La Lituanie n'a pas joué de match officiel depuis l'aller contre l'Espagne à Salamanque (défaite 3-1) en octobre. Karcemarcas/Kijankas-Zaliukas-Skerla-Stankevicius/Cesnauskis-Panka-Semberas-Mikoliunas/Sernas-Danilevicus, ce sont eux les Baltes du soir. Bien installés dans leur champ de betteraves, les jaunes décident de perdre du temps dès la 14ème minute et dépassent rarement cinq touches d'affilées. En même temps, il n'y a que les Espagnols pour s'acharner à jouer court sur un champ de mines. 16ème minute, première intervention de Carbonero : « on distribue les bonnets et les écharpes sur le banc espagnol » . C'est beau une femme inquiète.
Les Espagnols ne se déconcentrent pas et s'efforcent de faire circuler le ballon. Le cuir passe par le pied droit de Xavi, heurte un protège-tibia lituanien et survole un trou en décrivant une parabole au-dessus de Karcemarcas. 18' : 1-0 sur une frappe contrée. Voilà c'est (presque) fini. Car, les taupes n'y feront rien, les Espagnols sont surdoués techniquement : très peu de déchet, quasiment aucune perte de balle et un Xavi zidanesque dans ses contrôles. Cazorla et Llorente sont les autres géants de la soirée. Llorente parce qu'il est fort, Cazorla parce qu'il est intelligent. Et puis la gonfle tourne. Moins vite, certes. Mais elle tourne.
Le Toque, un point c'est tout
En deuxième mi-temps la consigne de Del Bosque est identique : s'approcher de la surface par les côtés et frapper à mi-distance pour éviter les dernières passes, bien trop approximatives sur ce genre de terrain. Llorente pèse sur la défense centrale lituanienne et Silva remplace Villa. Mais les locaux ne renoncent pas et se piquent d'enchaîner 4, 5 puis 6 passes. C'est suffisant pour déstabiliser la défense centrale espagnole Piqué-Albiol. Stankevicius est le meilleur joueur lituanien du monde et le prouve : reprise à 30 mètres de l'extérieur du droit dans le petit filet 1-1. Mais Xavi est vexé et n'entend pas se faire voler la vedette au milieu de terrain. Le meneur de jeu espagnol fait un de ces matchs qui méritent un ballon d'or : contrôle, tête levée, passe courte, mouvement, une touche de balle dans la profondeur pour Mata (qui remplace Cazorla), centre de Mata sur Llorente au premier poteau et but csc de Kijanskas. 69ème : 2-1. Sur le terrain jauni il n'y a plus de pelouse depuis longtemps. Mais le jeu espagnol est idéologique. Le Toque et puis c'est tout.
Vers la 77ème minute, il neige sur Sara Carbonero, enroulée dans son rouge à lèvre. Mais la seleccion tient ses trois points. Certes, Javi Martinez semble un peu juste pour tenir seul la baraque dans l'axe mais le gamin de Bilbao s'en sort. Certes, Albiol-Piqué ce n'est pas ce qu'a fait de mieux l'Espagne en défense centrale, mais c'est sérieux. Certes enfin, le jeu espagnol ne change jamais mais ce soir il est efficace. 83ème minute : trois touches de balle entre Xavi, Silva et Mata à 20 mètres. Et but de Mata. 3-1. Le match se termine sur le nez qui coule de Madame Casillas et une rasade anti-UEFA de Xavi à son micro : « ici ce n'est pas possible de jouer au football » . Sauf pour lui, donc.
Thibaud Leplat, à Madrid
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.