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  • Episode 5

La malédiction de l’Atlas

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La malédiction de l’Atlas

Après avoir côtoyé les supporters de l'Atlas lors du dernier volet de notre série, rendez-vous en terrain beaucoup plus feutré avec un dirigeant des Rojinegros, pour mieux comprendre comment élitisme et lose peuvent si bien se conjuguer.

Un peu d’histoire pour commencer. Frustré de ne plus pratiquer le football qu’ils avaient découvert dans les « College » anglais, un groupe de jeunes gens de la haute société de Guadalajara fonde le Club Atlas en 1916. Assister à une partie des Rojinegros se veut alors un acte de distinction sociale pour la bourgeoisie tapatia (nda : de Guadalajara), un moment pour faire valoir son statut. Pénétrer sur les installations du Club Atlas aujourd’hui, c’est toujours plonger dans un environnement intrinsèquement upper-class. Sol en marbre, palmiers, piscine XXL, parc à la végétation choyée, et ciel bleu de carte postale : bienvenue à Palm Springs. En contrebas, un terrain à l’herbe prospère, lieu d’entraînement des Rojinegros, très loin de l’ambiance populaire du Stade Jalisco. Émanation de l’élite de la ville, l’institution Atlas ne se réduit pas à son club de foot. Il n’en est que l’une des cinq entités, et coexiste notamment avec un country club et une section multisports…

Peuplée de riches entrepreneurs et de descendants des plus beaux lignages de la région, l’assemblée des 125 socios qui commandent aux destinées des Zorros, ne représente pourtant pas une garantie de prospérité pour les finances du l’Atlas. A l’inverse, seul pensionnaire du championnat mexicain à batailler avec un statut d’association civile, le bijou des grandes familles ne peut compter sur l’appui d’une grande entreprise. « En termes de budget, nous nous situons entre la 14e et la 17e place » assure Victor Flores Cosio, directeur de la commission football et haut dirigeant du club, rencontré dans les coquets bureaux de l’Atlas. « Notre économie dépend quasi uniquement de nos ventes, précise-t-il, et cela constitue un gros handicap, car quand il manque quelques millions de pesos pour conclure une opération, nous ne pouvons compter sur aucun soutien extérieur » .

Ce manque de ressources fut d’ailleurs à l’origine du tournant de la formation pris il y a près d’un quart de siècle par le club et qui fait aujourd’hui sa réputation. « C’était un choix fait par nécessité » désenchante d’entrée Flores Cosio. « Pour rivaliser avec les grandes écuries, il s’agissait de la seule option viable : investir dans des installations et des entraîneurs, plutôt que dans des recrues » . L’Atlas débauche ainsi Marcelo Bielsa au début des années 90 pour produire de la pépite en batterie. « Il a structuré la cantera de manière plus professionnelle, son travail se reposait sur des bases scientifiques et Lavolpe a récolté les fruits du travail » . En 1999, le moustachu argentin fut le dernier entraîneur à amener l’Atlas en finale du championnat, avec Rafa Marquez en représentant de luxe de la cantera. L’ex-Barcelonais quittera le club à 19 ans.

Pour nombre de supporters, l’Atlas est avant tout un bon négoce pour ses dirigeants. Ils seraient les premiers bénéficiaires des transferts des jeunes pousses, dont plus d’une vingtaine peuplent les effectifs des autres clubs mexicains. Pourquoi avoir, par exemple, vendu à l’inter-saison le jeune Torres Nilo, seul Atlista à avoir fait le voyage en Afrique du sud avec El Tri ? « Le conserver aurait retardé la maturation de Darwin Chavez, assure Cosio Flores, un joueur qui, je te parie, sera titulaire de la sélection lors de la prochaine Coupe du Monde » . Le directeur de la commission football concède toutefois avoir été contraint de vendre des joueurs contre leur propre intérêt pour renflouer les caisses du club. « On veut notamment se transformer en société anonyme pour éviter ce genre de contraintes » .

Reste que, aussi limités soient les moyens de l’Atlas, le club jette parfois les pesos par les fenêtres. 
Autant que la qualité de sa formation, les recrues bidons sont une autre spécialité du club. En 2005, les dirigeants rojinegros se décidèrent ainsi pour une recrue helvétique… Défenseur des Portugais de Belenenses, Alessandro Mangiarrati ne jouera qu’un seul match, lors duquel il sera expulsé. Il s’en ira après cinq journées et joue aujourd’hui à Bellinzona, en D1 suisse. Plus près, lors du tournoi de fermeture 2010, l’attaquant brésilien Romulo Marques se blessa dès son premier entraînement et ne revêtit le maillot rojinegro que lors de la 14e journée. Il est depuis porté disparu.

L’année prochaine, l’Atlas soufflera les 60 bougies de son seul et unique titre. Un jeûne record pour le football mexicain. L’institution qui depuis ses premiers pas avait pour devise de « toujours bien jouer » se contente aujourd’hui de « mettre des buts même si la manière n’y est pas » concède son directeur de la commission football. Lors de l’actuel tournoi d’ouverture, les Rojinegros, englués dans les profondeurs du classement, ont déjà changé trois fois d’entraîneur (légende de l’ennemi chiva, Benjamin Galindo est aujourd’hui en poste). Une tradition subsiste toutefois, le peu de pitié de l’équipe pour le cœur de ses supporters. Maîtres du suspens, les Zorros ne cessent de faire et défaire le sort des matches lors des cinq dernières minutes. Au Mexique, on parle de victoire ou de défaite « al estilo Atlas » . « Il se dit qu’aucun supporter rojinegro ne mourra d’un infarctus » conclut Cosio Flores.

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

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