indemne, mais plus tout à fait le même, s'est durement accroché pour revenir sur les pelouses. Ce dimanche, il affronte le Los Angeles Galaxy avec le New England Revolution, en finale de MLS Cup. Inespéré.

C’est peut-être le seul privilège d’avoir vu la mort en face. Pouvoir contempler, avec cette fois un sens plus aigu de la réalité, le chemin tortueux parcouru depuis. Rien ne prédestinait Charlie Davies à devenir un survivant qui a échappé aux abîmes les plus profonds. Son histoire aux contours d’abord ordinaires a laissé place à une autre plus heurtée, presque irrationnelle. « Je n’ai plus mal, je me sens bien, je me sens heureux » , confessait-il l’air enjoué à L’Équipe, en février 2014. La joie de vivre en toute simplicité, c’est typiquement l’image laissée par le joueur américain dans l’esprit de ceux qui l’ont côtoyé. Un sourire singulier, aussi, arboré en toutes circonstances. Et cela, malgré un terrible accident de voiture survenu un soir d’octobre 2009. Une tragédie humaine, aux séquelles encore aujourd’hui palpables, transformée en miracle insensé.

Un tableau clinique effrayant

À l’heure où les hautes sphères du football français s’interrogent quant à la manière de rendre hommage à Thierry Henry, l’Amérique s’apprête à célébrer ce dimanche, de manière plus officieuse, celui qui a sans doute envoyé à la retraite le meilleur buteur de la sélection tricolore. Charlie Davies va disputer une finale de MLS Cup, alors que cinq ans plus tôt, tout laissait à penser que sa carrière était brisée. Un lointain souvenir enfoui. Le drame de sa vie, il l’a vécu lors d’un effroyable accident de la route en Virginie. Le véhicule coupé en deux après s’être encastré dans un pylône cause sur le coup la mort d’une jeune passagère de vingt-deux ans. Assis à l’arrière, Davies s’en sort miraculeusement, sans doute parce qu’il avait mis sa ceinture. Mais, au-delà du traumatisme psychologique, le bilan clinique s’avère critique : fractures au tibia et au fémur de la jambe droite, perforation de la vessie, plaies au visage ainsi qu’une fracture du coude gauche.
À l’époque, Davies est un membre régulier de la sélection américaine et évolue sous la tunique de Sochaux depuis l’été 2009. L’annonce de l’accident ébranle alors l’ensemble du club doubiste. « Je me souviens très bien de ce matin où on a appris la triste nouvelle, se remémore, la voix un brin frémissante, son ancien partenaire Benjamin Gavanon. Il y avait vraiment une atmosphère étrange. On croyait assister à une veillée funèbre. » Devant l’état physique de l’attaquant, le staff médical de la sélection des USA parle d’une période d’inactivité de six mois à un an avant d’éventuellement songer à la rééducation. Les chirurgiens qui l’ont opéré peinent, eux, à croire que la poursuite d’une carrière au haut niveau est envisageable. Pourtant, seulement quelques semaines après le drame, il se lance dans une gageure surréaliste : participer à la Coupe du monde 2010 avec la sélection.

« Les larmes aux yeux »

Sauf que son souhait ne restera qu’un doux mirage. De retour à Sochaux en mars 2010 après de multiples opérations et une convalescence dans son pays natal, l’Américain court derrière les promesses qu’il avait laissé entrevoir avant son accident (2 buts en huit apparitions de Ligue 1). « Il s’entraînait beaucoup à part au début et je me souviens notamment de lui en train de boiter. Il faisait beaucoup de biométrie, on voyait qu’il n’avait pas la même gestuelle, que les mouvements n’étaient pas évidents pour lui. Quand il jouait avec le groupe, on n’osait pas trop le toucher » , raconte Gavanon. Un constat que n’avait pas éludé le principal intéressé il y a moins d’un an : « C’était une période très dure, parce que je m’entraînais avec l’équipe, mais je n’étais pas prêt du tout. À chaque fois qu’on me donnait le ballon, je le perdais. J’entendais les coéquipiers râler. Je n’étais pas bon et je le savais. Sur le terrain, il y a comme une seconde nature qui prend le dessus, vous avez des réflexes, des intuitions. Les gestes vous viennent naturellement. Après mon accident, j’avais perdu tout ça. J’avais perdu mon instinct. Je ne pensais qu’à revenir le plus vite possible. J’étais obsédé par la Coupe du monde. Et, en fait, j’ai repris beaucoup trop tôt. » Conséquence directe de ce retour prématuré, il n’est logiquement pas retenu pour le Mondial sud-africain.

