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La Gate 4 du PAOK à Roudourou : Kamoulox !

Par Régis Delanoë
5 minutes
La Gate 4 du PAOK à Roudourou : Kamoulox !

Pour sa première en phase de poules d'une compétition européenne, l'En Avant de Guingamp a été gâté. Deux semaines après un déplacement classieux au stade Artemio Franchi de la Fiorentina, les Bretons accueillent le PAOK Salonique, actuel leader du championnat grec, soutenu par les supporters parmi les plus respectés dans le milieu ultra. Près d'un millier de membres de la fameuse « Gate 4 » devraient être présent au stade de Roudourou ce soir. Tremble, Kop Rouge !

Ce jeudi soir, devant son fervent public du stade de Roudourou, l’EA Guingamp affronte le PAOK avec déjà l’obligation d’obtenir un résultat positif pour rêver de qualification. Lors de la première journée, les Bretons se sont inclinés lourdement face à la Fiorentina, au stade Artemio Franchi (3-0). Une défaite sévère, mais la logique a été respectée. Rien d’inquiétant donc a priori : derrière les Italiens, la deuxième place du groupe devrait se jouer comme prévu entre le PAOK, le Dynamo Minsk (victoire 6-1 des Grecs face aux Biélorusses il y a deux semaines) et l’EAG. Des Guingampais en mal de points et de confiance dans le championnat domestique, où ils occupent désormais la dernière place après trois défaites frustrantes de rang, à l’issue desquelles Jocelyn Gourvennec a préféré accuser les arbitres de mal faire leur travail – et c’est vrai qu’il y a de quoi s’agacer – plutôt que de pointer du doigt les carences de son équipe dans l’animation offensive et l’efficacité devant le but. L’enjeu sportif est donc assez simple : les Guingampais veulent s’imposer ce soir pour rester dans la course à la qualification et se rassurer, tandis que les Grecs veulent réussir un « coup » à l’extérieur en obtenant une deuxième victoire, eux qui viennent de passer seuls leader de leur championnat. En clair, ce soir verra la confrontation entre des locaux fébriles en manque de confiance et des visiteurs en pleine bourre.

Nous contre le reste du monde

Voilà pour ce qui est du rectangle de pelouse. Mais le principal objet de curiosité de cette rencontre va se trouver dans les tribunes du stade de Roudourou, et plus particulièrement au niveau du parcage visiteurs. Celui-ci devrait déborder de fans du PAOK fous furieux et on souhaite bon courage aux CRS des Côtes d’Armor et au service d’ordre de l’enceinte guingampaise pour les canaliser avant, pendant et après le match. Car les zigotos débarquant en nombre – 600 sont annoncés, ils pourraient être plus nombreux – ont la réputation d’être parmi les plus chauds bouillants de la planète foot. Ils viendront de Thessalonique – plus communément appelée Salonique –, mais aussi d’un peu partout en Europe : d’Allemagne, des Pays-Bas, de Belgique, de Suisse. Le peuple du PAOK est un peuple d’émigrés, c’est dans son ADN. En 1926, le club est officiellement créé par des membres de la communauté des Grecs pontiques originaires d’Istanbul et ayant fui la guerre gréco-turque qui a éclaté au lendemain de la Première Guerre mondiale. Près d’un siècle a passé depuis ces événements, mais le sentiment « nous contre les autres » subsiste encore chez nombre de fans du PAOK. Nous contre les partisans de l’Aris Salonique, l’autre grand club de la ville et éternel rival. Nous contre le peuple de la capitale Athènes et ses puissantes formations : l’Olympiakos, le Panathinaikos et l’AEK. Pour les équipes de province comme le PAOK, il a longtemps fallu se contenter des miettes. En 1976 néanmoins, l’Aigle à deux têtes (le symbole du club, représentant sa domination sur les deux continents de l’ex-Empire byzantin) conquiert son premier titre national. La même année, la Gate 4 est fondée par un groupe de supporters. Elle n’a depuis cessé d’exister et sa réputation est allée en grandissant à mesure de ses nombreux coups d’éclat.

Fumigènes et anchois

Les occasions de fêter un titre sont pourtant rares au PAOK. Un deuxième championnat a été remporté en 1985, et depuis rien ou presque. Deux coupes nationales en 2001 et 2003 (après celles de 1972 et 1974), quelques places d’honneur, une poignée de participations aux compétitions européennes et c’est tout. Si le PAOK est célèbre et craint, c’est moins pour ses résultats sportifs que pour la réputation de ses fans, qui mettent régulièrement le feu – littéralement ! – à domicile au stade Toumpa. En avril dernier, lors de la réception de l’Olympiakos en demi-finale de la Coupe de Grèce, plusieurs centaines de fumigènes sont allumés partout en tribunes à l’entrée des joueurs, puis les fans les plus hardcore décident de balancer sur la pelouse une quantité industrielle d’anchois, le surnom des adversaires. Résultats : un coup d’envoi retardé d’une heure et un match sous très haute tension, terminé à 9 contre 10, avec en plus 12 cartons jaunes distribués, une bagarre entre joueurs, près d’un quart d’heure d’arrêts de jeu et pour finir la victoire 1-0 et la qualification pour le PAOK !

Guerre ouverte contre Aube dorée

Et il n’y a pas qu’au stade Toumpa que les membres de la Gate 4 sont à l’aise. Ils remplissent régulièrement les parcages visiteurs adverses et n’hésitent pas à donner du coup de poing dans la rue pour défendre l’honneur de leurs couleurs, le noir et le blanc. Il y a un an, ils avaient ainsi osé s’attaquer au siège local d’Aube dorée, le parti néo-nazi grec à la progression fulgurante en ces temps de crise, pour laver l’honneur d’un membre de l’effectif du PAOK. Quelques jours auparavant, les dirigeants d’Aube dorée à Salonique avaient fustigé le dénommé Ergys Kaçe, un joueur du club, de nationalité albanaise, qui s’était affiché sur son compte Facebook avec un T-shirt à l’effigie de l’UCK, l’armée de libération du Kosovo. Ils sont comme ça, les gars de la Gate 4 : bien que proches des Grobari, le groupe de supporters ultranationalistes du Partizan Belgrade, dont des encartés ont été jugés responsable de la mort du Toulousain Brice Taton en 2009, ils n’hésitent pas non plus à déclarer la guerre à l’extrême-droite locale, du moment qu’il s’agit de défendre le PAOK. Un club au-dessus des considérations politiques. Au-dessus de tout. Au-delà de la raison.

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Par Régis Delanoë

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