- Serie A
- Lazio/Juventus (0-1)
La Juve punit la Lazio
La Lazio a dominé l'intégralité du match, et la Juve, à trois minutes du terme, a puni son manque de réalisme. Les Turinois reviennent dans la course à la Ligue des Champions. Les Romains, eux, se mettent dans une belle merde.
Lazio Rome – Juventus Turin : 0-1
But : Pepe (87eme)
Si l’on voulait expliquer à un enfant de cinq ans ce que signifie le terme « hold-up » en football, on lui montrerait le match entre la Lazio et la Juventus. La Lazio a joué. Dominé. Tenu le ballon. Tenté à gauche. Tenté au centre. Et la Juve s’est contentée de gagner. A l’ancienne. Comme elle savait le faire à la belle époque. Avec un bon vieux but de Pepe à trois minutes du coup de sifflet final, histoire de bien crucifier son adversaire. Les chiffres suffisent à résumer la partie. 61% de possession de balle pour les Romains, 16 tirs à 5. Et pourtant, 1-0 pour la Juventus. C’est la cruelle loi du football. Avec cette victoire inespérée, la Vieille Dame se permet même le luxe de se relancer dans la course à la Ligue des Champions, en revenant à quatre points de la Lazio qui, malgré la défaite, reste quatrième. Ils sont désormais quatre (Lazio, Udinese, Roma et Juventus) à se disputer l’unique billet disponible pour la qualification à la Ligue des Champions. L’autre nouvelle du soir, c’est que grâce à la défaite des biancocelesti, le Napoli est mathématiquement qualifié pour la Ligue des Champions. Ca va faire la fête à Naples cette nuit. Peut-être même plus qu’à Turin. Et sans nul doute plus qu’à Rome.
Dès le début de la rencontre, la Lazio affiche ses intentions. Au bout de deux minutes, les laziali ont déjà frappé deux fois au but par Zarate et Hernanes. En l’absence de Mauri, suspendu, le jeu des locaux passent essentiellement par les deux sud-américains. La défense de la Juve semble néanmoins bien en place, et Buffon ne court aucun risque dans la première demi-heure. Côté Juve, Matri et Del Piero sont trop isolés en pointe, surtout que le ballon ne dépasse quasiment jamais le milieu de terrain. C’est éloquent : la Juve est venue à Rome pour prendre un point. Celui du 0-0. Mais à la demi-heure, la Lazio passe à la vitesse supérieure. Brocchi expédie une tête juste à côté, et dans la foulée, Floccari bute sur Buffon, qui repousse sa frappe croisée. La domination est là, mais trop stérile. En toute fin de mi-temps, c’est même la Juve qui est proche d’ouvrir le score. Lichtsteiner remet en jeu Matri, qui était hors-jeu au départ de l’action, mais Muslera sort le grand jeu sur l’ancien attaquant de Cagliari. « Ca aurait vraiment été un hold-up » s’exclame-t-on dans les travées du Stadio Olimpico, bien rempli, pour une fois. On ne croyait pas si bien dire.
La Juventus revient en seconde période avec de nouvelles intentions. Grosso semble tout de suite plus percutant, tout comme Pepe, qui monte de plus en plus. Mais c’est un feu de paille. Le présumé réveil turinois ne dure que 10 minutes, et les locaux reprennent les choses en main. Brocchi, quasiment le plus dangereux des siens (c’est dire la tristesse des attaquants), envoie un missile en demi-volée tutoyer la barre de SuperGigi. A la 65ème minute, l’un des épisode-clefs du match. Brocchi sert Floccari, qui passe dans le dos de la défense turinoise : l’attaquant se fait faucher par Chiellini. Penalty? Non. Même la grand-mère de Chiellini l’a vu, ce péno. Mais pas l’arbitre, qui laisse jouer. Moggi, es-tu là ? L’injustice réveille le stade, qui se met à inciter les siens. Les attaques se font de plus en plus oppressantes : Hernanes envoie une cacahuète que Buffon repousse. Une minute plus tard, Zarate ne réussit pas à pousser le ballon au fond des filets à deux mètres du but. Trop d’occasions ratées. Ca sent le roussi. A dix minutes du terme, le capitaine Ledesma laisse ses coéquipiers à 10 pour une faute grotesque au milieu de terrain. Deuxième jaune, ciao. Edy Reja, le coach, perd un peu les pédales et fait sortir Zarate, sous les huées du public qui désapprouve le choix. La Juve se met à y croire : et pourquoi pas ne pas profiter de ce petit moment de faiblesse ? Si tôt dit, si tôt fait. Coïncidence ou non, une minute après la sortie du numéro 10 argentin, la Juve fait trembler les filets. Salihamidzic, entré à la place de Motta, centre pour Pepe, dont la frappe est détournée dans ses propres filets par Scaloni, lui aussi entré depuis peu. 1-0. L’Olimpico est gelé. Reja fait rentrer le géant Kozak. Mais il est trop tard. Le train est déjà passé.
Comme au match aller, les bianconeri ont donc frappé en fin de rencontre. Là où ça fait mal. Lorsque ça fait mal. Les tifosi romains, médusés, ne savent même plus s’il faut siffler ou applaudir. Leur équipe se complique la vie, et va désormais devoir aller gagner sa « petite finale », face à l’Udinese, la semaine prochaine. Luigi Del Neri, lui, sait ce qu’il doit faire. Il va féliciter ses joueurs, toute la nuit même, s’il le faut. Car la Juventus, malgré ses défauts et ses carences, est bien là. A quatre points d’un rêve impossible nommé C1.
Eric Maggiori
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