Mais l’essentiel réside ailleurs. En dépit des difficultés, Charlie renoue avec le quotidien d’un joueur de football. Une prouesse déjà inimaginable. « Il nous a beaucoup parlé de son accident et nous a montré des photos. Il avait notamment fait un book sur lui du moment où il est entré à l’hôpital jusqu’à son retour parmi le groupe, se souvient avec tendresse David Sauget, qui a connu un garçon blagueur, souriant et avec le cœur sur la main dans le Doubs. Peu de personnes auraient pu faire ce qu’il a fait, revenir au haut niveau comme ça. Il a une force mentale exceptionnelle, car il a énormément travaillé et s’est montré très dur envers lui-même. » Une détermination qui laisse également deviner une sensibilité patente aux yeux de tous. Gavanon se rappelle notamment d’un épisode qui l’a profondément marqué : « Un jour, lors d’un entraînement, on effectue une séance de frappes. Et je me souviens de la première fois qu’il a marqué, il avait les larmes aux yeux. Il avait célébré ce but comme s’il jouait en championnat. On avait tous sauté sur lui pour le féliciter. Dans ses yeux, on pouvait voir qu’il se disait :« Ça y est, je suis enfin sur le chemin de retour ». »

Retour au pays salutaire

Cet improbable comeback ne se dessinera pas en Ligue 1. Plus le même joueur, Davies choisit de revenir aux États-Unis, en Major League Soccer, là où le niveau se veut moins exigeant. Sous forme de prêt, il retrouve de bonnes sensations à DC United en inscrivant 11 buts en 26 matchs. De quoi véritablement lancer sa carrière en France ? À son retour, le départ de Francis Gillot en juin 2011, qui croyait beaucoup en lui, vient sonner le glas de son aventure sochalienne. « C’est lui qui m’avait fait venir et, quand il est parti, j’ai su que ce serait difficile pour moi, expliquait-il, lucide sur sa situation. S’il était resté, je pense que j’aurais eu ma chance. Il voyait mes progrès, il me parlait. Mais une fois l’entraîneur parti, il fallait que je quitte Sochaux. » Même si cette période fut l’une des plus lugubres de sa vie, l’Américain en garde de bons souvenirs, postant de temps à autre sur Twitter des clichés de lui maillot des Lionceaux sur le dos. Désormais au New England Revolution – après un passage anecdotique au Danemark, à Randers (juillet 2012 – janvier 2014), entrecoupé d’un autre prêt outre-Atlantique –, l’attaquant semble épanoui dans sa Nouvelle-Angleterre natale. Auprès des siens, il s’est progressivement reconstruit pour reprendre le fil d’une carrière chaotique. Éblouissant lors des play-offs de MLS, il a inscrit quatre buts en autant de rencontres dont un doublé décisif face aux partenaires de Thierry Henry en finale de Conférence Est, occultant ainsi une saison régulière au relief moins vertigineux (3 réalisations en 18 rencontres). « Franchement, c’est un bon attaquant, confie Saër Sène, son ex-coéquipier dans le Massachusetts et perdant malheureux avec les New York Red Bulls. Il a les repères, sait où se placer, sait comment demander le ballon. C’est un joueur qui connaît vraiment le football. Comme l’équipe de New England fonctionne pas mal en ce moment, il est très bien servi et sait les mettre au fond. Il est plutôt adroit devant le but, même s’il n’a plus le niveau qu’il pouvait avoir auparavant. Mais je crois qu’il fait du bon boulot, puisqu’il s’est hissé en finale de MLS Cup avec son équipe… » Voir arriver l’ancien Sochalien là où il se trouve désormais met en lumière un parcours touchant, sidérant, ébouriffant pour chacun ayant aperçu un jour son sourire. « J’en ai encore des frissons quand j’en parle, s’émeut Sauget. Personne n’aurait parié sur le fait qu’il puisse marcher et revivre normalement. C’est extraordinaire, inespéré. Un beau cadeau de la vie. » Ce dimanche, au StubHub Center, Charlie Davies aura l’occasion de sublimer un peu plus une histoire qui n’a maintenant sa place que dans un conte.

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